Conseils d’expert – Laurent Vidal > On parle des enjeux dans la planification Olympique et d’Auckland.

Nouvelle rubrique sur Trimes, on souhaite donner la parole aux experts sur des sujets précis. Pour parler d’ITU, sans l’ombre d’un doute, Laurent Vidal était notre premier choix. Avec lui, on va tenter de mieux interpréter les différents phénomènes observés sur le circuit ITU. Voici notre première collaboration.

Es-tu étonné par les absences à Auckland. Cela donne impression que le titre mondial est déjà secondaire à quelques exceptions près.

En réalité, il faut analyser les « starting lists » des deux courses et effectivement, chez les garçons pas mal d’athlètes ont décidé de faire l’impasse sur Auckland au contraire chez les filles, il y a tout le monde sauf celles qui ont des soucis de santé.

Je pense néanmoins qu’il est encore un peu tôt pour spéculer sur ceux qui voudront ou non jouer le titre mondial, la WTS nous offre dix courses cette année et il ne faut pas oublier que seulement six compteront pour le classement final.

On assiste donc à des stratégies variées de la part des athlètes pour qui, il ne faut pas l’oublier, l’objectif majeur sera une qualification olympique dès cette saison (qui, pour beaucoup, se jouera sur Rio et qui n’est pas une étape de la WTS!).

Ce qui est intéressant c’est de voir que cette année, les priorités sont établies et cela explique des programmes aussi disparates; entre points olympiques, qualification olympique et classement de la série mondiale (WTS), il ne faut pas se tromper d’objectif et savoir faire en fonction de ses qualités.

Auckland étant la seule course avec un parcours vélo proche de celui de Rio, est-ce que certains athlètes préfèrent cacher les jeux?

C’est sur qu’Auckland est l’une des courses les plus exigeantes du circuit, mais je crois que les athlètes qui veulent être forts sur Rio ont déjà attaqué leur préparation en ce sens. Je ne pense pas que « cacher son jeu » soit un réel choix, il s’agit plus d’une question de « timing » par rapport à la planification d’une montée en puissance vers un objectif donné dans la saison.

À quel point faire des compétitions peut ralentir sa préparation pour le Test Event à Rio? Pourquoi n’y a-t-il pas de consensus dans les planifications ?

Pour ma part, je considère que les compétitions font partie intégrante de la préparation et elles sont fort utiles pour développer pas mal d’aspects assez difficiles d’aller chercher à l’entrainement.

En terme de planification, c’est là que le rôle de l’entraineur rentre en jeu, chacun doit composer avec les spéficités de son athlète et en fonction des exigences des fédérations et de l’ITU.

Ce qui est intéressant à 16 mois des Jeux, c’est que nous avons des athlètes complètement différents les uns des autres, mais qui ont tous pour objectif d’être performant en aout 2016. Là aussi, il faut savoir faire la différence entre un athlète expérimenté qui sait exactement ce qu’il a à faire pour performer et valider son programme olympique, d’un athlète moins confirmé pour qui accumuler les courses peut être une façon de gagner en expérience d’ici Rio 2016.

Une campagne olympique c’est très subtil et au final, c’est savoir « faire les bons choix au bon moment » qui fait la différence.

Est-ce qu’il y a un certain risque de perdre ses repères lorsqu’on est trop longtemps à l’écart du circuit?

Encore une fois, cela dépend de l’athlète, lorsqu’on se connait bien et que l’on a une bonne préparation, il n’y a pas de crainte à avoir. Pour d’autres, il est rassurant de se confronter souvent et enfin, certains n’ont pas trop le choix, car ils doivent impérativement marquer des points…

Néanmoins, avec l’organisation de la série mondiale et l’attribution des dossards olympiques, il parait de plus en plus difficile de ne pas courir fréquemment… sans pour autant faire de concession sur la perf’.

Malgré l’incertitude de notre sport, nous avons déjà une bonne idée du type de course qu’il faudra réaliser pour se qualifier aux Jeux et pour performer le jour des JO.

Le niveau est dense, mais cela ne se révolutionne pas, l’important c’est de trouver l’équilibre pour chaque athlète afin d’atteindre 100% de son potentiel au moment voulu.

Peux-tu nous décrire le parcours d’Auckland? À quoi t’attends-tu comme course.

La natation est dans le port sur deux tours, il peut y avoir de la houle, mais cela ne sera pas déterminant, ce qui le sera en revanche c’est la détermination autour des bouées.

La météo peut jouer un grand rôle à Auckland sur le parcours vélo, il s’agit d’un circuit sans temps mort. Un petit aller-retour exposé au vent en bord de mer et un enchaînement de trois montées et trois descentes avec trois demi-tours en plus; le tout à faire huit fois. C’est un parcours pour « costaud » aussi bien physiquement que techniquement.

La course à pied est dans la lignée de la partie cycliste, elle finira par vider musculairement les athlètes.

Pour le scénario de course, il peut y avoir un grand spectacle, le parcours s’y prête, mais comme toujours, ce seront les athlètes qui décideront.

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