Vincent Luis se fait trimer – L’après Hambourg

La récente 2e place de Vincent Luis en série mondiale n’a pas surpris les spécialistes. De nos jours, battre un frère Brownlee et Javier Gomez n’a rien d’ordinaire. Offrant probablement sa meilleure performance de sa jeune carrière à Hambourg, Trimes a voulu en savoir plus.
-Ce week-end a probablement été marquant pour toi avec 2 deuxièmes places (indiduel & relais mixte). As tu l’impression d’avoir franchi un palier puisque tu réussis à battre Johny au sprint ainsi que Gomez.
C’est clair que j’attendais un week end comme celui là avec impatience… J’avais déjà fait des top5 mais en posant le vélo avec de l’avance et en faisant le 8 ou 10ème temps à pied. Maintenant je sais que je suis capable d’être sur le podium, qu’importe le scénario de course.
Existait -il un certain doute en toi, d’être en mesure de battre un jour Gomez et Mola? Je veux dire par là que certains athlètes donnent une impression que c’est impossible… d’ailleurs même toi, tu disais en début de saison que ton objectif était d’être dans le top 5, cela peut être interprété comme premier après les Brownlee et Gomez,  quel est ton sentiment la dessus.
 
Honnêtement non. A l’entraînement on s’était fixé avec mes coaches des objectifs de séances clairs qui devaient nous amener à courir en course autours des 14’20. Depuis 3 mois les séances passent même mieux que prévu donc je n’avais pas de doutes sur ma capacité à courir à ces allures. Maintenant entre la course et l’entraînement il y a un monde, j’ai validé le boulot qu’on a fait mais attention le chemin est encore long pour arriver à la régularité des meilleurs… C’est ce qui fait leur force. Quand je serai aussi régulier qu’eux je pourrais viser un top3 au ranking.
 
-Tu sembles pleinement en confiance sur la distance du sprint, as tu l’impression qu’il te manque encore quelque chose pour mieux passer sur la distance olympique? 
 
J’ai pas mal changé ma façon de m’entraîner, j’ai toujours été fort sur sprint et il m’a souvent manqué 3k pour finir les DO. On a bossé la dessus et la seule vérité se fera à Edmonton. Mais sincèrement à l’heure actuelle je ne me considère pas plus fort sur sprint que sur DO.
 
 
-À moins que je me trompe, la dernière fois que tu as battu Johny, c’était au championnat du monde de 2008 Junior à Vancouver. Votre développement a pourtant pris des chemins différents. Même si tu es très rarement sorti du top 8 en WTS, on entend souvent parler de toi comme un athlète qui n’a pas montré tout son potentiel puisque tu as souvent été victime de fractures de stress. Qu’en penses tu?
 
Johny et Alistair avaient des plans de carrières bien définis.. Ils voulaient gagner les jeux à Londres et j’ai l’intime conviction que depuis Juniors ils étaient formatés pour ça. Moi, en juniors, je pensais surtout à m’amuser en faisant du tri, les jeux, c’était à la TV…
Depuis 2012 j’ai enchaîné les galères. Depuis j’ai pris des mesures importantes au niveau de mon suivi médical. Je fais des bilans chaque année pour voir quels sont mes déficits musculaires/proprioceptifs/physiologique, etc. Et on travaille la dessus tout l’hiver pour ne pas se blesser. J’écoute également beaucoup plus mon corps. Avant lorsque j’avais mal je continuais à courir jusqu’à ne plus pouvoir poser le pied à terre !
Le nerf de la guerre à l’entraînement en triathlon c’est la consistance. Il faut pouvoir s’entraîner beaucoup, avec des intensités, sans se blesser… Celui qui arrive à faire ces 3 trucs là pendant plusieurs hivers de suite sera très fort.
 
-Être champion du monde n’est-il pas un cadeau empoissonné puisque tout le monde s’attend à te voir gagner tout de suite?
 
C’est vrai qu’on est un peu attendu au tournant mais bon c’est le jeu… Après mon titre mondial je me suis reposé sur mes lauriers et j’ai pris une claque au mondial en U23… Ça m’a remobilisé, j’ai passé la ligne 17ème et je me suis dit « plus jamais ça ».
 
-Ironine, ta campagne, Pauline Ferrand Prévot terminait aussi deuxième du Giro. Elle a une saison 2014 assez exceptionnelle, remportant la flèche Wallone et de nombreux titres nationaux. J’imagine que vous êtes des supports dans vos carrières respectives surtout que tous les deux, vous avez gagné très jeunes… Ah moins que vous ne parliez jamais de travail à la maison 
Pauline marche très fort cette année, comme moi elle a pris en maturité, on a évolué ensemble, avant pour elle aussi le sport c’était un jeu. On s’aide on se conseille mais chacun a son projet et on ne veut surtout pas interférer dans celui de l’autre. On s’entraine beaucoup ensemble mais si un jour les entrainements ne collent pas alors c’est chacun dans son coin.
 
-Chez Trimes, comme tu le sais, on a une théorie qu’il existe un club des 8, enfin vous êtes de plus en plus nombreux. Mais existe t il vraiment une entente secrète entre vous? D’ailleurs, tu sembles de plus en plus actif  à vélo. 
 
Le club des 8 ça serait le top ! Mais avec certains athlètes présents devant comme Polyanski etc on pourrait plus parler d’un club des 6… Il n’y a pas d’entente prédéfinie, on a chacun nos intérêts à rouler quand un tel n’est pas devant ou qu’untel est dans le pack de derrière.
J’ai grandi dans la culture du No Drafting et franchement je ne me vois pas poser le vélo en n’ayant pas travaillé… Je n’ai pas encore la capacité de bosser à vélo autant que les Bronwlee ou Gomez mais tant que je peux aider je le fais. C’est quand même plus sympa quand les mecs viennent te remercier après la course plutôt que de te faire insulter sur le vélo..
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-Parlant de dynamique de course, as-tu eu l’impression que le retour en forme d’Alistair  est synonyme que cela ne reviendra plus de l’arrière après le vélo? En quelque sorte, c’est lui qui a une emprise totale sur la course, non?
 
Je n’irai pas jusqu’à dire emprise totale mais il est très actif au sein du groupe de tête. Forcement quand tu as un mec de plus qui roule fort et qui ne saute aucun relais tu as plus de chance que ça aille au bout.
 
-Peux tu nous parler de ton environment d’entrainement? Avec qui tu t’entraines, tes coachs etc…
 
Je m’entraîne à Reims depuis un peu plus de 2 ans maintenant.
En natation je partage mes séances avec les jeunes du centre régional de triathlon. Je suis coaché par Maxime Hutteau qui a basculé du coaching natation au coaching triathlon. J’ai depuis quelques temps un partenaire d’entraînement sur mes séances natation, Antoine Zanardo, un junior à 4’00 au 400…
Comme on l’a dit plus haut je vis avec Pauline Ferrand Prevot avec qui je partage 95% de mes séances vélo. On a un bon groupe de 5/6 cyclistes dont des juniors internationaux avec qui on roule.
En course à pied c’est Farouk Madaci qui s’occupe de moi. Il a notamment coaché, entres autres, Mahiedine Mekhissi. On a un bon groupe, une petite dizaine de coureurs et coureuses de niveau national.
 
-On dit souvent que les athlètes ont une préparation sur 4 ans avec les jeux olympiques en ligne de mire. Donc une progression graduelle dans la charge d’entrainement. Est-ce ton cas?
 
Ça pourrait être faisable en sortant de juniors mais pour briller en élite il faut déjà beaucoup s’entraîner. Je pense plutôt que la progression vient avec l’accumulation des hivers. Il faut réussir à passer 2 ou 3 hivers d’entraînement sans se blesser pour être performant et régulier au haut niveau à l’heure actuelle. Je vais effectivement rajouter des heures chaque année mais je ne serais pas focusé la dessus.
 
-Mais, on voit Gomez et les Brownlee’s qui semblent être toujours à fond. À force, on a perdu la notion des courses à priorités ou pas. As tu l’impression qu’il y a une sorte de surenchère qui n’est pas tenable sur le long terme? Est-ce une question que tu te poses toi même?
 
En fait eux ils sont très forts donc un « jour sans » ils seront « juste » forts.. Alors qu’un mec fort sera mauvais le jour ou ça n’ira pas… Gomez n’était pas au mieux à Hambourg, Alistair était pas au mieux à Londres, et ils font quand même 4ème ! Honnetement de mon point de vue, la donne est simple pour les priorités. En saison non-olympique : régularité sur les WTS et pic de forme sur la finale, en saison pré-olympique : pic de forme sur la course de qualification, en saison Olympique : Les JO…
L’ITU ne facilite pas la tache aux athlètes avec la mise en place du circuit mais les règles sont les mêmes pour tout le monde et il faut s’adapter au mieux en fonction de ses forces et faiblesses.
 
-Pour finir, quelles seront tes principaux objectifs pour la fin de saison?
 
Je suis actuellement à Font Romeu en altitude. A la re-descente j’enchaînerai Stockohlm et Edmonton. Ensuite je ferai 2 FGP pour mon club et ça sera coupure de 4 semaines minimum…
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