Edito > Et la parité sportive? Où sont les féministes?

Étant partagé entre la culture française et américaine, il est difficile pour moi de ne pas mettre en confrontation deux mentalités qui sont totalement opposées. Ayant fait un ironman sur les deux continents, j’ai été frappé par la place de la femme à Ironman Nice, soit à regarder son homme faire la course pendant qu’elle s’occupe des enfants. En regardant les magazines, oui la femme est présente mais en bikini et huilée et avec des talons aiguilles… AH!

Évidemment, on rentre dans des généralités mais les chiffres ne trompent pas puisque la participation féminine ne dépasse pas les 10% en France alors qu’elle tourne à 40% aux États-Unis sur des événements Ironman ou 70.3. Évidemment, on peut se demander si ce type d’effort ne correspond pas aux intérêts de la femme, où que l’on a tout simplement refusé de les inclurent en créant un environnement hostile. L’homme a peut-être besoin de se prouver quelque chose… On peut tout de même se questionner si ce rapport de force entre l’homme et la femme est aussi peu égalitaire que dans d’autres disciplines. C’est encore plus étonnant quand on sait que le triathlon est généralement vendu comme un sport de riches.

Pour être honnête avec vous, je suis souvent embêté par le faite que Trimes ne couvre pas aussi bien les femmes que les hommes. Et les chiffres démontrent aussi un désintérêt dans l’élite féminine même si le lectorat de cette publication est pourtant plus porté par l’excellence que la plastique des athlètes. Je trouve d’ailleurs les courses féminines en ITU aussi intéressantes que celles des hommes. Et oui, à Trimes.org n’est pas parfait puisqu’on pourrait en faire nettement plus… Au moins, on n’a jamais exploité la carte de la sexualité dans le sport…

Pour illustrer ce phénomène, les médias couvrant le triathlon utilisent à outrance le physique féminin pour vendre de la copie. Triathlete magazine utilise Jenny Fletcher en couverture pour nous rappeler qu’une pro peut-être aussi jolie… AH! et Lava Magazine va encore plus loin en nous offrant toujours Jenny Fletcher en version body paint. Ironiquement, je ne connais pas de publications qui s’y opposent véritablement et par ce fait, il est devenu impossible d’être à contre courant en entrainant les athlètes à suivre la pratique.

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J’ai peut-être manqué un épisode, mais je ne pensais pas que le triathlète moyen avait autant de points en en commun avec les camionneurs. Cliché généralisé? Il suffit de lire les commentaires sur l’Équipe.fr sur Rolland Garros où les athlètes féminines sont forcément jugées par leur physique. Les vedettes sont admirées en fonction de leur physique et non en fonction de la qualité de leur jeu.

August-2012_800x6002-243x320Même si cela n’est jamais publique, un sponsors privilégie nettement le physique d’une athlète à celui de ses résultats. Chose qui n’est nullement vrai chez les hommes.

Sachant que les femmes souffrent d’une exposition déjà très limitée, on observe des pros avec des résultats très moyens et qui obtiennent pourtant plus de supports qu’une athlète qui ne voudra pas utiliser la carte du charme. Jenny Fletcher a sans aucun doute fait plus de couverture de magazine que Gwen Jorgensen.

Évidemment, quand la jeune américaine doit faire la couverture d’un mag, il faut absolument la maquiller et lui placer les cheveux comme elle ne l’a jamais eu… Toujours cette idée  incroyable qu’une championne n’est pas forcément une déménageuse de l’Allemagne de l’est…

A-t-elle vraiment le choix de faire autrement? Non puisqu’elle offre une exposition incroyable pour ces sponsors.

Malheureusement, dénoncer cette pratique entrainerait encore plus son exclusion et lorsque le support des sponsors est indispensable pour continuer un projet sportif, il est impossible de demander aux femmes de refuser cette pratique.

L’ironie dans tout cela est que le triathlon s’efforce de donner une image égalitaire. Offrant des bourses égales entre les hommes et les femmes et en allant même jusqu’à proposer un relais mixte pour les jeux olympiques de Tokyo. Au point de vue du spectacle, il serait malhonnête d’affirmer que la course féminine aux Jeux Olympique ne soit pas plus intéressante que celle des hommes.

Les faits sont pourtant là, un club de D1 offrira des cachets pratiquement 4 fois inférieurs à ceux réservés pour les hommes. Difficile de se sentir valorisé et la bienvenue dans ces conditions.

Suite à la publication de Xavier Garcin sur les perspectives de l’équipe de France qui soulève la problématique de la représentation féminine française ou la relève est nettement moins dense que celle des hommes, il serait facile de mettre cela sur la faute des athlètes. On devrait avant tout se demander si la culture et l’environment est propice à la performance. On ne parle pas des structures mais des attraits en place afin qu’une jeune femme rêve d’une carrière d’élite.

Le succès d’une nation est avant tout généré par une culture en place. Plus un sport est mis en valeur plus il entrainera l émulation.

Comment expliquer qu’un nation comme le Canada ou la Nouvelle Zealand est capable d’avoir une meilleure représentation internationale que la France alors que son nombre de licenciés est nettement inférieur.

Avec une vision si macho du sport féminin, on vient tout simplement marginaliser leur performance. On pourrait parler d’un sport Barbie où l’homme permet à la femme de s’amuser à faire du sport triple. Le système est totalement biaisé parce ces jeunes filles savent très bien que leurs performances ne se traduira pas forcément par l’obtention de plus de support.

Rare sont ceux qui croient dans la compétitivité de la femme et dans son envie de dépassement…

Exemple parfait, dans l’effort de la fédération française de triathlon pour vendre le triathlon aux femmes…
il permet de modeler une silhouette harmonieuse ou encore, Dynamique : idéal pour se dépenser. Basé sur l’endurance, il « brûle » prioritairement les graisses.

Encore une fois, tout est basé sur la plastique. Même si cela est possiblement un attrait, est-ce que cela est vraiment vendeur pour la nouvelle génération?

Le triathlon est donc en concurrence avec d’autres sports qui traitent peut-être mieux la femme. La course à pied, la natation, le football, le tennis. Demandez-vous si les autres sports traitent mieux les pratiquantes féminines.

S’il doit y avoir un débat, c’est avant tout pour ce questionner: pourquoi une voie uniquement s’est imposée à traiter les femmes de cette façon…

 

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4 commentaires
    1. Je pense ce debat important car une reaction generale pourra peut etre faire evoluer les choses…les magazines de triathlon sont pour moi les pires en la matiere meme si c est pas parfait ailleurs .Achetez la revue toute la natation et vous verrez que les athletes feminines sont mises en valeur pour leur performance.elles sont prises en photo sur des podiums ou en pleine action dans l eau et non huilee en position sexy …et pourtant certaines comme manaudou avait une belle plastique…elle faisait le mannequin ds des revues people et pas dans une revue ffn.d autre part vous trouverez aucun article sur une nageuse moyenne sous pretexte qu elle a un corps sublime…

  1. Bah, Beckham, Christiano Ronaldo, Galfione, les rugbymen des calendriers… Ont fait aussi vendu leur plastique et/ou continue de le faire pendant que Ribéry, Djoko… vendent uniquement leur talent (à l’aide de leur image également, mais de celle de joueur talentueux et non de celle de beau gosse).
    Pour les femmes, certaines font comme Beckham, d’autres, à l’instar de Jeannie Longo ou autres se la jouent à la Ribéry…
    Les magazines de tri, pour ceux que j’ai lu n’ont pas grand chose à dire, tout comme les journalistes grand publiques actuels (même ceux d’actualités), ils font donc comme Voici, Be ou autres trucs que je trouve inintéressant (j’en ai feuilleté, je sais de quoi je parle). Il faut vendre, donc plaire au grand public. Et pourquoi faire évoluer le grand public ou le responsabiliser quand on peut se faire de la maille facilement ?…
    Dans quel monde de médias manipulateurs et fainéants vit-on… ?

  2. Complètement d’accord avec cet article, image de merde de la femme dans le triathlon en France, et pas améliorée par la fédération malheureusement.