Power2Max – Nicolas Theopold se fait trimer.

Trimes s’est entretenu avec Nicolas Theopold, chef de distribution chez Power2max et qui est d’ailleurs un excellent triathlète ayant fait kona en 2013. Trimes avait quelques questionnements et a donc profité de son lien avec la compagnie pour en savoir plus.  On vous encourage d’ailleurs à nous envoyer des questions si certains sujets n’ont pas été couverts.

Il y a encore quelques années, le marché du powermètre se divisait en trois et semblait impénétrable, peux tu nous parler comment Power2max s’est concrétisé ,ça paraissait à l’époque comme un pari fou.

Les fondateurs de power2max viennent du secteur automobile. Ils ont beaucoup d’expérience dans le développement de produits sans fil pour entreprises comme Audi, BMW ou Volkswagen. De ce coté vient le savoir faire dans le développement de produits et dans leur production à l’échelle. En même temps un d’entre eux est cycliste passionné et utilisait déjà des capteurs de puissance à l’époque. Il remarquait qu’il y avait peu de choix, comme tu le disais, et les options étaient chères.

Comme le bénéfice d’un capteur n’est pas en doute il était clair qu’il y avait une opportunité dans le marché s’il était possible de développer un produit précis, fiable, facile à utiliser et moins cher que la concurrence. Le développement a pris beaucoup de temps et c’était une grande aventure de voir si le marchait allait accepter un nouveau produit à un prix beaucoup plus bas que les alternatives.

Power2max s’est rapidement fait une place, votre offre étant généralement plus accessible que celles de vos concurrents. Comment expliques-tu  qu’au fil du temps on n’ a pas vu de diminution de prix chez vos concurrents ?

Nous entendons de nos clients qu’ils sont contents du produit et que le prix est attractif. Je trouve très positif qu’il y ait beaucoup plus d’options sur le marché ces jours. C’est bon pour l’innovation et pour les clients – chacun peut trouver « son » produit.

Certains semblaient justement vous attaquer en jouant la carte du « pas fiable » parce que vous n’étiez pas assez cher… D’ailleurs l’un des pionniers à récemment dit qu’il n’y avait aucune raison de baiser le prix et qu’il voulait être vu comme un produit haut de gamme. J’imagine que cela doit vous faire sourire…

Je pense souvent on s’interroge si la qualité peut être bonne si le prix d’un produit est différent à celui de la concurrence. Il a donc pris du temps à gagner en crédibilité certains utilisateurs, mais avec chaque année qui passe il y plus d’utilisateurs, plus d’expérience et aussi plus de confiance dans power2max.

Depuis, il y a des nouvelles offres dont certaines moins chères que vous. La question actuelle est surtout sur la fiabilité. Peux tu nous parler des procédures afin de valider la précision? Parce qu’on nous parle souvent d’un 2% mais on ne connaît pas ce qui est considéré comme la référence.

Le sujet de la précision et de la fiabilité est très complexe. Prenons d’abord la précision. Il y deux aspects importants : est-ce que la mesure est précise et est-ce que ce que nous mesurons nous voulons mesurer ?

La précision de la mesure dépend de la réalisation du capteur de puissance. Je ne peux pas juger comment les autres produits dans le marché fonctionnent et seulement offrir une explication de notre système. Nous avons choisi une construction qui est très stable et fiable dans ses caractéristiques. C’est pourquoi vous pouvez changer de plateaux sans changer le calibrage et pourquoi le choix de plateaux n’influence pas le fonctionnement, par exemple.

Il faut savoir qu’il est très difficile d’établir la précision réelle d’un système, parce qu’il est nécessaire de le comparer avec une référence stable et d’une précision connue. Nous le faisons avec différents systèmes : d’abord avec notre système de calibrage statique qui calibre à une précision de 0,1% avec un capteur industriel certifié. Deuxièmement en faisant des comparaisons avec des ergomètres scientifiques qui sont calibrés indépendamment et qui ont une précision comparable au power2max. Si deux systèmes avec des processus de calibrage connus mais différents génèrent les mêmes valeurs on peut être assez sûr de la précision.

Dernièrement nous avons développé un système de calibrage dynamique d’une précision de 0,1% qui nous donne un comparatif de qualité extraordinaire. En faisant de nombreux tests avec des différents systèmes nous pouvons être sur que nos capteurs sont précis.

Certains concurrents recommandent le test statique (avec un poids) afin de calibrer leurs systèmes. Power2Max ne l’a jamais recommandé, peux-tu nous expliquer pourquoi?

Nous ne recommandons pas cette procédure pour la raison suivante : quand vous pendez un poids de la manivelle, le pédalier se tord légèrement et une partie de la force est n’est pas introduit dans le capteur. Ces « effets parasitaires » ne sont pas présents pendant le pédalage. Donc les valeurs de cette méthode de calibrage ne sont pas très précises et nous utilisons une méthode de calibrage qui évite ces effets parasitaires.

Tu parlais d’un deuxième aspect de la précision…

Le deuxième aspect de la précision est la question si on mesure ce qu’on veut mesurer. Si nous prenons l’exemple d’un système qui mesure d’un coté seulement (auxquels tu faisais référence) la précision de la mesure peut être bonne, mais nous pouvons avoir des variations à cause des déséquilibres dans le pédalage. Par exemple sur mon vélo de route j’ai une balance gauche-droite de 48/52% en ce moment. Des fois j’ai aussi 51/49. Chez moi, personnellement, la distribution gauche-droite varie d’environ 3%. Il faut ajouter ces 3% à la précision de la mesure pour avoir la précision finale d’un système qui mesure sur un coté uniquement. Donc dans mon cas la précision serait de 5%. A ce niveau de précision il devient difficile d’établir si je progresse dans mes entrainements.

Par exemple si je fais un test de 20 minutes et pédale à 300 watts aujourd’hui et 315 watts la prochaine fois, je ne peux pas savoir si mon entrainement a réellement fonctionné ou si les 15 watts parviennent du fait que j’ai pédale plus fort avec la jambe gauche relativement à la jambe droite.

Donc uniquement en prenant les deux aspects de la précision ensemble – la qualité de la mesure et la question si on mesure ce qu’on veut mesurer – peut-on juger la précision réelle d’un système.

L’industrie n’est pas très transparente la dessus non? Dans le sens qu’on peut afficher un pourcentage sans que les utilisateurs aient  les moyens de le contester.

C’est vrai qu’il est très difficile de vérifier la précision d’un capteur. C’est pourquoi nous expliquons comment nous assurons la précision de nos capteurs et quels moyens techniques nous utilisons pour le faire.

Si un utilisateur veut quand-même tester la précision de son système, qu’est-ce que tu recommandes comme approche? 

Une méthode que vous pouvez appliquer est de faire une longue montée raide sans vent sur une bonne route et contrôler le rapport entre poids et puissance. Pour éliminer au plus possible l’effet de la résistance d’air la pente doit être raide (>6%) et pour augmenter la montée doit être longue (>300m d’altitude). Il faut connaître le poids précis du cycliste avec son vélo (ne pas oublier le poids de bouteilles, etc !) et la longueur et le dénivelé exact de la montée. Avec toutes ces données et le temps de montée on peut calculer une valeur théorique et la comparer avec celle du capteur, tout en sachant que de petites imprécisions dans les données de base peuvent influencer le résultat de manière significative.

Avec les différentes technologies, entre sur le moyeu, le système pédale, ou la manivelle de pédalier, qu’est-ce que tu vois comme avantages et inconvénients ?

Un atout de la mesure dans l’étoile du pédalier est qu’elle mesure très directement ce qu’on veut mesurer – le couple que le cycliste produit. Nous avons choisi de ne pas utiliser une autre approche parce que nous la voyons la mesure dans l’étoile comme très fiable dans la durée. Comme il n’y a pas de pièces qui bougent et l’étoile est bien protégée en cas de chute on minimise que le capteur soit endommagé et la fiabilité mise à risque.

Est il est possible qu’un certain type de système puisse bien mesurer certains types d’efforts et moins bien d’autres  ?

Il y un peu de polémique de temps en temps dans les forums que certains systèmes marchent plus ou moins bien dans certains scénarios, par exemple en sprint ou en faux-plat descendant. D’ailleurs il est peu probable qu’un système marche moins bien en faux-plat descendant que sur le plat.

Pour expliquer pourquoi regardons comment la puissance est mesurée : dans un power2max le couple est mesuré avec les jauges de contrainte. Les accéléromètres mesurent la cadence. Les deux sont utilisés pour calculer la cadence.

Donc, pour avoir un scénario ou un capteur n’est pas fiable, soit la mesure du couple ou la mesure de la cadence ou l’algorithme de calcule doivent avoir des problèmes. Comme aucun des trois facteurs est influencé par le fait que le vélo est en descente, montée, ou sur le plat, c’est pas un problème en réalité.

Certain relèvent l’importance d’avoir un système qui mesure les deux jambes, peux-tu nous parler de cette problématique.

Notre système calcule la contribution de chaque jambe à travers les courbes de puissance. Comme nos capteurs mesurent le couple 50 fois par seconde nous avons deux courbes de force par tour de pédale que nous pouvons analyser. La surface relative sous les deux courbes nous donne la contribution de chaque coté.

Cette estimation est pas aussi précise au niveau la distribution gauche-droite qu’une mesure avec deux capteurs, un sur chaque coté. Par contre elle nous montre s’il y a des déséquilibres et comment ces déséquilibres changent avec des changements de position ou de technique de pédalage. Pour nous la plus-value d’avoir une balance gauche-droite plus précise ne mérite pas les inconvenances.

Vous avez récemment fait une alliance avec un fabriquant de plateaux. Cela a t’il réellement un impact sur l’obtention de la meilleure mesure possible.

Sur nos capteurs les plateaux n’ont pas d’influence sur la mesure. Nous avons tout simplement fait cette alliance avec Praxis Works pour offrir des plateaux de qualité à nos clients. Ils peuvent rouler avec d’autres plateaux sans problèmes.

Peux-tu nous parler de la problématique des plateaux ovoïdes ? Ce dossier est il pour vous terminé?

Notre système fonctionne avec les plateaux ovales. Nous avons testé les plateaux ovales avec power2max et il n’y a pas de problèmes de fiabilité ou précision.

Dans quelques semaines vous allez lancer le Type-S. Est-ce qu’on peut dire que c’est une version miniaturisée du système actuel?

Le Type S est une évolution de notre capteur : il est plus léger, la compatiblité avec les cadres BB386EVO a été améliorée, il accepte les plateaux aéro en compact, et il est disponible pour de nouveaux pédaliers – Cannondale, Specialized, SRAM et finalement il est plus élégant.

Peux tu nous parler du développement de ce produit, on imagine que cela prend beaucoup de temps a concevoir et surtout à approuver.

Le développement de Type S a commencé il y deux ans. Plus que nous avions de retour sur le produit actuel plus nous avons réfléchi comment nous pouvions l’améliorer. Les tests prototypes des prototypes ont commencé en début 2013. Comme nous il s’agit d’une évolution nous avions la possibilité de profiter de l’expérience avec le produit actuel. Le processus de finalisation et de perfection prend toujours beaucoup de temps.

Il y a présentement Polar et Stage qui poussent pour le protocole Bluetooth. Est-ce que le ANT+ est en danger selon toi? Est-il réellement moins efficace?

De notre point de vue ANT+ est la référence dans l’application sur le vélo pour moment. Jusqu’à présent le choix des compteurs ANT+ est le plus grand et le protocole fonctionne bien. Naturellement nous observons l’évolution de la situation.

 

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