Edito > Jeu des comparaisons, résultats biaisés et conflit d’intérêt.

En cette fin d’année, c’est l’heure des bilans et d’élire les athlètes de l’année. Quelque soit la discipline sportive et allant même dans l’art, c’est un processus qui est toujours discutable. Les élus sont des choix populaires et ne sont rarement expliqués.

Est-ce qu’un sauteur en hauteur (France) ou une bobsleigeuse (Canada) mérite d’être les athlètes de l’année? Il y a tellement de paramètres à prendre en compte dont la popularité d’un sport. Être reconnu comme le meilleur footballer au monde est probablement nettement plus difficile que dans un sport olympique comptant à peine une centaine de pratiquants. Pourtant nous n’avons plus peur de rien allant jusqu’a mélanger les deux sexes et ne jamais aborder les contextes.

Il existe pourtant ce besoin obsessif de classer les athlètes entre eux. Que cela soit pour les grands honneurs ou pour un financement, comment est-il possible de se faire une idée vraiment fiable si les athlètes ne se confrontent pas dans la même épreuve. Un classement et même un pourcentage en fonction du gagnant n’est pas un indice fiable.

La semaine dernière, on peut souligner l’initiative australienne avec ses jeunes. Au lieu de les classer en fonction d’un test en natation et en course à pied ou encore une course comme le font traditionnellement les différentes fédérations, pendant 3 jours, les espoirs ont du passer 6 tests differents, (aquathlon, 1000m en athlétisme, critérium vélo, et trois différentes distance de triathlon), l’idée est simple, comprendre avant tout le profil de l’athlète.

Pourtant malheureusement le triathlon est complètement fragmenté entre toutes les distances et même les fédérations. À ce jeux tout le monde est devenu une sorte de promoteur de soi-même et préfère généralement dévalorisé ou ignorer la performance des autres puisque cela compromettra leurs valeurs.

Les athlètes en longue distance négligent la courte distance et vice versa. À la fin de l’histoire, chacune des disciplines demandent des spécificités différentes. Avec les multiples compétitions distances, catégories, comme les français nous disent, il y a des champions du monde dans tous les quartiers.

Dans tous ces classements, on se questionnait justement sur la valeur que les athlètes concernés y accordaient. Comme on vous en a déjà parlé, la performance nourrit l’ego. Pour certains, la competition est avant tout une question personnelle, voir jusqu’où on peut se rendre, mais pour d’autres, c’est avant tout une question de hierarchie dans la famille. Le besoin de ce sentir au dessus de la meute.

Est-ce que les athlètes ont vraiment besoin de cette reconnaissance? Il suffit de parler à n’importe quel athlète rationnel pour se rendre compte qu’il est en mesure de mettre en perspective tout cela et réussir à s’en détacher. Malheureusement, ces classements peuvent aussi donner des fausses impressions et même en quelque sorte, blesser des athlètes trouvant les résultats biaisés. Toute cette problématique pourrait être facilement évitant de vouloir tout classer ensemble. Performance marquante de l’année, talent émergent, athlète le plus constant, etc… Moins spectaculaire? Probablement, mais avant tout plus basé sur des aspects quantifiables.

Alors, pourquoi avoir sans cesse besoin de classer les athlètes? Pour leur donner plus de visibilité? Malheureusement, la plupart du temps, il y a toujours un intérêt derriere plus ou moins évident. Besoin de créer le buzz et générer de l’intérêt des sponsors… Malheureusement, c’est un fait qui nous agace particulièrement en triathlon, ce sont les conflits d’intérêts.

Il existe de nombreux rôles ou tu dois être impartial (journaliste) ou que tu dois être réduit au silence lorsque tu es dans l’entourage d’un athlète. Cela est très bien compris dans certains domaines, malheureusement le triathlon est très différent et certains acteurs se sont attribué le rôle d’influencer. Le sport étant petit, la simple critique face à ces gens vous fera sortir de cette famille et vous perdrez donc vos privilèges. Certains athlètes préfèrent donc garder le silence que de risquer d’être exclu. À ce jeu, certains prennent toute la place.

Comme exemple parfait, Barrie Shepley vient de publier son propre classement canadien. Lui qui officie comme commentateur officiel de l’ITU et aussi comme coach de certains athlètes en ITU et en Ironman est pourtant dans une position où il est clairement en conflit d’intérêt.

Cela ne l’empêche pas de prendre la parole évoquant que cela fait plusieurs années qui réclame ce classement à Triathlon Canada. La fédération nationale préfère justement garder les disciplines distinctes. Comment comparer un Top 10 en série mondiale en comparaison à un podium en 70.3 sur des courses qui ne rassemble jamais les meilleurs au monde. On peut probablement parler de l’impact d’un résultat dans la société mais on ne peut en aucun cas   comparer la performance.

Barrie a pourtant décidé de regrouper la longue distance à la courte distance. Par sa position, ce n’est tout simplement pas son rôle de faire ce classement et il est autant plus questionnable qu’il ne soit pas en mesure de voir la problématique de regrouper tous ces athlètes en 1 classement.

Ayant parlé à certains des athlètes mentionner, il vient inévitablement blesser certains athlètes et cela reste notre observation personnelle mais il vient surtout favorisé dans son classement les athlètes de son groupe C3.

Favoritisme? Comment placer Sarah-Anne Brault en 8e position alors qu’elle fait plusieurs top 10 dans les courses les plus compétitives au monde (ITU). Parce qu’elle n’est pas du bon coté de la cloture? Est-ce que Paula Findlay mérite d’être 4e alors qu’elle n’a fait qu’un top 20 à la grande finale.

La même chose chez les hommes. Taylor Reid (coach par Barrie) prend la 10e place du classement devant un athlète comme Russell Pennock ou Xavier Grenier Talavera (champion nord américain).

Ayant discuté avec plusieurs athlètes, ces propos font très souvent plus de ravages chez les élites que les inverses. Autre exemple, Jan Frodeno n’avait particulièrement pas apprécié un tweet en question la vieille de la course, sorte d’attaque gratuite.

Mauvaise interprétation de notre part ou pas, les athlètes canadiens n’étant pas sous le giron de Barrie se font fréquemment critiquer durant ses commentaires de courses. Kristen Sweetland se faisant dire qu’elle court au dessus de ses moyens à Chicago. Elle finira pourtant sur le podium à la course suivante…

Classement biaisé? À vous de choisir. Malheureusement, on a souvent l’impression que les promoteurs sont choses communes dans le sport. Ce qui nous attriste le plus, c’est lorsque la communication n’est plus un moyen de partager mais avant tout un moyen d’influencer pour ses propres intérêt et cela devient de plus en plus commun.

+++++++++++++++

Voici le classement en question. Cliquez sur les liens pour voir ses explications.

+++++++++++++++

Barrie Shepley’s Top Canadian Male Rankings for 2014. 

#1.  Lionel Sanders
#2.  Brent McMahon
#3.  Jeff Symonds
#4.  Andrew Yorke
#5.  Kyle Jones
#6. Trevor Wurtele
#7.  Tyler Mislawchuk
#8. Alex Hinton
#9.  Alexis Lepage
#10. Taylor Reid

BARRIE SHEPLEY’S TOP 10 CANADIAN FEMALE TRIATHLETE’S OF 2014 LIST

#1 Heather Wurtele
#2 Kirsten Sweetland
#3 Angela Duncan Naeth
#4 Paula Findlay
#5 Rachel McBride
#6 Magali Tisseyre
#7 Melanie McQuaid
#8 Sarah Anne Brault
#9 Amelie Kretz
#10 Joanna Brown

Aucun commentaire

Commentaire fermé