Édito > La technologie indispensable dispensable de nos montres gps…

La montre sportive est en pleine évolution, à l’image du cellulaire, tout est rapidement dépassé. Le triathlète est désormais plus au courant des récentes sorties en matière de GPS que tout autre sujet en triathlon. J’ai aussi ce penchant, lisant religieusement et en cachette dcrainmaker. Mais, a force d’en essayer, notre intention n’est probablement pas à la bonne place…

Malheureusement, plus le temps passe et plus on se rend compte que le marché s’applique à offrir constamment plus de fonctions. Ceux qui écrivent sur ce type de matériel aiment lister la totalité des possibilités, mais à la fin, lesquelles sont vraiment utiles pour moi. Les évolutions restent très incrémentales et l’affichage des données est très loin de possibilité actuelle. Écran très basse résolution, mauvaise optimisation de l’espace (pixel) … On est très loin de l’ergonomie de nos téléphones. Tout cela est probablement une question de concurrences des marchés. 

On va faire cette analogie, à quoi cela sert d’avoir 100 chaines sur ta télévision si tu ne regardes que 10 chaines. Qui a déjà utilisé la fonction pour revenir sur son point d’origine? Combien de personnes viennent vraiment programmer leur séance sur leur montre? Est-ce que les données sur les dynamiques de courses (temps de contact, longueur de foulée) sont vraiment utiles sur le long terme? 

Une des plus grandes absurdités est probablement le suivi en direct puisque cette fonction vous impose d’avoir un cellulaire avec vous et qu’il est déjà capable de le faire par lui même. Seule la récente montre de Timex One+ qui permet d’offrir cette fonction sans le besoin d’un téléphone présente une vraie nouveauté. Il y a aussi cette nouvelle manie à vouloir recevoir des notifications durant ses entrainements. Est-ce que cela ne brise pas toute la notion de liberté? Si c’est vraiment important, un téléphone ne fait pas l’affaire?

Symptôme d’une époque? Vos montres sont désormais munissent d’accéléromètres. L’industrie pense être en mesure d’estimer votre vitesse en fonction de vos mouvements de bras. Dans la pratique, cela reste très imprécis et c’est une donnée qui n’est tout simplement pas exploitable. C’est encore plus gênant quand les montres ne supportent plus les « footpods » qui sont pourtant mieux calibrés que les GPS. 

On essaye donc de vous imposer un besoin sans que de véritables recherches soient faites pour savoir comment on utilisait une montre. L’ergonomie de ces appareils est généralement très perfectible. Malheureusement, le discours actuel se concentre sur l’aspect fonctionnel de ces montres et non l’analyse des données. On continue d’ajouter des possibilités sans rien optimiser.

C’est d’ailleurs l’aspect fascinant, n’importe quel athlète veut absolument pouvoir capturer toutes ses données, mais ne saura pas, dans la majorité des cas, les analyser correctement.

Estimer tout, tout et tout. 

Tout s’arrête généralement sur le nombre de kilomètres, votre vitesse et le temps passé dans ses zones. L’industrie l’a bien compris et c’est pourquoi elle tente désormais d’analyser vos données pour vous. Avec la nouvelle folie des trackers d’activités, elle nous donne l’impression de tout savoir sur vous et de mieux vous connaitre que vos propres parents.

Une des grandes nouveautés de 2013 était l’estimation de vos temps après avoir effectué une séance et quelques soit vos intensités et longueurs. La montre ne prenant pas en compte votre volume d’entrainement, donner une estimation sur un marathon lorsque vous n’avez jamais couru plus d’une heure est quelque chose d’assez unique. D’autant plus que pour obtenir une estimation, il faut absolument courir avec le GPS et non le footpod. Ironiquement, pour obtenir la meilleure estimation possible, courir sur un tapis avec un footpod facilement bien calibré devrait offrir le meilleur résultat. La montre refuse cette possibilité.

Il est toujours difficile de faire totalement confiance à ces mesures puisque le GPS demeure approximatif. Même si vous courez sur le même parcours, en fonction de la météo, du placement des satellites, les résultats seront différents. Alors, comment savoir si vous avez vraiment gagné quelques secondes sur votre record?

Finalement, on se rend compte qu’il n’y a rien de plus fiable qu’un parcours bien mesuré et un chronomètre classique. Pour être honnête, la Polar RS800 avec son footpod était une superbe montre qui offrait déjà la mesure de la HRV et dont le score « runningindex » était très faible. Malheureusement, le transfert des données par infrarouge était une véritable corvée… 

Faire confiance à une boite noire?

Le problème avec toutes ses estimations, trackers d’activités et qu’il est pratiquement impossible de connaitre les algorithmes en arrière. Comment savoir si la montre comprend bien votre profil? Dans certains cas, vous serez tout simplement trop fort et vos séances seront toujours trop imposantes selon lui. L’outil ne présente alors aucun intérêt.

Comment savoir si votre temps de contact, oscillation verticale sont bien mesurés? Aucune idée.

Les récentes montres font généralement confiance aux algorithmes de FirstBeat, malheureusement quand cela est calculé à partir de la montre, il est impossible de connaitre et de modifier les paramètres. De plus, l’industrie n’évoque jamais la notion d’ une marge d’erreur. Il est impossible de connaitre la véritable précision. Dans les indices de récupération, il n’existe aucune littérature sur l’accumulation entre les différents sports. 

Si vous prenez un marché comme le capteur de puissance, il y a des débats interminables pour juger de la fiabilité et précision d’un produit. Cette clientèle a compris l’importance de cet enjeu. 

Et alors?

Non, on ne dit pas de refuser d’acheter la dernière montre, mais juste de bien comprendre son fonctionnement et de vous instaurer des pratiques pour ne pas être totalement dépendant d’elle.

À faire. Savoir se tester soi-même.

– La piste de 400m est votre ami, il n’y a rien de mieux pour faire vos entrainements et être certains de la précision de vos vitesses.

– Apprendre à courir à l’aveugle, courez sans regardez vos montres en vous donnant comme objectif une vitesse.

– Instaurez-vous des circuits, vous pouvez les faire avec votre vélo (compteur vitesse traditionnelle) pour avoir une idée plus précise de la distance et aussi de vos temps. Essayez de battre vos temps au tour. Vous serez en mesure de voir vos évolutions. Cela vous permettra aussi de comprendre les variations de votre GPS (météo, position des satellites).

Eh oui, on a tout de même hâte d’essayer la 920XT de Garmin parce qu’on attend enfin un produit à maturité. À l’image de certains produits Apple qui damaient le point au PC qui se concentrait justement à accumuler les fonctions. 

 

3 commentaires
  1. En tout cas, un qui semble ne pas s’embêter avec la technologie de mesure le jour-J, c’est Sebastien Kienle. Sur l’épreuve de Kona, il ne semblait posséder ni capteur de puissance en vélo, ni même une montre en c.a.p. Alors que le vainqueur de l’an dernier, FVL, lui, avait un capteur de puissance mais qui a déconné un bon moment, ce qui l’a peut-être perturbé.
    D’où une piste à creuser pour jouer la gagne : embaucher un hacker de satellites GPS ou d’objets connectés 🙂

  2. ca me rappelle le bon vieux débat des années 90 : pour contre un CFM ? Je répondrais que ce sont des trés bons outils (CFM, GPS et autre powermeter) pour apprendre puis affûter ses propres sensations. Pour un débutant, comprendre à quel moment il a changé de filière, l’aider à réaliser l’impact de sa récupération sur ses performances à l’entrainement… et pour quelqu’un qui a déjà de l’expérience, ca permet de confirmer, de mettre au diapason ses propres sentiments.
    Je vais faire une analogie technologique hasardeuse… En voile de compétition, depuis l’avènement des GPS et des centrales de navigation (une unité de calcul en temps réel), la direction et la force du vent sont devenus des informations primordiales. Du décalage entre ce qui est percu sur le voilier et sa propre vitesse sur l’eau découle ce calcul d’autant plus imprécis que les valeurs sont grandes (exemple en multicoque). Je schématise car il faut aussi savoir que les calculs se font par vitesse surface, dont il faut corréler la vitesse du courant elle aussi estimé par le décalage entre la vitesse mesuré par le voilier et ce qu’indiquent le GPS.
    Bref, tout ca pour dire quoi ? Pour dire qu’en mer, on ne se fie qu’à son bon sens, qu’à son sens marin, quoiqu’en disent les instruments. On apprend à affûter ses sensations, et un bon marin va détecter les moindres variations de vent ou de courant, juste par son intuition, et sera conforté par la lecture de ses instruments. Mais à la base, il y a les sensations.
    Pour moi les montres intelligentes et leurs flots de données, parfois imprécis, ne sont que des indicateurs…. mais quel merveilleux outils. On n’est plus à l’ère du vieux chronomètre et des pistes en tartan millimétrées… on est a l’ère du partage numérique, de la dissection des données enregistrées, à la compréhension et à la vulgarisation de l’entraînement !
    Alors qu’importe les défauts ou les imprécisons, si on considère qu’en course… seul compte le GBS (gros bon sens) : le triathlète ne porte pas (encore) des oreillettes il me semble. Il importe d’apprendre son corps afin d’adopter une bonne stratégie de course.