Le tapis roulant, ce mal aimé à aimer.

Dire que vous faites du tapis roulant, c’est comme annoncer une intolérance au lactose, un grand nombre d’entre vous fera des commentaires, parce que c’est comme ça. C’est effectivement un rendez-vous avec votre volonté à réussir. L’home-trainer avait aussi cette mauvaise presse, mais depuis l’apparition de Kinomap, Zwift, Trainerroad ou sufferfest, les choses ont rapidement changé. Cela démontre l’intérêt de vous distraire et de trouver des moyens de vous motiver.

Dans un ancien numéro du magazine américain Running Times, il proposait un dossier assez complet sur l’utilisation de cette machine et le type de session à faire. Malgré sa mauvaise réputation, il est un incontournables pour les meilleurs coureurs pour plusieurs raisons qui sont plus qu’évidentes et pourtant assez méconnues.

On n’a pas toujours une piste de 400m sous la main ou encore des routes qui ne sont jamais glacées. Aussi, tout comme le home-trainer, pour s’entrainer chez soi permet de faire des entrainements de qualités en maximisant sa disponibilité pour sa famille. Ceux qui courent à 5h du matin avant que la maison se lève se retrouvent très souvent en avant.

Alors voici quelques-unes des forces du tapis.

Une rendez-vous avec une foulée économique. Le tapis allant à une vitesse constante, en vous concentrant à faire le moins d’effort possible, vous êtes tout simplement en recherche d’un geste moins taxant et donc plus économique. Le tapis offre aussi des indications sur vos oscillations horizontales. Si restez au centre du tapis est un obstacle, votre foulée n’est pas balancée. Soyez ingénieux, vous pouvez utilisez une lampe de poche pour créer une ligne imaginaire. Elle vous permettra d’avoir de créer des repères sur votre réception.

Monter pour ne jamais descendre. Certains progrès peuvent être observés chez un coureur en faisant des répétitions en montée. Cela à l’avantage de faire travailler la puissance en réduisant les impacts. Cela aussi un intérêt biomécaniquement parce que cela force les appuis à être sur l’avant du pied. Généralement, certains coachs n’aiment pas trop donner ces exercices parce que cela est suivi par des descentes ou parce qu’elles ne sont pas toujours disponibles. C’est d’ailleurs deux spécificités que les triathlètes devraient travailler à cause de profils non plats que l’on retrouve en course. Apprendre à mieux absorber cette surcharge momentanée au niveau du coeur et surtout développer une technique adéquate pour ces 2 conditions.

Un tapis c’est doux. Courir sur un tapis, c’est beaucoup plus doux que courir sur l’asphalte (dépendant de la qualité de votre tapis). Encore une fois, si vous n’avez pas de piste de 400m ou des sous-bois proches, il n’y a pas d’équivalent. Certains coureurs ont de la difficulté à monter d’un plateau leur kilométrage hebdomadaire, le tapis peut donc vous aider. Évidemment, vous pouvez utiliser des chaussures plus absorbantes, courir dans l’herbe etc… Mais sachez que l’absorption de cette machine vous permettra de courir en racing flat ou racing everyday sans problème (gabarit >70 kg) et quelques soit la séance. Généralement, un coureur aura tendance à mieux courir sur un tapis à cause de l’environnement, le tapis limite l’envie de poser le pied trop en avant et son amorti facilitera une foulée médio si vous la maitrisez technique. En contrepartie, le tapis à l’inconvénient de ramener le pied vers l’arrière (rotation de la ceinture), cela aurait un impact sur certains muscles.

Un tapis pour prendre mieux conscience de sa biomécanique. Des spécialistes déconseillent l’usage abusif du tapis à cause d’une monotonie dans les appuis ou il est important de changer le mal de place. Cela n’est pas totalement faux, par contre le tapis permet aussi de développer une meilleure prise de conscience de sa biomécanique. Il existe plein de repères qui peuvent vous aider. Vous faites du overstriking (pied trop en avant lorsqu’il atterri) courez plus proche de la console et comme par magie, ce défaut s’atténuera. Aussi, le tapis permet de juger à quel point vous courez balancé…  Si vous baladez, un coup à droite un coup à gauche… Vous pouvez aussi utlisez une craie pour faire une ligne dessus. Vos pieds devraient toujours réster de leur coté réciproque. Vous pouvez aussi utilisez un mirroir sur le coté pour observez votre mouvement.  Un des aspects que j’apprécie du tapis est le “feedback” au niveau du bruit. Pour limiter les choques et pour courir léger, il est important de ne pas rebondir (oscillation). Le bruit qu’on fait à chaque appui est un excellent indicateur. Vous pouvez aussi utilisez un métronome pour caler votre foulée sur la cadence souhaitée.

15 commentaires
  1. Bien joué, je suis surtout d’accord avec le point que c’est dur sur le moral. Plus on se fait mal en entraînement, plus la compétition est facile. Train hard, race easy (c’est pas un proverbe éthiopien?) Si tu cours « pour le plaisir » ça n’a pas sa place. Par contre, si tu cours pour les performances, tu te dois de te bâtir un mental d’acier et un excellent moyen, c’est certainement le tapis roulant. Training du mental: session d’intervalles longs du style 4 x 3000m, sans musique, sans ventilation, sans vidéo, juste toi devant un mur sur ton tapis roulant. Après ça tout devient plus facile.

    1. Et là nous entrons dans le domaine de ce que mon ami Paul Newsome commentait récemment, suivant son entraînement/performance lors de la traversée de la Manche: « Sometimes, a dead brain is a good brain ».

      Très difficile à représenter dans la vraie vie, mais dans le cadre de son entraînement pour cette éprouvante étape de sa vie (il a mis 12h à traverser la putain de manche en raison des conditions météo, et a du dépasser 70k de natation semaine pour s’y préparer), il a appris à carrément mettre son cerveau à off à l’entraînement pendant ces entraînements interminables et dénués de toute forme d’agrément.

      Autrement dit, tu te présente sur le bord de la piscine, tu as un test de 10k à faire, put your brain to off, book the damn test and then switch your brain back to on.

      Cette notion est évidemment contestée, surtout par les experts en psychologie. Mais sans ça j’aurais du mal à expliquer les tests de 15-25k qu’on faisait subir aux nageurs de distance du temps où j’était au R&O.

      Un 25k prends 6heures.

      1. Se mettre en « mode Off », c’est entrer dans une forme de méditation et de contrôle des pensées, non ? Je ne vois pas ça comme une déconnexion du cerveau mais comme la prise de contrôle de celui-ci. J’imagine (c’est aussi une question).

  2. Je me suis posé la question quant à l’origine de cette citation fascinante (en tout cas, moi elle me fascine).

    « A dead brain is a good brain » est une citation de Philip Rush, l’actuel détenteur du record pour la triple traversée de la Manche, réussie en 28h et des poussières.

    On retrouve entre autre cette citation dans ce document ici:
    http://www.swimsmooth.com/downloads/SwimSmooth-H2OpenOctNov.pdf

    Et une explication plus détaillée dans cette entrée de blog là:
    http://www.feelforthewater.com/search?q=brain

    Charles

  3. Et les séances ? Quelles sont celles dont vous pensez avoir tiré le plus de bénéfice grâce à votre tapis ? Des séances magiques ?
    Je suis toujours à la recherche de LA séance HT et maintenant Treadmill qui permettrait de progresser sérieusement et sereinement. Bien que je ne sois pas convaincu que de telles séances existent, cela me permet d’effectuer ces séances sans télé et de m’enfermer dans mon garage chaque semaine plein de détermination. Mais sans musique, il ne faut pas exagérer non plus !

  4. C’est un superbe outil. Pour celui qui travaille tard tout en se levant tôt comme moi et qui doit beaucoup travailler son vélo en raison de son faible niveau, le tapis est magique. La séance est facile à faire le soir tard, après le HT.

    Il me reste à trouver les séances clés mais après 4 semaines je cours déjà plus vite à l’extérieur, test MAF à l’appui.

    Sans musique cela doit être difficile mais sans télé, cela ne pose pas de problème. Néanmoins, mes séances ne sont pas très longues – 1:00 max-.

  5. Bonjour Alex,

    Y a t-il moyen de mettre la main sur cette article dont tu fais référence. (Genre le mettre sur le forum)

    Même si je possède un tapis roulant et que je l’utilise à 100% pour mes courses durant l’hiver, je déteste le tapis roulant. Je déteste les perceptions que j’en retire. Elles sont pour moi complètement différente de courir à l’extérieur.

    Je persiste à croire qu’il est largement préférable de courir a l’extérieur.

    Cette article résume parfaitement ma pensée à ce sujet quand au perception générale ressenti sur le tapis roulant et le pourquoi je ne suis pas un fan.

    http://runnersconnect.net/running-training-articles/treadmill-running-easier/

    Qu’est ce que tu en penses?

    1. C’est un excellent article. Je crois aussi que le tapis est plus dur parce qu’on s’est conditionné… on a toujours peur d’augmenter la vitesse etc… cela m’a pris du temps pour accepter que la vitesse affichée était la bonne.

      J’imagine que le manque de distraction, le vent, joue pour beaucoup.

      Mais je sais que si tu me mets sur un tapis sans musique, ou télé, je suis incapable… par contre avec de la musique, ca va très bien se passer!

  6. Le probleme avec les tapis roulants est la difficulte a reproduire des accelerations, sans que ca deviennent un sport extreme.

    Je ne sais pas pour vous, mais faire des intervalles sur un tapis est quelque fois casse cou. Existe-t-il des modeles qui ont des intervalles programmes ou bien que c’est facile de modifier la vitesse?

    1. @ericCont, selon le modèle de tapis, tu peux programmer 2 vitesses (jog et run) pour faire tes intervalles avec changement en appuyant sur un bouton. À mon gym, je peux programmer le temps ou distance, l’inclinaison et la vitesse de mes intervalles. Il ne reste qu’à appuyer sur démarrer et tu ne touches plus à l’écran. Beaucoup moins complexe que de les faire à l’extérieur en regardant ta montre gps si tu n’es pas sur une piste de 400m.

  7. Intéressant comme article. Je coure depuis plusieurs années, hiver comme été à l’extérieur. Mais j’ai des jeunes enfants et ma conjointe étudie à l’université 2 soirs semaine sans compter mes propres activités. J’arrive à 3 sorties par semaine, d’une heure maximum et 1 la fin de semaine plus longue.

    Je veux augmenter mes Km ,car j’aimerais me lancer dans des plus longues distances et surtout du trail.Mais je ne vois pas comment le faire sans ajouter un tapis pour les soirées ou je ne suis en mesure de sortir. Évidemment , je veux continuer à sortir dehors, il n’y a rien qui peut remplacer ça!

  8. Intéressant… Ca peut être pas mal aussi quand on habitent une grande ville et qu’il n’y a pas forcément de parcs à proximité (Paris…)
    Est-ce qu’il y en a qui font du tapis roulant en appartement ? Qu’est ce que ça donne niveau nuisances sonores ?