À quoi s’attendre #2 – ITU Série Mondiale 2015 > Une année sous le signe du vélo?

Le triathlon est un sport où l’on voit énormément d’action-réaction. Les fédérations nationales (NFs) sont sans cesse en train d’ajuster à la hausse les paramètres physiques pour réussir dans la discipline. À ce jeu, il existe des tendances dans le développement des athlètes qui auront des conséquences importantes sur les dynamiques de courses. 

Avant l’arrivée des Brownlee, il n’y avait pas réellement d’athlètes prêts et attendus pour prendre les commandes de toutes les courses. Le jeu était d’attendre son tour et de rentrer en T2 en ayant gardé le maximum d’énergie. On évoquait le vélo comme le sport oublié. Encore de nos jours, certaines fédérations font le choix de mettre le vélo en retrait dans le développement d’un athlète prétendant que cela reste la faculté la plus facile à développer. 

On observe pourtant des athlètes qui ne réussiront jamais à obtenir le niveau nécessaire à deux roues. Cela s’explique par deux raisons. Une lacune au niveau de la technique. Mauvais positionnement dans les groupes. Incapacité à bien aborder les virages, mais surtout, l’athlète n’a pas cette faculté de souffrir à vélo (tolérance pour rester à un haut pourcentage de son Vo2max). Ces athlètes sont vulnérables, mais ils doivent encore être mis en danger pour céder. 

La domination des Brownlee s’explique justement par leur force dans les 3 sports. Alors que les concurrents s’entrainaient pour être assez rapides pour suivre en natation et en vélo et donc rester dans la course, eux veulent s’assurer de faire la différence à tout moment de la course. En étant constamment dans un effort poussé, ils restent maitres de la course.

Ces 4 dernières années, ils se sont assurés de faire la différence en natation et de rejoindre la T2 avec un groupe limité entre 8 et 20 athlètes. 

La grande question est de savoir si les deux Britanniques sont toujours les meilleurs coureurs du circuit. La période post olympique (Londres) a été marqué par une domination espagnole avec Gomez et Mola. Alors que les frangins du Yorkshire ne se faisaient battre en course à pied, les choses ont changé. La victoire au sprint de Gomez à Londres 2013 sur Jo a eu un impact important. Psychologiquement, les Anglais n’ont plus cette assurance de pouvoir battre les Espagnols et la grande problématique est que Jo et Ali savent que leurs corps ne sont pas en mesure de tenir un volume trop important à pied. 

En fin de saison 2014, on retrouvera finalement l’Alistair déterminant (retour de blessure). Il sera marqué par une attitude encore plus offensive à vélo. Que cela au Commonwealth, à Stockholm ou encore à Edmonton, ne jouant pas le classement général, Alistair accompagné de son frère ou pas démontre qu’il peut faire de la différence sans solliciter l’aide d’un groupe de taille moyenne (minimum de 8 athlètes). 

Rares sont les athlètes capables de l’aider… L’attaque impossible?
Son succès à Londres était le produit d’une recette développé longtemps à l’avance. Cela lui a permis de prendre l’ascendant psychologique sur les autres. Avec le parcours offert à Rio qui sera extrêmement difficile et technique, jamais les Brownlee n’auront autant d’intérêt que faire la différence à vélo. Comme on l’a déjà mentionné, on peut s’attendre à voir la GBtri leur fournir un domestique pour les aider dans une tactique à vélo très offensive. Les Brownlees n’ont plus cette garantie de battre les Espagnols et probablement d’autres…  Une nouvelle génération est sur le point d’arrivée. Sans oublier ceux qui retrouveront finalement leurs facultés à l’approche des jeux. 

Scénario inverse chez les femmes?
Gwen Jorgensen domine totalement la discipline et pourtant elle n’est pas du tout en mesure de contrôler la course avant la T2. Dans son cas, elle doit s’assurer de limiter les dégâts. Face à son incroyable talent en course à pied, ses adversaires se doivent de l’attaquer à vélo. Il ne fait aucun doute qu’une Anne Haug et Nicola Spirig tenteront de la distancer à vélo. On se rappellera aussi du manque d’entente chez les femmes à Edmonton où elles auraient finalement pu priver de victoire Jorgensen. 

Une question de priorité…
Chez les élites, il existe un questionnement perpétuel sur la répartition du volume sur les trois sports. D’après notre compréhension, la bande du Yorkshire passe beaucoup de temps à vélo. Dans le cas de Gwen Jorgensen, elle est aussi consciente que sa victoire à Rio sera possible uniquement si elle est en mesure de progresser à vélo. 

On pense souvent qu’en ITU, pour bien courir, il faut faire énormément d’entrainement spécifique et donc faire le plus d’intensité possible dans cette discipline. On s’imagine que les ITUiens font 2 sessions de piste par semaine et pourtant… Pour pouvoir bien courir la dernière discipline, il faut avant tout ne pas être trop entamé et donc être très fort à vélo pour encaisser le rythme des meilleurs cyclistes.

En 2015, on s’attend à assister à des courses excitantes sans temps mort à vélo ou les athlètes voudront contrôler plus que jamais leurs sorts. 

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