Développement des jeunes > la gloire face à l’engagement – Une question de réalisme

Voici la 3e partie de notre série sur le développement des jeunes.
Chapitre 1 > Commençons par la fin
Chapitre 2 > La place des parents.


Le titre est explicite, malheureusement, la plupart des jeunes mettent la gloire avant l’engagement et certains seront perdus non pas pour des raisons athlétiques, mais pour de mauvaises gestions de carrières.

Avant d’aller plus loin, cette reflexion ne s’adresse pas uniquement à nos jeunes mais à tous les athlètes en général. Avec le nombre grandissant du nombre des épreuves, il est facile de surévaluer son niveau athlétique. Comme disent les français, il y a des champions du monde dans tous les quartiers.

Il existe l’engagement et l’engagement…

Ce constat n’est pas une surprise mais il est rarement évoqué publiquement. Les psychologues du sport américains (qui sont bien placés pour le savoir) sont convaincus que trop de jeunes athlètes sont motivés avant tout par l’illusion de la renommée avant même qu’ils commencent même à comprendre le concept de l’engagement et de leur place face à la compétitivité. En traduction, ils ne font peut-être pas du sport pour les bonnes raisons. Ce concept s’est tellement propagé qu’un jeune qui réussi est devenu suspect et juger.

Si on prend cette problématique à un niveau du développement d’un athlète, le schéma est sans cesse répété. À peine qu’un jeune à du succès au niveau national, qu’il déclare publiquement qu’il souhaite aller aux Jeux Olympiques. La marche est pourtant encore très haute.

Dans une certaine réalité, il est en droit de le souhaiter puisqu’il gagne ses courses, mais d’une certaine façon, avec ce type de propos, il réclame (a différents niveaux) une célébrité instantanée et devra ou pas en payer les contrecoups. L’athlète s’expose.

Les fédérations préfèrent rester discrètes avec cette problématique puisqu’il n’existe jamais de chemin unique. Mais ceux qui connaissent le sport de haut niveau savent très bien que le succès jeune n’offre pas de garantie pour la suite. La marche entre les juniors, les U23 et l’élite est très haute et incertaine. Un exemple parfait, cela a pris 8 ans pour Kristen Sweetland pour monter sur son premier podium en série mondiale, elle qui avait été championne junior en 2006.

Malheureusement, lorsque le jeune affiche un certain réalisme, c’est alors les propos des amateurs qui s’enflamment et viennent créer une environment malsain et lui imposant une pression qu’il n’a peut être pas choisi. Que les messages soient positifs ou négatifs sur les médias sociaux, l’athlète n’a pas le choix de rester très réaliste sur le chemin qu’il lui reste à faire.

la réussite d’un athlète est généralement aussi celle d’un entourage sain.

En fait, l’athlète doit surtout être clair sur ses intentions et ce qu’il l’allume vraiment. On aimerait tant entendre des… je veux voir jusqu’ou je peux me rendre en donnant mon meilleur en étant dédié à mon sport. 

05

Le succès tôt fini par ajouter une pression additionnelle à réussir tout de suite et créera une impatiente dans le développement. Malheureusement, nos jeunes sortent rapidement du sport lorsqu’ils ne rencontrent plus leurs attentes. Il y a donc une sélection qui se ne fait pas uniquement sur le physique mais aussi sur le mental.

Chaque cas est unique, mais un athlète devrait être développé avec des étapes et avec une certaine patiente dans son développement, les meilleurs entraineurs sont justement ceux qui n’ont pas peur de prendre leur temps et ne garantissent pas le succès instantané. Et les meilleurs athlètes sont souvent ceux qui acceptent ce schéma.

Un exemple, si vous connaissez bien le monde du triathlon élite, il est facile de constater que ce sont toujours les mêmes entraineurs qui ont du succès. Il serait facile de croire qu’ils ont des méthodes d’entrainements révolutionnaires, la réalité, c’est qu’ils ont effectivement un savoir, mais ils ont prouvé qu’ils pouvaient former des champions. Les athlètes qui sont sous leur supervision acceptent et comprennent qu’ils devront être commis et ils auront du succès. Ces entraineurs ne se font pas imposés des athlètes et c’est peut-être leur force puisqu’ils ont ce pouvoir d’arrêter une collaboration s’ils pensent qu’un athlète n’a pas ce qu’il faut.

Encore une fois, la relation entre le coach et l’athlète doit impérativement être réaliste.

Ce sont aussi toujours les mêmes athlètes qui durent. Il suffit de parler à Simon Whitfield ou Laurent Vidal pour comprendre qu’ils aiment effectivement le succès et la visibilité mais qu’ils aiment avant tout le processus et s’entrainer. N’importe quelles séances est un challenge qui devrait t’apporter une fierté.

Évidemment, le triathlon est compétitif et il y a toujours cette recherche de devenir le meilleur. À tout prix? Est-ce que seul le résultat doit dicté les sentiments d’un athlète?

Pour finir, la prochaine fois que tu verras les Brownlee ou Gomez gagner, demande toi si leur motivation est dans une recherche à devenir aduler. Leur secret est peut-être ici.

Ce texte a été initialement publié le 5 juin 2013.

 

11 commentaires
  1. J’ose croire que la plupart des jeunes sont coachés.
    J’ose croire que la plupart des coachs sont sous-payés.
    J’ose également croire que ces coachs sous-payés sont *gérés* par des conseils d’administration bénévoles.

    *Produire* rapporte d’avantage que d’être patient, c’est donc pas simple comme problème. Ils ont exactement le même problème en natation.

    Charles

    1. Je pense que c’est de même dans tous les sports au quebec… disons que le role de coach au quebec est assez ingrate en ce moment et qu’on a surtout besoin d’avoir des modèles… qui pourraient leur dire c’est quoi l’acharnement…

      Hier, c’est drole mais Alex Despatie était très juste en conférence de presse sur sa passion dans son sport et sa fameuse recherche perpetuelle de l’excellence…

  2. Ouin, mais tu parles d’un gars qui compétitionnait world scene serior à 15a. Donc pour la patience dans ce cas, on repassera LOL

    Sérieusement, j’ai un article en cours sur un sujet indirectement lié à tout ça. Bien hâte de le publier.

  3. Ecrire un livre sur les tweet d’un mec qui rève trop haut ? C’est chelou Alex. Tu lis trop de tweet, tu devrai faire du vélo a la place.

    1. Comme Pivot…

      Antoine, pour ton info, je suis aussi apprenti agent d’athlète. Donc j’observe les comportement et j’ai quelques connaissances qui ont du succes en dehors du triathlon…

      1. Dans la « vraie » vie il est souvent mal vu d’afficher son ambition.
        Dans le sport je crois que ce n’est pas le cas, l’immense majorité des grand athlètes ont des égo surdimensionnés et ont la conviction qu’ils sont les meilleurs, je crois que sans cette certitude il est pratiquement impossible d’aller au plus haut niveau et de battre les meilleurs.
        C’est sur c’est une attitude qui dérange les gens modeste et qui peut ne pas plaire au sponsors, mais le sport, malgré toute les belles valeurs que l’on souhaite lui attribuer est avant tout une histoire de prédateur, surtout lorsqu’il est solitaire.

        1. Je crois qu’il y a une différence majeur entre croire en soi et afficher ses ambitions.

          Et oui, les athlètes qui ne croient pas en eux, flancheront.

          D’après mon expérience, certains athlètes sont publiquement plus arrogants que ce qu’ils sont vraiment parce que cela permet d’être plus médiatiques et par ce fait, de mieux vivre de leurs sports…

          Il y a un commerce pour cela => Macca.