Les coureurs du Kenya, la fin d’un mythe?

Rita Jeptoo est tombée, son palmarès était pourtant annonciateur, puisqu’elle fait le doublé Boston et Chicago en 2013 et 2014. En d’autres termes, c’est comme gagner le tour de France 4 années de suite. Est-ce qu’on doit aussi tomber dans une logique où tous les gagnants deviennent automatiquement des suspects? Est-ce que les Kenyans pourront retrouver une crédibilité dans le futur et surtout, est-ce que cet accident ne risque pas tout simplement de faire perdre l’intérêt des amateurs pour l’élite en marathon.

Dans cette idée, le record du marathon devient très problématique puisqu’il est l’une des raisons pourquoi la discipline en est rendue là. Les sceptiques vous diront que c’est encore l’argent qui vient de corrompre le sport. Rita Jeptoo aurait dû empocher 500 000$ à New York (gagnante de la série des marathons mondiaux). Pas la peine de vous dire que face à ces gains, des agents ont rapidement vu des opportunités pour faire de l’argent sur le dos d’athlètes peu éduqués.

Évidemment, le succès de Jeptoo coïncide avec un changement d’agent. 

On le savait?
Un reportage d’investigation de la télé allemande ARD avait déjà soulevé le problème dans le passé. Et d’après notre compréhension, il est l’élément déclencheur. Dans ce reportage, il avait été démontré que des agents d’athlètes devenaient tout simplement des revendeurs de drogues. Il est d’ailleurs très difficile de contrôler les Kenyans chez eux et qu’ils ne subissent probablement pas le système ADAMS (un athlète identifié doit fournir tous les jours sa position pour être disponible pour un test inopiné). 

Face à cette problématique, le Kenya a mis en place sa propre commission. Un rapport a été livré en avril. On y apprend que 23% des coureurs connaissent quelqu’un qui se dope. Malheureusement, ce document rassemble les informations pour différents sports.

Quelques informations trouvées.
– 66.4% utilisent des drogues depuis plus de 3 ans.
– 24% des athlètes savent que leurs athlètes prennent une substance interdite.
– La fédération d’athlétisme éduque ses athlètes uniquement lorsque les athlètes sont de niveaux internationaux.
– Seulement 2.5% des athlètes pensent qu’il faut une sanction à vie pour éradiquer le dopage.
– Les substances viendraient principalement du Uganda. Cela risque de ne pas plaire à Stephen Kiprotich, champion olympique et qui vient justement de ce pays.
– La fédération de Rugby a donné des suppléments qui présentaient des traces de stéroïdes.

– Les substances les plus populaires sont : Nandrolone, Boldenone, Norandrone, EPO, Prednisolone, Clenbuterol, Dexa-methasone, Salbutamol, Clomiphene, Predinsone, Methylhexameanine. 

Pas mois de 32 positifs dont 17 durant la saison 2012 et 2013

Dans ce document, on apprend que la fédération a le budget pour faire que 5 tests par an. L’enquête de l’ARD exposait des faits véridiques. Les enquêteurs ont prouvé qu’ils étaient très faciles d’obtenir des substances.

D’après la communauté, ce sont surtout les agents internationaux qui sont les grands acteurs. La fédération qui est d’ailleurs financée par des groupes privés comme Nike a refusé toute collaboration pour cette étude.

Dans leurs mots :
Le président n’a pas été respectueux face aux enquêteurs, voyant cette problématique comme légère et refusant de prendre en considération toutes allégations contre ses athlètes. Le président ne semble pas vouloir prendre la mesure de la gravité du dopage au Kenya. 

Et oui, tout cela semble dépasser le cyclisme. Mais tout cela revient au fait que sans des acteurs qui prennent au sérieux  la lutte contre le dopage, il est naif de croire que le sport peut rester propre.

Aucun commentaire

Commentaire fermé