Axel Zeebroek se fait trimer > échange avec le jeune retraité.

2014 a été une marquante puisque plusieurs athlètes ont annoncé leur retraite quelque temps après Kona. Le Belge Axel Zeebroek était l’un d’eux. Il a marqué les esprits avec son échappé durant les jeux olympiques de Bejing. L’une des dernières courses ITU où les brownlee n’agissaient pas encore comme commandant. Puis, Axel s’est dirigé vers l’Ironman où il trouvera surtout du succès en 70.3. Trimes s’est donc entretenu avec lui pour en savoir plus sur les raisons de sa retraite et avoir son opinion actuelle sur le sport. 

Peu de temps après Kona, tu annonceras ta retraite. Même si cela a été une surprise pour nous, est-ce que ton idée était déjà faite avant?

L’idée de mettre un terme à ma carrière n’était certainement pas une envie de ma part. Mon contrat avec le team se terminait en décembre et au vu des résultats de l’équipe durant cette saison, je savais que ma place était en jeu.

J’ai, via mon coach Michael Krueger, parlé avec le manager du team après IM Melbourne pour savoir ce qu’ils attendaient de moi pour reconduire mon contrat en 2015. La réponse fut simple et sans surprise : une victoire sur IM.
Je n’avais pas beaucoup de possibilité au vue du timing entre Melbourne et Kona. Nous avons décidé de mettre le cap sur IM UK fin juillet. C’est une course qui me plaît : parcours, conditions météorologiques.
Malheureusement, je me suis blessé fin avril, juste au début du stage team à Mallorca. Une inflammation sous le pied qui m’a fort perturbé pendant tout le reste de la saison finalement !

Après avoir terminé 4ème à Bolton alors que j’avais mené la course pendant un long moment pour la 2ème fois de la saison, je savais que mon avenir professionnel était compromis. J’en ai parlé avec Michael et je lui ai dit très clairement ma non-intention de rechercher des sponsors pour 2015. Après avoir connu le « luxe » du team UPLACE-BMC et 19 années de triathlon dont 14 comme professionnel, je ne voulais plus revenir en arrière.

D’ailleurs, pour ces derniers championnats du monde, tu cacheras ta blessure. J’imagine que cela n’a pas été facile a dissimuler.

Oui car j’ai dû mentir et je n’aime pas cela 😉

10491161_10152178057872393_6244442559136807865_nPhoto par Ellen Rombouts

Tu tenteras d’aider Bart Aernouts, comment cette idée s’est présenté à toi. Peux tu nous en dire plus?

Comme je n’avais pas gagné à Bolton et que ma blessure était toujours un frein à un travail correct, je décidais dans un 1er temps avec Michael que je ne participerai pas à Kona cette année : Il m’était impossible d’être à 100% pour la course. De plus, je suis réaliste, la victoire à Kona était pour moi quelque chose d’impossible.
Notre idée était donc de me remettre à 100% de ma blessure et de tenter ma chance une dernière fois en fin de saison sur IM.
Quand j’en ai parlé au manager, il m’a dit que c’était important pour la communication de l’équipe et pour l’image d’avoir un maximum d’athlètes au départ à Kona. C’est à ce moment-là qu’ils m’ont fait part de l’idée de travailler pour Bart en natation et en vélo.

Dans un premier temps, j’ai d’abord pensez à moi et j’ai répondu qu’en faisant cela, je savais que je ne pourrai pas remplir mes obligations en vue de la reconduction de mon contrat.

Ensuite, je me suis dit que si le plan fonctionnait, cela pourrait être une nouvelle façon pour moi de prolonger et de réorienter la fin de ma carrière : j’imaginais aider l’un ou l’autre collègue sur certaines courses et en contrepartie, tenter d’autres choses comme les mondiaux ITU longue distance, le triathlon de l’Alpe d’Huez, voir Embrun. Il y a tellement de belles courses.

Hélas, comme 3 fois en 4 participations, ma course à Kona a été tout simplement mauvaise : cette course n’est pas faite pour moi ! D’ailleurs, après la course, j’ai dit que je n’y reviendrai plus.

Dommage, ça m’aurait fait plaisir d’aider Bart (un mec vraiment sympa et talentueux) et d’écrire « une page de l’histoire du triathlon » 😉 Mais je ne m’en fait pas pour lui, il a suffisament de talent pour y arriver seul 😉

10409623_803579686367199_3092436899852917778_nCette dernière année, tu faisais justement parti de la super équipe de la BMC, lorsque la structure annonce que ton contrat ne sera pas renouvelé, on imagine que repartir de zero et trouver a nouveau des sponsors, cela semble démontrer que le statut des athlètes reste très précaire tout de même, non.

Il est vrai que la situation d’un triathlète pro n’est pas évidente…mais finalement, mis à part les « grands sport » c’est le cas pour un grand nombre de sportif professionnels je pense.

Nous sommes des passionnés. J’ai même envie de dire des artisans, c’est une bonne définition, selon-moi, du triathlète pro…exception faite du UPLACE-BMC pro triathlon team qui est une structure unique !

Peux tu nous parler du climat actuelle face à l’Ironman en Belgique. Avec le succès de FVL et le passé, est-ce que le sport qui continu à se populariser?

C’est une discipline qui est assez populaire en effet, d’ailleurs, que Fré ai reçu le mérite sportif nationale pour sa victoire à Kona en est la preuve. Le fait que le team soit une initiative 100% Belge à la base montre qu’il y a du potentiel sportif et financier.

Il m’est arrivé quelques fois, à mon humble niveau, d’être reconnu par des passants en faisant mes courses en famille 😉
Dommage qu’il n’y ai plus de course labellisé IM, cela apporte aussi une belle visibilité dans les médias.

Avant de faire des Ironmans, tu étais en ITU et tes bonnes performances en longue distance demeure avant tout en 70.3. As tu l’impression d’avoir couru après une distance (ironman) qui n’était pas faite pour toi?

J’ai compris cette année, surtout à Melbourne, où j’étais dans la forme de ma vie, qu’il me manquerait probablement toujours le petit plus qui fait la différence dans la 2ème partie du marathon. C’est ainsi, il faut savoir accepté ses limites.

Je sais que tu as déjà exprimé ta deception de n’avoir jamais sorti le marathon que tu aurais voulu faire. Comment expliques tu cela…

C’est une bonne question, je crois simplement que la distance IM n’est pas faite pour moi! Je sais que sur le papier, je suis capable de sortir un marathon en 2h50. J’ai vraiment cru à Melbourne que j’allais le faire…jusque 20èm km!

Michael, qui a une très grande expérience, m’a tout simplement dit : « tu sais, il y a d’autres athlètes très talentueux qui n’ont jamais réussi sur la distance sans vraiment pouvoir donner une explication rationnelle »

Que ce soit, physique, ou mentale, c’est un fait. J’ai fait 17-18 IM en changeant plusieurs fois de stratégie et je n’ai jamais réussi un bon marathon. Mon meilleur chrono reste mes 2h57 à Frankfurt en 2013 en passant 1h21 au semi!

Bevan Docherty annonçait aussi sa retraite, ce qui est étonnant est que même avec ses deux médailles olympiques, il part avec une sorte de déception alors que son bilan fait rêver… As-tu ce sentiment de partir avec une impression de semi-échec?   

Je n’ai pas la prétention de me comparer à Bevan qui est un grand monsieur du triathlon.

Ceci-dit, je n’ai aucuns regrets, que de bons et de moins bons souvenirs qui sont pour toujours dans mon esprit et dans mon cœur. Si il y a bien une chose que j’ai appris au long de ces années, c’est que vivre dans le passé est la meilleur façon de ne pas vivre dans le présent.

Alors, se dire : « j’aurai dû ou j’aurai pû » ça ne sert à rien !

Ma plus grande fierté, c’est d’avoir réaliser mon rêve de gosse de participer aux JO…et cerise sur le gâteau, d’avoir fait la course comme je l’aime : en m’échappant en vélo et avec un pote en plus.

D’ailleurs, comme tu le dis, tu t’étais échappé avec Dirk Bockel et tu avais après tout terminé 13e. Malgré ton départ pour Ironman, es-tu resté proche du milieu de l’ITU?

Oui et non.

Oui car beaucoup d’athlètes de l’ITU sont passés sur le long +/- en même temps que moi.

Non car, je n’ai plus du tout participé à des manches ITU ou ETU. J’ai encore fait une saison en D2 avec Besançon tri en 2009 où j’ai pris beaucoup de plaisir d’ailleurs !

Comment voudrais tu qu’on se rappelle de toi dans le milieu?

Je n’ai pas la prétention de penser que mon nom restera longtemps dans les mémoires 😉
Ce que je peux dire, c’est que j’ai toujours été moi-même. Le plaisir, voir même le jeu, ont toujours été les éléments qui m’ont poussés à faire mon travail. Donc, si, dans le futur, quelqu’un devait me raconter, c’est cela qu’il me plairait d’entendre :
Axel, un mec qui savait s’amuser dans son travail 😉

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Il parait que tu collectionnes les anecdotes… en as tu une pour nous?

En voici une parmi beaucoup 😉

Lors d’un championnat de Belgique distance olympique, la natation se déroule en ligne droite dans un canal, donc, nous devons marcher les 1500m le long de la berge pour nous rendre au départ. En chemin, je plaisante, je discute avec tout le monde…bref, je me concentre à ma manière 😉 Arrivé au départ 15’-20’ avant le départ, je discute (encore) avec Peter Croes et Fré et d’autres favoris. Au moment de mettre la combi, Peter Croes me fait remarquer que je n’ai pas mis mon top ! En effet, merci…le problème, c’est que je ne l’avais laissé dans ma voiture ! Moment de panique pour moi et de rire pour mes adversaires. Finalement, j’ai mis mon maillot vélo sous la combi et j’ai fait la course comme un débutant avec un maillot vélo trempé qui prenait bien le vent !

Et maintenant? Quels sont tes plans? Je sais que tu voudrais aider les autres.

Pas mal de temps est déjà passé depuis début novembre. J’ai la chance d’avoir trouvé du travail fin décembre au Luxembourg chez ASPORT, un magasin de sport très connu.
Je suis responsable du corner running. A terme, nous allons proposer toute une gamme de produits pour les triathlètes : vélos, vêtements, nutritions, accessoires…tout ce dont un triathlète peut avoir besoin pour sa pratique au quotidien, et ça, je connais !

Bien sûr, j’aurai apprécié partager mon expérience. D’ailleurs, cela peut encore se produire. Mais sous certaines conditions.

Ma priorité aujourd’hui, c’est ma famille : ma femme Nancy, mon fils Nicolas de presque 4 ans et ma petite fille Anaïs qui va naître aux alentours du 14 février.

Donc, me lancer dans un boulot qui m’envoie partout en réunion, en compétition, en stage avec des athlètes ne fait pas parties de mes envies. J’ai déjà donné.

Tu ne sembles pas prêt a arrêter le sport tout de même non… tu continuais à rouler. Restez actif restera en toi non?

Bien sûr, je ne peux pas rester sans rien faire. Tant d’années à bouger, c’est dans mes gênes.
Je bosse 40h/sem + 2h de route chaque jour, donc, pas beaucoup de temps. Je m’organise pour courir 3 à 4 fois semaines. Quand les beaux jours reviendront, j’ai l’intention de me rendre au travail en vélo (65-70km) de temps en temps.
J’ai besoin de me dépenser, aussi parce que passer de tout à rien du jour au lendemain peut se révéler même dangereux pour la santé.
J’ai également appris à apprécier grâce à ma femme, la marche dans la magnifique région où j’habite, les Ardennes Belge.
Pour le moment, je ne ressens pas l’envie de refaire du triathlon. Mais si cela devait arriver, j’aviserai en temps voulu 😉
Pour moi, c’est une belle page qui se tourne…mais le livre est loin d’être fini.

Voudrais tu ajouter quelque chose?

Juste MERCI à toutes les personnes qui m’ont permis de vivre ma passion toutes ces années !

 

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