Dopage, sport, et vie.

Hier, nous avons appris un premier contrôle positif au Gw501516. Celui de notre ami cycliste pro Valery Kaykov. Encore un cas de dopage? Comme c’est étonnant. Certes rien de bien nouveau.

Ce qui est nouveau en revanche, c’est que ce médicament développé par GlaxoSmithKline (GSK) a été arrêté en plein développement, en 2008, avant le début des essais cliniques. Étonnant quand on connaît le coût de création d’un nouveau médicament. Encore plus quand on sait qu’en 2004, Dr. R. Evans du Salk Institute, un des biologistes les plus connus sur notre petite planète, annonçait la création de la première molécule capable d’améliorer l’endurance chez les humains de façon significative.

En 2013, le New Scientist rapporte que les rats (le ‘rat model’ est le plus couramment utilisé dans les essais pré-clinique) traités par GW501516, développent des cancer des ovaires, rate, peau, thyroïde, foie, etc. et que ces cancers sont très agressifs. Par ailleurs, fait sans précédent, l’Agence Mondiale Anti-Dopage, non seulement met GW501516 sur la liste des produits interdits, mais prévient les athlètes de ses dangers. Ça laisse songeur. Apparemment, il est assez facile de se la procurer au marché noir. Mais ça laisse surtout songeur quant à ce que Mr Kaykov pensait!

Cette année, Connor et al. ont revisité le dilemme de Faust chez les athlètes. Prendriez-vous une drogue qui vous fait gagner si vous saviez que dans 5 ans, cela vous tuerait? Sur 212 athlètes, 2 ont répondu oui, et 25 ont répondu oui, si cela n’impliquait pas une mort dans 5 ans. À noter que c’est une variante du problème de Goldman  qui montrait un pourcentage très supérieur. La vérité est probablement entre les deux.

À dire vrai, ce qu’un adulte veut faire de son corps (triche mise à part) c’est son problème. Et je répète – triche mise à part. En revanche, et peut-être naïvement, j’espère encore que le sport doit être un véhicule de valeurs morales et éthiques. J’en vois certains rire. Et c’est vrai, les histoires qui sortent ici et là ne nous incitent guère à y croire encore. Surtout après le maintenant célèbre:

Finally, the last thing I’ll say to the people who don’t believe in cycling, the cynics and the sceptics: I’m sorry for you. I’m sorry that you can’t dream big. I’m sorry you don’t believe in miracles.

…de notre ami Lance qui au passage est dans le même bateau que l’ami Kaykov. En effet, son cancer du testicule était à 60% de type choriocarcinoma, qui est un cancer qui évolue vite dans un environnement riche en sang, et qui évolue en métastases lors de l’utilisation d’EPO. Ce n’est pas une preuve que le cancer de LA était dû au dopage, mais on peut conjecturer que l’utilisation d’EPO a facilité son évolution rapide. Assez ironiquement, l’EPO est utilisé durant la chimio, mais dans les cas de cancers comme celui de LA, on utilise ce qu’on appelle des PARP-inhibitor ABT 888 pour éviter les effets secondaires, c’est-à-dire, les métastases.

Revenons donc aux valeurs morales et à la façon dont le sport est enseigné. C’est là que la différence peut se faire. Certes, il est difficile de mettre un programme en place qui marchera partout. Les programmes sportifs dans les écoles au Texas ne sont pas les mêmes que ceux au Québec, ou au Queensland. En revanche, les objectifs doivent être les mêmes. Cela nous entraînerait un peu loin de répondre à la question: quels objectifs? Mais nous pouvons répondre de façon générale : fair-play, honnêteté, respect et un focus non sur la victoire, mais sur le développement personnel. Un grand nombre de sports professionnels sont perdus à mon avis. La corruption y est omniprésente, le dopage est protégé, pour ne pas dire encouragé, et les victoires sont même achetées. Mais les enfants qui commencent le sport ont encore toutes leurs illusions, et c’est à nous, ceux qui valorisent un sport éthique, et véhicule de valeurs morales et de valeurs de vie, de faire en sorte que nos enfants voient, dans quelques années, le sport dont nous rêvons.