La chronic’ de Xa > Merci monsieur José Martinez !

Au cœur de cet hiver bien froid, j’ai vu débarquer il y a peu, un personnage singulier et attachant : José Martinez

Jean Yanne fait du triathlon… Et pourquoi pas ?

Le débardeur sale et suintant à souhait, le cheveu gras et le teint terreux, des faux airs de Jean Yanne dans le style, la verve et le second degré, José Martinez dézingue le petit monde du triathlon et ses poncifs tout en se jetant à l’eau et en se coltinant des sorties vélo ou des entrainements à la salle de gym.

Notre moustachu maîtrise le lâché de merguez avec une maestria qui frôle l’œuvre d’art. Sa culbute en natation est un modèle du genre en matière d’inéficacité, et il ne perd pas une occasion pour mater, goguenard, les fessiers galbés de ces demoiselles…

L’effort intense, de tout évidence, c’est pas vraiment son truc. José, c’est un peu l’anti thèse de l’image qu’on se fait du triathlète : aucune hygiène de vie, un brin méchant et cabochard, un poil moqueur… Le vrai bof comme on les aime, authentique, sans honte ni retenue.

Oui, aussi étrange que cela puisse paraître, j’aime bien ce personnage parce qu’il me renvoie à tous mes travers de triathlète : un gestion presque maladive de mon emploi du temps, une obsession du poids et de mon niveau de « fitness », un soucis permanent de ma plastique, de mon style et de mon image en toutes circonstances. Et aussi, il faut bien le reconnaître, un manque cruel de recul et d’autodérision.

Et si je suis honnête avec moi même, je dois concéder qu’à chaque fois que je rencontre des « José » comme celui là, j’ai la fâcheuse tendance à me moquer gentiment et/ou à me plaindre pour peu qu’ils viennent empiéter sur mes plates bandes dans les lignes d’eau par exemple

Brigade du style »

Parce que ne nous trompons pas, si cette série grossit exagérément le trait, c’est bien de cela dont il s’agit au fond : le manque de tolérance dans une pratique qui, de fait, à tendance à exclure les plus faibles, les moins entrainés, les moins affûtés aussi voire, dans le pire des cas, ceux qui n’ont pas les moyens de pratiquer notre beau sport dans les même conditions que les autres.

Le triathlon est prisonnier aujourd’hui de son image un peu trop lisse. Nous participons à cela avec des procédés plus ou moins tacites de mise à l’écart des personnes qui nous apparaissent comme pouvant potentiellement mettre à mal l’image du triathlète parfaitement équipé, sain, non fumeur et affûté de préférence.

Cela peut paraître anecdotique mais j’ai vu arriver sur les réseaux sociaux il y a peu des « brigades du style ». Deux mots qui côte à côte, me font froid dans le dos… Tout comme les commentaires que l’on peut y lire à la lecture de telle ou telle photo correspondant ou non au style « qui conviendrait… » Et afin de savoir si on « valide » ou pas…

Faut il avoir le niveau suffisant, le bon maillot ou le bon physique pour espérer faire partie du groupe ? Evidemment, là encore j’exagère, il y a beaucoup de second degré aussi sur les forums et les réseaux sociaux, mais nous devons rester vigilant, rien n’est anodin…

Satire, caricature et représentations

En tant que coach, je le vis au quotidien. Inutile d’avoir fait des longues études en sociologie pour se rendre compte de toutes ces petites choses qui, dans les comportements, les habitudes et les non dits et autres regards, exclus ou tendent à écarter plus ou moins consciemment tel ou tel personne pour peu qu’elle ne soit pas, ou ne veuille pas se fondre dans le moule.

Le triathlon appartient à tout le monde, c’est la morale que moi je retire de cette petite campagne ô combien rafraîchissante de la FFTRI. Il appartient aux jeunes, aux vieux, aux gros et aux maigres. Aux parfaits ascètes comme aux fêtards invétérés. Aux smicards et aux chefs d’entreprises, aux adeptes du régime dissocié Suédois comme aux mangeurs de pizza, de frites bien grasses et aux buveur de bières ou de sodas.

Je ne sais pas si cette histoire de José a pour but premier de nous rappeler cela au fond. C’en en tout cas la réflexion que cette série, et les réactions violentes et pitoyables que j’ai pu lire sur les forums m’inspire. Car tout le monde l’aura comprit, José n’est pas « contre » le triathlon et notre sport, depuis bien longtemps, n’est plus un « truc de ouf ».

Oui, notre José ne sait pas faire de culbute… Combien de triathlètes la maîtrise réellement « pour de vrai » ? Notre José passe plus de temps à parler qu’à agir… Combien d’entre nous prenons les lieux de pratiques plus pour des lieux de représentation que pour des lieux d’entraînement ?

Et si en définitive, José était « plus vrai que nature » ? Et que c’est cela au final qui nous dérangerait le plus, son côté ridicule étant pour une bonne par le notre ?

Si « j’osais » (en deux mots !), je dirais même que la lecture de certains commentaires me fait penser que tout cela est finalement dû à une difficulté pour beaucoup d’entre nous à accepter la caricature et la satire… Beaucoup se comportant comme des Ayatollah du triple effort, capable de dire ce qu’il est acceptable de communiquer ou non concernant notre discipline… Lorsque la moquerie et la critique sont vilipendées je trouve toujours cela inquiétant. Attention, notre discipline n’est pas une relique sacrée. Pourtant, à lire et à écouter certains, on en vient presque à se dire que cette petite série est considérée comme blasphématoire… Par les temps qui courent, cela peut faire réfléchir. Mais il est vrai que parfois, la pratique sportive peut devenir une véritable religion… Lorsque l’addiction fait perdre la raison et le sens critique…

C’est vrai, José est excessif et brutal, il peut choquer, mais c’est ça qui est bon ! Non ?

Choquer et faire réagir, peut être que cela était d’ailleurs l’objectif premier de cette campagne. J’espère que cela ne se limitera pas à cet aspect car je resterais sur ma faim… La suite nous le dira.

Puisqu’il faut absolument garder un peu de recul…Pour terminer ma petite chronique, je laisse la dernière formule gentiment saugrenu à José : « L’éthique de l’effort, ça s’appelle, le geste parfait »

A bon entendeur 😉

 

6 commentaires
  1. Chipolatas et Kanterbrau…
    C’est que je l’aime moi, José 😉 Le seul reproche que je lui fais lui et son buzz, c’est de ne viser que les triathlètes et non un public élargi (des trails, de la course sur route, du cyclisme, du velo de montagne etc…) !
    Mais il a le mérite de verser dans l’autodérision et d’introduire un peu souplesse d’esprit. Je me demande quand même si l’acteur fait vraiment du triathlon : ca serait drôle de le voir se faire chambrer sur une épreuve 😉
    Allez José, continue ! Il y en a trop qui se prennent trop au sérieux…

  2. Et bien moi, je dis bravo pour cette chronique, une analyse parfaite du monde du triahtlon et de ses travers. J’adore, mais le problème, c’est que les personnes « visées » ne vont pas comprendre cette chronique, dommage…

  3. Une remarque : je ne pratique pas le triathlon, mais je n’ai pas l’impression qu’il existe une version « amateur » ou « randonnée » du triathlon, comme dans le vélo par exemple (cyclo ou vtt) où l’on retrouve dans extrêmes à l’autre, les compétiteurs et les randonneurs (avec une large gamme de nuance entre les deux). Est-ce que la nature même du triathlon oblige à ne pratiquer qu’en compétition ? Est-ce l’absence d’une pratique en dilettante qui force le côté élitiste de ce sport ?

    1. Bonjour, l’année dernière j’ai réalisé un rando tri : sans chrono, sans classement et avec une organisation qui permet de découvrir/pratiquer en toute sécurité à son rythme (parc à vélo, bénévoles pour sécuriser le parcours vélo), le tout dan une ambiance très détendue et bon enfant, à un tarif ridicule (5€…). Il y a également les formules où on peut choisir sa propre distance le long du parcours.

      Le côté élitiste existe, mais pas plus que dans les autres sports que j’ai été amené à pratiquer (CAP, tennis) et il faut juste laisser les égos surdimensionnés vivre dans leur monde et pratiquer pour se faire plaisir avant tout :). Côté investissement : le format découverte ne demande pas de préparation physique particulière, juste être en bonne santé. Pour le matériel, il y a des combis qui coûtent moins cher que des chaussures de running moyen/haut de gamme et avec un vtt cela suffit largement pour faire du triathlon. Inutile d’investir dans une combi à 500€ ou un vélo de clm à 5000€ quand le plus gros du gain en performance passe par une meilleure condition physique 😉
      C’est à mon avis l’erreur dans les clips de « José », le côté accessibilité et ludique ne ressort pas suffisamment (je ne dis pas que c’est évident à faire, mais en se concentrant moins sur le personnage et montrant le décalage de son préjugé avec les pratiquant qui sont cantonnés à de très courts arrière-plans, cela serait à mon avis mieux ressorti).

  4. Salut.
    En ce qui me concerne, j’ai surtout vu sur les forums beaucoup de critiques vis à vis du mode opératoire de la fédé et notamment ces « faux » courriels envoyés aux adhérents.

    Et sur le fond, se moquer de l’aspect sérieux du triathlon ou de ses pratiquants en caricaturant les non-triathlètes avec ce José « merguez party » Martinez, est-ce vraiment judicieux ? Ils en pensent quoi les non-triathlètes (« cibles » de la campagne, non) ? Ils s’identifient et se licencient sur le champ ?

    A+