Reflections > Perdre sa technique? Et si le volume n’était pas tout

Le nageur français, Yannick Agnel, champion olympique du 200 et du 4X 100 mètres à récemment annoncé son départ du groupe de Bob Bowman, soit l’entraineur mythique de Michael Phelps. Questionné par Le Monde sur son choix de retourner en France, il n’est pas passé par 4 chemins.

Disons que moi, je peux penser à ma technique. Mais le problème, c’est que des coups de bras, on en fait dix mille dans l’année, peut-être plus. Sur un coup de bras, tu commences à taire un truc qui ne va pas, à avoir la main un petit peu mal placée – ce sont des choses infimes -, et si t’as pas un mec pour avoir l’œil dessus en permanence, tu prends de mauvaises habitudes. Même avec la meilleure volonté du monde, c’est très compliqué de ne pas prendre de mauvaises habitudes. Donc oui, en un an, d’autant plus en nageant très dur et en étant extrêmement fatigué, c’est très facile de dégrader sa technique.

Son explication est très intéressante puisqu’elle expose que même au plus haut niveau, il est possible de perdre sa technique et qu’il ne faut jamais la tenir pour acquise. Cela vient donc contredire cette croyance qu’un élite peut négliger cet aspect et se concentrer uniquement sur son volume. En fait dans son cas, Agnel n’a pas le gabarit imposant des Américains. Sa force venait avant tout de sa technique.

Dans cet exemple, cela prouve encore une fois que chacun à des besoins différents et qu’une recette n’est peut-être pas la meilleure pour tous.

Souvent, dans le milieu de la haute performance, il existe cet espoir de trouver la méthode parfaite afin d’y avoir qu’une seule vérité. Une sorte d’entonnoir, où il y a forcément quelqu’un qui sortira. Du goutte par goutte. Cela représente ou méthode ou l’athlète doit suivre la marche. À l’inverse, d’autres fédérations n’ont pas ce bassin d’athlètes et donc tentent de s’adapter à chaque athlète. La moralité est qu’il faut s’assurer d’avoir la meilleure méthode pour athlète et qu’il n’y a pas qu’une seule voie. L’exemple d’Agnel est d’autant plus intéressant parce qu’il a réussi avant. S’il n’avait connu que la méthode américaine, il n’aurait peut-être jamais réussi.

On pouvait croire qu’un athlète est sacré champion olympique parce qu’il a justement compris ce qui est le meilleur pour lui. Dans l’échec d’Agnel, cela démontre que le jeu des essais et erreurs est perpétuel.

Si l’on transpose tout cela au triathlon, les adeptes de l’ITU savent qu’il existe une sorte de démarcation entre ceux qui sont en mesure de « faire le pack » ou pas à la sortie de la T1.

En analysant la saison 2014, il est difficile d’analyser les raisons pourquoi un athlète sort une bonne natation ou pas. Entre un départ difficile, des virages qui se sont transformés en combat, des mauvaises aptitudes à évoluer dans l’environnant de la course.

Lorsqu’un triathlète a déjà eu d’excellents temps en natation, le premier réflexe sera de croire qu’il ne nage pas assez. On peut dire exactement la même chose pour la course à pied. Pourtant, il existe des techniques limitantes…

Est-ce qu’un triathlète peut réellement progresser en natation si un coach n’est pas perpétuellement en train de corriger sa technique?

À méditer.

1 commentaire
  1. Bel article Alexandre, souvent j’ai le sentiment quand je te lis que tu es un cran en retard sur ce que j’ai put lire ou entendre, mais la en partant d’un sujet classique, la nécessite d’avoir une bonne technique et de se remettre en question en permanence, on lit un article qui marque.