chronic’ à Xav’ > Special Kona – Je t’aime moi non plus, la France et le mythe Hawaiien

Comme chaque année, lorsque la fin septembre approche, un mélange de mélancolie d’excitation, et d’euphorie m’envahit.

Étrange cocktail d’émotions : la saison est presque finie, les jours raccourcissent, le froid ne va pas tarder à arriver avec les premiers frimas de l’hiver naissant… En même temps, elle arrive… LA course, l’unique événement en définitive, car si il ne devait en rester qu’un ce serait celui-là : L’Ironman d’Hawaii…

Et je suis impatient, car je sais bien que sans même y mettre les pieds, cette épreuve mythique va me permettre comme chaque année de faire le plein de chaleur, de soleil, d’émotions et de souvenirs une dernière fois, avant d’hiberner pour l’hiver en rêvant comme tout le monde d’y mettre un dossard un jour…

L’île de toutes les souffrances

Nous sommes en 1995, Paula Newby Frazer s’apprête à remporter son huitième succès à l’ironman d’Hawaii. Il lui reste quelques centaines de mètres à parcourir. Mais le corps de la Zimbabwéenne n’en peut plus, elle va finalement mettre plus d’une demie heure pour finir ces 400 derniers mètres, au courage et terminer 4e, une poignée de secondes derrière Fernanda Keller.

Treize ans plus tôt, Julie Moss terminait de la même manière devant les caméras du monde entier, c’était le début de la légende d’Hawaii, peut être le véritable acte fondateur du mythe.

En 1997, Wendy Ingraham et Sian Welch se départageront pour la cinquième place sur la ligne dans un « sprint » en rampant au sol… Toutes deux incapables de se relever…

1987, Mark Allen mène depuis le début, mais connaît une spectaculaire défaillance pendant le marathon. L’américain terminera la course dramatiquement déshydraté et… aux urgences… Le même sort attendra son « élève » Chris Legh quelques années plus tard…

L’ironman d’Hawaii est ainsi, rempli de défaillances et de rêves brisés. Mais il est aussi fait d’accomplissement, comme l’édition 1989 où Mark Allen viendra enfin à bout de Dave Scott après 7 tentatives infructueuses… « The grip » devra courir son marathon dans le temps incroyable de 2H40 pour s’arracher des griffes de « the man » à quelques encablures de la ligne. Une performance inégalée plus de 25 ans après…

La légende de cette épreuve s’est construite sur ces histoires, petites ou grandes, et aujourd’hui, personne ne conteste que cette course soit la plus importante de la saison et de loin…

Les français, loin des yeux, loin du cœur ?

Force est de constater que l’Ironman n’a jamais vraiment souri aux français. En 34 éditions, seulement un podium : Isabelle Mouthon, 2emme pour sa première expérience sur l’ile aux volcans en 1995, un véritable exploit à l’époque. (sa sœur Béatrice, 8emme, permettant à la France d’obtenir son unique « double top 10 » à ce jour)

Chez les garçons, le bilan est plutôt maigre avec deux 6e place : François Chabaud en 2002 et Patrick Vernay en 2008.

Le Néo Calédonien réussira deux autres top dix en 2006 et 2007 (10emme).

Yves Cordier aura aussi son top dix en 1989 (8emme) pour son baptême du feu à l’époque (il n’y reviendra bizarrement pourtant jamais pour tenter de faire mieux… )

La palme de la performance française revient tout de même à René Rovera. Le « gouacheur », sortie des eaux du pacifique dans les profondeurs du classement, prendra une incroyable 7emme place en 1998 après un marathon juste démentiel. Sans doute la perf la plus belle et la plus inattendue d’un Français à Hawaii à ce jour…

Un an plus tard, Christophe Buquet finira 9emme lui aussi un peu à la surprise générale…

Car Hawaii, c’est aussi cela, des histoires de vie, de parcours et de révélations.

Eric Plantin, alors encore inconnu au bataillon, un look de rock star avec ses cheveux longs et son bandana sur la tête, touchera son rêve du doigt en 1989 avec la 12e place. Philippe Lie, presque en « touriste », l’année de son sacre européen, finira quand à lui seulement 26emme en 1993. On aurait aimé revoir le Pyrénéen mieux préparé au milieu des champs de lave. Il ne retentera jamais l’expérience.

Enfin, comment ne pas oublier Gérard Honnorat. Notre futur cadre fédéral aura aussi son heure de gloire sur l’ile : « seulement » 31emme certes, mais avec le troisième temps à pieds derrière Allen et Scott en 1989…

Trente-quatre ans… Un podium pour les tricolores. Pendant ce temps, nos voisins allemands cumulent trois victoires, 18 podiums un chiffre impressionnant de top 10. Les Belges, quant à eux se « contentant » de 3 victoires et 5 podiums…

Hawaii, une course « hors cadre » pour la France ?

Malheureusement, les choses ont peu de chance d’évoluer, car aujourd’hui, personne ne semble avoir l’implication nécessaire pour venir monter « sur la boite » de l’Ironman. En tout cas, dans un avenir proche.

Certes, nous avons des athlètes de valeur : Romain Guillaume, Cyril Viennot ou encore Jérémy Jurkiewicz sont en mesure d’approcher voire d’entrer dans le top 10. Mais un top 5 voire un podium semble hors de portée pour l’instant.

Car Hawaii, c’est aussi, enfin, une histoire de culture. Celle de l’Ironman, avec tout ce que cela nécessite au niveau de l’engagement, de l’état d’esprit, mais aussi de l’implication des instances fédérales.

Là où cette course représente l’événement numéro un pour quasiment tout un chacun qu’il soit spectateur ou acteur, force est de constater qu’elle passe complètement inaperçue auprès de nos dirigeants.

Loin des plans de notre fédération et de ses attentes, difficiles pour nos élites, d’être dans les conditions idéales afin de pouvoir rivaliser avec les meilleurs. À ce niveau de la compétition, on ne peut pas courir deux lièvres à la fois…

Face à l’inexistence d’une politique sportive tendant à permettre à nos meilleurs représentants de briller sur l’Ironman, l’unique solution semble être de « se débrouiller tout seul », loin de toute aide fédérale… Patrick Vernay aura presque réussi son rêve il y a quelques années en agissant de la sorte, déterminé et aidé par son club de Beauvais.

Romain Guillaume semble l’avoir lui aussi compris en « signant » dans une structure privée, seul cadre susceptible de lui permettre d’arriver un jour à décrocher ce fameux podium hawaiien.

Difficile de savoir si nos autres « leaders du long » vont s’engager à corps perdu sur le même chemin… Tellement aléatoire et incertain.

Pourtant, une seule certitude : si un jour il y avait en même temps : Viennot, Guillaume, Chevrot, Sudrie, Billard, Jurkiewicz et quelques autres… sur la plage du Pier début octobre, tous les espoirs seraient permis….

 

PS. Oui oui, la photo n’est pas un Français… On ne trouvait rien.

 

 

 

 

 

8 commentaires
  1. Il manque également Xavier Le Floch dans l’historique des pionniers frenchies s’étant aventurés hors-ITU à Hawaii (années 2002, 2003, 2005, 2007)

    1. J’ai hésité à mettre Xavier… Comme j’aurai pu/ou dû mettre Faure, Neveu… La meilleur perf de Xav’ doit être 13emme ou 14emme, ce qui est très bon mais en deçà de soin potentiel de l’époque si il avait eu l’opportunité de courir avec un prépa spéciale pour la course….

  2. La FF TRI n’est pas la seule fédération à ne pas se soucier d’Hawaii. Ce sont presque toutes les fédés car elles ne sont pas là pour ça. La DTU allemande fait exactement pareil c’est à dire rien…, ça n’empêche pas les allemands de briller… Le problème est aussi ailleurs.

    1. Oui, assez d’accord sur la fin de ton intervention… Et je le dit moi même dans l’article, c’est une question de « culture Ironman », je ne met pas tout sur le dos de la fédé…
      Ceci dit, « en off », j’ai déjà entendu par le passé des élites français me dirent qu’ils avaient des pressions quand à leur participation sur telle ou telle course du label Ironman… En gros, « si tu vas là ou là… Pas de sélection…  » Et par ailleurs, la remarque de Trifun au dessus est très juste je trouve…. Concrètement, si on cherche une trace de la plus grande course de l’année sur le site de la fédé Française et bien… Elle n’existe pas, c’est troublant non ?

    2. Denis, t’en fait pas, je suis totalement d’accord sur ce chapitre avec les fédérations nationales. La WTC ne fait rien pour le développement des athlètes. Elle a meme arrêté les courses Ironkids sous forme de triathlon… donc voilà. Après, c’est certain que les fédérations sont forcées de communiquer un minimum sur les athlètes parce que cela reste du triathlon et Kona reste un élément déclencher dans la venue de nouveaux pratiquants.

  3. A bon ????? Certes, elle n’a pas à subventionner des athlètes évoluant sur un circuit pro mais jusqu’à preuve du contraire les courses WTS restent bien des triathlons et rien n’empêche une fédération d’en parler. Vous parlez de la DTU et bien il suffit de taper  »Hawaii » dans le moteur de recherche de la DTU pour se rendre compte que la DTU s’intéresse bien aux résultats des allemands à Kona. D’autres exemples sur le site de la USA triathlon allant jusqu’à mettre à l’honneur le fondateur de l’Ironman, mais ils doivent avoir tort ce sont de tous petits pays . Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un seul article des français à Kona sur le site de la FFTRI. Comme souvent le pouvoir est bien éloigné des attentes du peuple.

    1. TriFun100, je pense qu’il y a une différence entre communiquer et participer aux développements des athlètes pros. Selon moi, aucune fédération nationale s’implique la dedans. Après pour l’USAT, écoute, y a tellement des courses du circuits que la WTC donne pas mal d’argent… Après, ils veulent une reconnaissance en échange et rien n’est fait pour le développement des athlètes. Quand une corporation refuse de s’impliquer la dedans, c’est tout à fait normal que les fédérations ne jouent pas le jeu.

      1. On est d’accord sur l’implication réelle car bien entendu que la FFTri n’ pas à soutenir des athlètes évoluant sur le circuit WTC (Pro). On parle d’argent public géré selon des règles bien précises. Par contre, certaines fédérations ont compris l’intérêt  »d’utiliser » les titres conquis par leurs athlètes sur des courses WTC pour faire grandir leur sport. Car Hawaii reste la vitrine de notre sport en terme de notoriété et de visibilité. Pour ce qui est des retombées financières je pense que Aix …. Nice voir bientôt une troisième course …. donnent également pas mal d’argent. En France certaines personnes sont capables lorsqu’un français va sur le circuit ITU LD de retirer de son palmarès un éventuel top 10 à Kona réalisé 1 ou 2 ans avant, lors d’une conférence de presse ou lors d’une présentation. Un gars est passé à la télé hier en France ça a fait un peu de bruit …. il disait qu’il était  »préférable d’éviter les clivages » … c’est ce que fait la WTC car lorsqu’un athlète court sur l’un de leurs circuits comme Gomez sur 70.3 il crie haut et fort qu’il est champion du monde ITU pour donner encore plus de cachet à leur course.