Un triathlète à la découverte de l’athlétisme québécois.

Comme vous devez le savoir, cette année, j’ai décidé de porter les couleurs de Montréal Endurance. C’est un club ambitieux/DIY/motivé/compétitif  pour les bonnes raisons et qui abrite des coureurs de tout type , cela devrait en inspirer plus d’un.

En m’engageant avec eux, j’ai la chance de découvrir un nouvel univers. En fait pour être honnète, plus j’écris sur le triathlon et plus je veux aller voir ailleurs. Cela ne signifie pas que je suis en procédure de divorce mais plus dans l’age de la raison. Pourquoi s’entrainer autant pour 3-4 compétitions avec des week-end avec des couts prohibitifs surtout quand on est un jeune père de famille. Se dire qu’il faudrait dépenser pour 5000$ de matériel vélo pour ne pas être désavantagé, c’est quelque chose qui devient difficile à avaler.

Alors, voila, il y a quelques semaines, j’ai su que j’avais été inscrit au Championnat provincial intérieur d’athlétisme pour courir le 3000m. Et badaboom, une multitude de question me frappent la tête, Ah, je peux faire ca moi? Mais je vais me faire ridiculiser? Ca me prend des spikes? Est-ce aussi hermétique que le cyclisme?

J’ai annoncé a quelques amis que j’allais courir le 3000m, généralement, mes chers amis triathlètes commentent en disant, ouin c’est nul, t’as pas mal après, t’es pas dans la souffrance extrême… Ou le fameux, tu te déplaces pour ca??? On est toujours dans le cliché que la valeur de l’effort est en fonction du nombre de kilométrage. Ces gens là n’ont jamais couru un kilo en 3 minutes.

Effectivement, 260km de voiture suivi d’une longue journée passée à l’aquarium de Québec à étudier la technique du phoque afin de me rendre compte que tout est dans le gras et à faire du tourisme au Centre ville de Québec avec un bébé qui exprimait son appartenance à Montréal, il faut être un peu fou. Mais quoi de mieux qu’une visite dans la mecque du sport, soit l’université Laval, dont je comprends mieux pourquoi la raison de la concentration des meilleurs triathlètes québécois à ce complex.

Et alors? Bah ce sont les championnats Québécois, il y a de l’activité un peu partout. La bonne nouvelle est que les juniors sont bien représentés, la mauvaise nouvelle, c’est qu’après l’université, on dirait que les coureurs disparaissent. Est-ce que l’athlétisme fait partie de ces sports qui deviennent trop durs à partir d’un certain  age. Un peu comme la natation ou la gymnastique, après 25 ans tu es bon à jeter. On ne sait pas, mais le sport est pourtant très accessible et ouvert. Je ne sais même pas combien coute l’inscription parce que c’est mon club qui l’a payée. Des spikes, cela coute 70$, c’est d’ailleurs la seule paire de chaussures que tu trouves au même prix au Canada qu’aux État-Unis.

Chez Trimes, on aime la souffrance, mais de plus en plus, on voit la compétitivité differement. On s’en fout de notre classement, on veut juste atteindre notre limite, se lancer des nouvelles étapes sans se mentir. Courir le plus vite possible en se donnant les vrais moyens. On fait cela pour nous. Il peut y avoir 2 personnes ou 200 000 sur le bord de la route… On s’en fout, ce qu’on veut c’est d’avoir des compétiteurs qui vont nous pousser à nous dépasser et basta. Et ouais, on est des égoistes, nos courses, nos résultats, c’est juste pour nous.

Enfin, ce n’est pas le sentiment de tout le monde puisque pour le 3000m, il n’y avait que deux vagues. Ouais, même pas 16 athlètes, si tu retires les coureurs universitaires, on est 4 coureurs (dont 2 maitres). Cela ne signifie pas que le niveau n’est pas là, mais plus le fait que des coureurs ne doivent pas tirer de satisfaction de courir un 3000m et pourtant.

Moi, syndicaliste du sport, je réclame trop souvent des conditions de courses justes et accessibles à tous, j’étais comblé. Exit les problèmes de drafting, de parcours surpeuplés… Une piste avec 7 adversaires, une paire de spikes à 70$ ou tu as cette impression de “courser”. Quel extase de gagner place par place, de ne pas lacher le coureur en avant de toi… De faire une course avec l’impression d’avoir tout donné, enfin presque.

Même si je n’ai pas eu la course de ma vie, malade depuis quelques semaines, longue journée et un manque de spécificité pour cet exercice, je crois n’avoir jamais pris autant de plaisir en course. D’ailleurs, en athlétisme tu apprends rapidement que quelque soit la distance, tu arrives toujours court… Que ce soit le 300m, ou 3000m, la fin se fait toujours à l’arrache. Avant le départ, j’avais une peur bleue de me faire lapper, de totalement exploser sur la fin puisque le but du jeu est de courir à la limite et de tenir bon jusqu’à la fin.

C’est peut-être ça la leçon, à force de faire du long, on veut tout maitriser et se “pacer”… C’est la course du plus sage et trop souvent du plus malin (drafting). Pour une fois, tu peux courir et te dire que tout le monde était égal, c’est drolement rafraichissant et pourtant si méconnu.

20 commentaires
  1. Bravo! ça c’est ce qu’on appelle avoir l’esprit sportif!
    Honneur à vous, continuez……

  2. « Se dire qu’il faudrait dépenser pour 5000$ de matériel vélo pour ne pas être désavantagé, c’est quelque chose qui devient difficile à avaler. »
    Je suis en accord avec ton article en général (et je t’accorde que ce n’est pas le sport le plus accessible), mais pas ce point. Je pense que le chiffre est plus 1500$ pour ne pas être désavantagé, tout compris (casque aéro, roues, bike, etc…). Un P2 alu avec des flashpoint, souliers et un casque aéro, c’est assez. Le reste, c’est des guirlandes.
    Les gens semblent tombés dans la démesure. On doit tout pouvoir mesuré, avoir des super bike monté en électronique, super roues, powermeter et pleins de cochoneries. Rien de cela n’est nécessaire.. même pas pour performer! Quelques exemples : Philipe Tremblay et Francis Lefebvre n’ont pas de powermeter (à ce que je sache du moins). Mohamad à un bike sortis tout droit des vidanges, avec un gruppo d’une marque inconnu (pas shimano, ni campy, ni sram, ni…). Ces 3 gars-là coursent élites pourtant! Pas besoins d’un vasa, de 3 bikes et un tapis roulant pour pouvoir faire du triahtlon. T’as juste besoins : d’un coach (idéalement), un accès à une piscine avec un peu de disponibilité (maillot, lunettes + wetsuit pour les races), un bike + souliers + casque (un vélo de route avec des clip on ça fait la job en masse), des souliers de course, d’une montre chronomètre; mais surtout, d’une grosse paire de couille. Tout le reste, c’est du superflux. Oh ça risque de te prendre quelques bidons aussi, et des vêtements de sport. Si t’as un petit lousse, tu peux t’acheter un trainner (ou des ski de fond) pour pouvoir faire du bike l’hiver.
    Je ne suis certainement pas un exemple concernant le matériel, parce que je t’accorde que j’en ai pas mal. Par contre, je sais aussi que rien de cela n’est essentiel pour performer; et que je pourrai faire aussi bien (p-e même mieux) sans. Il s’agit d’être astucieux dans ces choix et de dépenser intelligemment…

    1. Il y a effectivement un entre deux entre le 5000 et le 1500$.

      Pour Francis, Philippe and Co, cela reste de l’ITU, course avec drafting ce qui signifie qu’il n’y a pas de stratégie de pacing. Pour Mohamad, ton exemple est mauvais parce qu’il disait justement que cela l’empêchait de bien performer.

      Il y a effectivement une démesure dans le materiel mais c est simplement parce que le sport du longue distance a été « marqueté » comme cela. Tu peux effectivement te débrouiller pour que ton materiel te coute moins cher, mais cela sera a toi d’accepter l’handicap sur du materiel plus performant, meme si la différence est minime, elle existe.

      Les frais d’inscriptions a 700$ pour un ironman cela veut tout dire… ou les 10km à 75$…

      1. Selon moi le principal avantage du powermeter est dans l’entraînement, être dans des zones spécifiques, marquer sa progression; et non pas pendant les races (surtout pas en ITU, où tu dois suivre le pack peu importe ce qui arrive). C’est comme courir sur une piste avec une monte GPS en te disant que tu vas respecter tes paces pendant la race. Non, tu serres les dents et tu t’accroche!! Ta montre, tu la sort en entraînement par contre…
        Même si Mohamad se disait désavantagé, il était tout de même capable de bien performer avec un bike de merde. C’est vraiment un cas extrême, et tu as raison qu’il était désavantagé. Mais son bike valait 20$ à tout casser. Avec un vélo à 1000$, il aurait été le plus heureux au monde.
        Mais tu as raison pour le coût des courses. La course à pied s’en vient de plus en plus dispendieuse aussi. Il reste les courses de vélo (en général) et le cyclocross qui sont encore très abordables. En plus, l’ambiance dans une course de CX est vraiment différente; biens qu’il s’agit d’un effort vraiment all out, j’ai l’impression que les gens s’amusent plus (après); l’ambiance est plus relax. On va prendre une bière ensembles et regarder les autres classes…

    2. re : « mais surtout, d’une grosse paire de couille »

      Euh, je pense que tu viens de souligner le plus gros problème de stéréotype triathlète.

      Les athlètes de sports unique ne se fouttent pas de la gueule des triathlètes pcq leur perf dans les disciplines individuelles ne sont pas à la hauteur. Ils se moquent des triathlètes à cause des commentaires comme ça!

      LES TRIATHLÈTES NE SONT PAS LES DIEUDONNÉS DU MONDE SPORTIF. QUE CELA SOIT DIT ET RÉPÉTÉ.

      Respire Alex. Respire.

      1. je ne dit pas d’être fendant/ventard ou de faire de l’attitude; au contraire. Seulement de serrer les dents et de faire les séries comme il ce doit, sans chialer.

        1. Relax les gars. Effectivement, les triathletes n’ont pas le monopole des grosses c….. mais c’est vrai qu’ils parlent comme si ils n’avaient qu’eux… Je ne pense pas que max a fait ce commentaire pour dire cela… mais plus pour illustrer que c est plus important que le matos…

          donc on va eviter une longue discussion ou tout le monde dit la meme chose.

        2. re : « Seulement de serrer les dents et de faire les séries comme il ce doit, sans chialer. »

          Juste pour est clair, ça c’est la définition même de HTFU et elle fait partie intégrale de notre vocabulaire!

          Là, on se comprends!

  3. sur montrealendurance.com : « Triathlete and internet sensation Alexandre St. Jalm tried his hand at the 3k, and fared reasonably well in a time of 10:21.98. »

    « fared reasonably well » = très drôle …

  4. Les triathlètes ne sont pas endurcie? Tu devrais venir t’entrainer une fois avec nous lors d’une séance de bricks et tu pourra juger par toi-même si on est des athlètes endurcie ou non… Je suis d’accord avec toi que certain aurait besoin de se prendre beaucoup moins au sérieux… Mais il ne faut pas généraliser non plus!

  5. Mais je tiens à dire que je suis d’accord que certain devrait VRAIMENT se prendre moins au sérieux et se faire dire: ENDURCIE TOI PUTAIN!

  6. l’ordre des athlètes les plus « endurcis » serait le suivant :

    01. triathlètes (à cause des transitions)
    02. cyclistes
    03. marathoniens (à cause du mur)
    04. alpinistes
    05. haltérophiles
    06. boxe thaï
    07. course en raquette
    08. lanceur du javelot
    09. heptathlètes
    10. parachutistes

    1. Manque les nageurs dans ton palmares. Pas simple 40 kilo de nage en eau froide sans wet.

      1. t’as raison Charles, je faisais ce palmarès pour signifier qu’on ne peut pas en faire justement …

        40k dans la mer avec des jellyfish et des gros poissons c’est admirable, James Brown qui fait un show de 4 heures c’est admirable, un grimpeur qui redescend son partner d’escalade inconscient du haut d’une falaise c’est admirable, quelqu’un qui est capable de poser 3000 pc de feuilles de gypse par jour c’est admirable …

        mais bon, que certains croient que c’est leur sport/activité le/la meilleur/e, ben tant mieux! si c’est ce qui leur faut pour nager/rouler/courir plus vite so be it!

        1. Je crois qu’il n’y a rien de plus dangereux que de faire un palmarès des athlètes les plus endurcis. Chacun d’entre-nous y placera les sports dans lesquels on a un peu de background… Mon avis, c’est que tous les sports, pratiqués à un haut niveau demandent de la discipline et une certaine force mentale. Évidemment, certains sports sont physiquement plus faciles (au niveau énergétique), mais demandent plus de précision.