Javier Gomez le plus fort! De quoi?

En gagnant deux championnats du monde en 7 jours, Javier Gomez a fait les manchettes et la communauté semble lui avoir accordé un nouveau statut. Il ne fallait pas attendre longtemps afin que certains l’envoient dès cette année à Kona.

Maintenant que la poussière est retombée, est-ce véritablement une surprise qu’un spécialiste de la distance olympique et sprint soit en mesure de gagner contre les meilleurs en 70.3? Dans la réalité il n’existe que très peu d’exemples toujours actifs et dominants en ITU qui se sont offert des 70.3 durant leurs saisons. Lisa Norden et Nicola Spirig sont l’une d’elles. Chez les hommes, on a récemment vu Dan Wilson à Sunshine Coast 70.3. Ils ont généralement confirmé qu’ils étaient déjà très bien adaptés à cet effort. Mais est-ce que ces athlètes non réguliers sur le circuit de la longue distance seraient aussi performants en leur retirant le support des fédérations?

Si un champion du monde ITU n’avait pas déjà gagné un titre de 70.3, c’est avant tout une question de conjoncture. Entre un calendrier qui ne le permettait tout simplement pas puisqu’il faut se qualifier. Javier Gomez avait cette opportunité en mains tandis grâce a son laisser passé acquis au championnat de 5i50. Est-ce que le Alistair de 2011 et 2012 aurait gagné ce titre ces années-là?

Certains ont vu dans la victoire de Gomez une confirmation que le talent était surtout en ITU. Dans la réalité, on était avant tout excité de voir une sorte de réunification à l’image d’un combat de boxe entre deux champions du monde dans deux fédérations internationales différentes. À l’image de Kona et des Jeux olympiques, trop rares sont les événements décisifs dans les carrières de ces athlètes

Depuis, il y a une sorte de consensus à dire que Gomez est le plus fort.

Dans la réalité, le terme « le plus fort » n’est pas adéquat pour le triathlon. Prenons, Usain Bolt au 100m, on peut le dire puisque sa performance est avant tout le résultat de ses efforts physiques, mais dans un sport où la stratégie est de plus en plus déterminante, le terme fort est n’est probablement plus approprié pour le sport triple moderne.

Être l’athlète le plus fort signifierait que l’athlète est le plus dominant dans les trois sports et qu’il contrôle totalement sa destinée par lui même. Un exemple parfait est Alistair Brownlee aux Jeux du Commonwealth ou il domine tout le monde à lui seul. Cela ne signifie pas que Gomez n’est pas un athlète exceptionnel, au contraire, c’est un maitre dans la contre-attaque.

Javier Gomez n’a jamais couru comme les frangins du Yorkshire. Excellent nageur, l’espagnol mène rarement les départs en natation, mais fini toujours par s’en sortir. Même s’il est un excellent rouleur, il n’a pas un instinct aussi offensif sur deux roues, on ne le voit jamais perdre patiente. Les frères Brownlees sont les exceptions à la règle, opportunistes ou fêlées, c’est à vous de choisir. Mais le gagnant de 4 titres de champion du monde ITU a toujours su hanter les bébés afin de toujours bien se placer pour finir les courses en beauté.

En analysant la course de Mont-Tremblant, même si le résultat parait désormais comme inévitable, on se demande déjà si les autres athlètes n’ont tout simplement manqué d’imagination pour le contrer. Cédant à la fin du vélo, il y avait probablement une faille à explorer. Facile à dire puisqu’avec ces courses avec des plateaux si denses, la dynamique et la difficulté de dépasser dans ces groupes.

Dans le milieu, la victoire de Gomez n’a pas vraiment étonné. Il est vu comme une machine d’aérobie. La véritable force de Gomez est avant tout dans sa constance. Dans le coup autant en début qu’en fin de saison.

Depuis 2009, (création de la série mondiale), il a toujours occupé l’une des marches le podium du classement final mondial. Contrairement aux athlètes, il n’a jamais été assez blessé (publiquement connu) pour l’écarter du circuit. Si on prend les 5 premiers des Jeux de Londres, il est tout simplement le seul athlète dans cette situation. À l’inverse, cela fait 3 ans d’affilés qu’Alistair se blesse et qu’il est exclu du podium.

Contrairement à ces adversaires les plus proches, il n’a jamais été médaillé en junior. Ce qui est incroyable chez l’Espagnol c’est d’avoir gardé sa motivation pendant aussi longtemps quand on sait ce que se sport exige. Vraiment dominant depuis 2007, Gomez a déjà vu plusieurs générations d’athlètes comme Frodeno, Docherty ou Kahlefeldt qui sont déjà passés à autre chose.

Après les jeux Olympiques de Londres, Javier s’est allié avec l’entraineur David Carlos Piertro. C’est lui qui a permis à Gomez de courir encore plus vite et depuis les Brownlees n’ont plus leurs certitudes dans leurs dominations.

Gomez a cette résilience sans fin. On ne l’entend jamais se plaindre. Certains se demandent les raisons de son succès. Il est évidemment difficile de s’avancer, mais on peut lancer une hypothèse en se basant sur le taux très élevé des athlètes blessés dans leur développement. Si Gomez ne subit pas ses contre temps, cela peut s’expliquer par une charge de travail mieux contrôlée, un corps mieux adapté et/ou une meilleure technique en course à pied.

Si vous prenez les athlètes en ITU, les blessures aux pieds et fractures de stress sont très fréquentes et démontre que la charge est au-dessus des capacités de l’athlète.

Est-ce que la technique est un facteur important? Probablement. En regardant la technique de course de Gomez, il n’y a rien à redire. Même si d’autres ont d’excellentes techniques à pleine vitesse, leur manière de courir inflige un stress trop important à leur corps.

Ce phénomène est d’ailleurs amplifié par ce désir de réussir le plus rapidement possible. Avec des fédérations qui veulent replacer leurs pions rapidement, les développements des athlètes sont en accéléré. Il est donc devenu impossible à un athlète sortant des juniors de lui faire comprendre qu’il devra augmenter progressivement son volume dans sa carrière.

Est-ce que Gomez est aussi récompensé pour ne pas être impatient et accepte mieux le fait de ne pas gagner toutes les courses. Probablement.

Tout cela reste le mystère du triathlon ou l’apprentissage est perpétuel, mais en ce moment, Javier Gomez semble le plus proche de détenir la vérité.

Année Or Argent Bronze
2009 Drapeau : Royaume-Uni Alistair Brownlee Drapeau : Espagne Javier Gómez Drapeau : Allemagne Maik Petzold
2010 Drapeau : Espagne Javier Gómez Drapeau : Allemagne Steffen Justus Drapeau : Australie Brad Kahlefeldt
2011 Drapeau : Royaume-Uni Alistair Brownlee Drapeau : Royaume-Uni Jonathan Brownlee Drapeau : Espagne Javier Gómez
2012 Drapeau : Royaume-Uni Jonathan Brownlee Drapeau : Espagne Javier Gómez Drapeau : Russie Dmitry Polyansky
2013 Drapeau : Espagne Javier Gómez Drapeau : Royaume-Uni Jonathan Brownlee Drapeau : Espagne Mario Mola
2014 Drapeau : Espagne Javier Gómez Drapeau : Espagne Mario Mola Drapeau : Royaume-Uni Jonathan Brownlee

 

1 commentaire
  1. Mo Farah n’est jamais aux avant postes et pourtant c’est lui le plus fort, être le meilleur dans les 3 sports ne fait pas de soit le plus fort. Il n’y a que la victoire qui compte, et justement à la fin c’est Javier qui gagne. Pas seulement sur la course d’ailleurs puisqu’il s’assure des points en faisant toutes les courses WTS, sur les courses qui ne sont pas des championnat il gère sa course très différement (70.3 justement).
    Un triathlon à ce niveau ne se gagne pas seulement « à la pédale » comme on dit en vélo, mais également grace à une stratégie. La stratégie d’autres comme Alistair, est d’éliminer ses concurrents, c’est une stratégie différentes, et respectable, mais qui ne fait pas gagner aujourd’hui.
    Peut communiquant et très secret, c’est ça façon d’être un grand champion, pour moi c’est le plus fort.