Ce qu’on a appris > ITU Auckland WTS, la hiérarchie rétablie sur distance olympique

Les absents ont toujours tort?

En analysant cette course, il est important de prendre en considération l’absence de nombreux d’athlètes. Que cela soit chez les hommes ou les femmes, la moitié des participants habituels n’étaient pas présents à Abu Dhabi. C’est encore plus vrai avec les femmes puisque avec les absences des vedettes du circuit  (Stimpson, Jenkins, Spirig, Stanford, Denshaw, Jackson). La liste est longue et confirme l’idée que les retours (forme ou de blessure) seront progressifs. 

Il ne fait aussi aucun doute que certains athlètes ont préféré ne pas prendre le départ de cette course.

Des débuts compliqués.

Simon Viain (FR) peut se féliciter de son entrée en WTS. Pour d’autres athlètes pour qui s’était la première série mondiale, ce fut plus difficile. Même si cela demeure une expérience primordiale dans le développement des athlètes, on peut se questionner si Auckland n’est pas un cadeau empoisonné. Faire le saut de la coupe du monde à la série mondiale n’est jamais facile, peut-être qu’il faudrait s’assurer de les aligner sur la distance sprint avant. 

Auckland, ce n’est qu’un en revoir? 

Les rumeurs sont présentes, elles laissent croire qu’Auckland ne sera plus au calendrier 2016. Fermer le centre-ville d’Auckland aurait trop d’impacts. On peut espérer le retour de Kitzbuhel en WTS ou une course remplaçante avec les mêmes caractéristiques. Sinon, cela sera la fin des parcours mettant en valeur les grimpeurs.

Des courses qui se jouent sur des détails? 

On l’a déjà mentionné dans le passé. En fonction du classement mondial, les athlètes choisissent chacun à leur tour leur position sur le ponton. Pour la première fois de sa carrière, Mola avait cet honneur. Généralement, Gomez ou les Brownlee se placent toujours sur les côtés intérieurs des parcours. En éliminant des compétiteurs sur un côté, ils s’assurent de contrôler leur environnement. Généralement, les leaders sont donc regroupés. 

Mola s’est donc positionné au milieu du ponton, il se placera entre Knabl (AUT) qui fera le groupe de tête et Quinchara (COL). Ils étaient les 21 et 22e à choisir leur place. Gomez et Alistair n’ont pas changé leurs habitudes et se sont placés à gauche. Évidemment, cela reste une science très inexacte. Mais on peut tout de même questionner ce choix tactique. 

Capture d’écran 2015-03-31 à 15.26.21

Chez les femmes, on a vu une habitude totalement différente, le côté intérieur a été choisi par les meilleures nageuses du circuit comme Routier et Hall. Les mieux classées ont privilégié le côté extérieur. Comme on peut l’observer sur cette photo, Jorgensen a laissé 8 filles sur sa gauche. Elle est entourée par 2 Allemandes. Haug (12) et Robisch (9)

Il est impossible d’entrevoir les conséquences. Mais lorsqu’un favori se place sur le ponton de façon à ce qu’un athlète en mission. Il pourrait se retrouver à côté d’un nageur ayant l’intention ou pas de lui nuire. Tout cela reste très plausible. Mais chose certaine, des nations tentent de nouvelles tactiques. 

Le choix de ne pas se placer sur les côtés peut aussi s’avérer payant puisque la ligne est en théorie plus directe. Et vous pouvez profiter du drafting. Dans cette course, Norden était à deux positions plus à gauche que Jorgensen. 

Chez les femmes, c’est la Britannique Learmonth qui prendra la tête. Elle avait pourtant le dossard 55. Elle sera jointe par Lucy Hall

La première bouée qui passe ou qui bouche.

Lorsqu’on parle aux athlètes, il n’y a jamais de consensus sur le niveau ‘d’agitation’ dans l’eau. Les plus rapides vous disent généralement que c’était assez facile et les moins rapides vous parlent d’un enfer aquatique. Ce point de vue change aussi en fonction du parcours et du plateau de chaque course. 

Auckland est une course très intéressante. Chez les femmes, on a vu un passage à la première bouée en contrôle. Alors que chez les hommes, c’était l’inverse.

ITUAucklandSwim1

Sur cette illustration, c’est particulièrement intéressant. On voit clairement chez les femmes que les meilleurs sont en mesure de faire rapidement la différence. Chez les hommes, c’est véritablement le contraire. Il y a plus de densité, les athlètes arrivent de front. Certains ont l’intelligence de faire le virage avec une trajectoire large. Malheureusement, certains se feront piéger. 

Capture d’écran 2015-04-01 à 08.51.38

Cela signifie que nos favoris (hommes) sont plus à risque de se faire piéger durant la natation. Le passage de la première bouée fera beaucoup de dégâts et dans certains cas, cela hypothéquera pour certains athlètes le reste de leur course. Évidemment, certains athlètes s’en sortent toujours. Schoeman et Varga ont cette vitesse au départ qui les garantissent la tête.

Alors que le groupe était très compact à l’approche de la deuxième bouée, la congestion du premier virage créera un conséquent étalement. Cela plonge les athlètes piégés dans une certaine anxiété et panique…

Capture d’écran 2015-04-01 à 08.52.13

On a finalement revu Johny Brownlee aux premières places. Lui qui était dans le doute ayant manqué le pack aux 2 dernières étapes, il retrouvera sa confiance et cela se verra tout au long de la course. 

Même si les leaders ralentiront dans le deuxième tour (9:45 – 10:00), le rythme est très soutenu et viendra créer la séparation (USURE). On assistera d’ailleurs à un changement de leader puisque Carolina Routier prendra le relais en tête pour sortir comme à l’habitude première de l’eau. Elle n’a pourtant pas la faculté de donner suite à cet effort. Elle se fera rapidement distancer à vélo. Son travail bénéficie à True et Zafares (membres du même Squad). 

Capture d’écran 2015-04-01 à 09.08.53

Capture d’écran 2015-04-01 à 09.16.35

Chez les hommes, les temps sont très intéressants puisqu’on voit plusieurs athlètes aller plus vite durant le deuxième tour. Cela démontre bien le fait qu’ils se sont fait piéger dans le trafic. Le cas de Fernando Alarza est particulier puisqu’on le voit régulièrement aller plus vite dans le deuxième tour. Cela démontre une réelle difficulté à évoluer dans le trafic. C’est pourtant l’espagnol montant. 

Capture d’écran 2015-04-01 à 09.26.24

Un olympique ce n’est pas un sprint.

Dans une certaine logique, avec la victoire de Mola, certains pensaient qu’il avait progressé en natation. Si on regarde les temps sur le premier tour, il sort à 24s d’un Javier Gomez. Il aurait été à l’extrême limite pour faire le premier pack dans un sprint à condition que Gomez ou Brownlee ne soit pas dans les 8 premières places.

Sur un olympique, il sort à 45s. Le retour est impossible si la tête décide de collaborer. Mario Mola n’est donc pas maitre de son destin. Il aurait clairement pu profiter de l’aide d’un domestique.

Auckland, un réconfort pour Gomez et Jo Brownlee.

On a souvent l’impression que nos élites sont comme des adolescents. Ils doivent se faire attraper pour réagir. À Auckland, on a clairement vu Gomez et J. Brownlee courir avec l’intention de contrer Mola. Contrairement à Abu Dhabi, ils sont sorti en tête de l’eau et en appuyant leurs efforts sur deux roues, ils restent intouchables.

Un vélo à élimination chez les femmes?

Il aura fallu à peine deux tours pour voir les poursuivantes revenir sur la tête. Lisa Norden est la grande responsable de la jonction. Le groupe de tête mené par Lucy Hall et Learmonth n’obtiendra jamais le support des autres. Même si Katie Zaferes se placera fréquemment en avant, son positionnement plus le fruit d’un comportement défensif en préférant être en tête dans les descentes. Pour une femme qui tombait fréquemment à vélo, le contraste est saisissant et démontre que la technique à vélo s’acquiert avec le temps et le travail.

On verra après la jonction le groupe passer de 22 à 12 filles. Dans certains cas, le groupe allait tout simplement trop vite dans les montées, pour d’autres, c’est le fruit d’erreurs techniques. Les nombreux problèmes de transmission sont le produit de changements de vitesses trop tardifs. Les reflexes sont plus lents lorsque l’on est plus physiquement plus sollicité.

Capture d’écran 2015-04-01 à 09.49.38

Jorgensen a-t-elle vraiment progressé?

En gagnant à Auckland, il ne fait pas de doute qu’elle gagne en confiance pour Rio. En regardant les temps, elle est clairement mieux armée à vélo que dans le passé. Oui mais… Stimpson, Spirig, Stanford. Jenkins, Jackson n’étaient pas présentes. En comparant les chiffres de 2014 et 2015, même si le parcours était légèrement plus long cette année, on a assisté à un relâchement après la jonction. Personne n’a porté une attaque décisive.

Il n’y a peu eu cette année une Jodie Stimpson capable de sortir les autres athlètes de leur zone de confort. Le doute persiste mais il est certain que l’américaine est moins vulnérable que dans le passé. Mais il est impossible d’avoir des certitudes. On a vu Emma Snowsill, Paula Findlay et Helen Jenkins dominer le sport sur une période. Pourtant, aucunes de ces athlètes n’a gagné de médaille à Londres.

Jorgensen bat déjà les records dans sa domination avec 7 victoires d’affilé.

Non Stanford est annoncé à Cape Town. On n’a jamais vu ces deux athlètes se confronter depuis 2013. Année du titre mondial pour la britannique.

Capture d’écran 2015-04-01 à 10.04.12

Les spécialistes du démarrage?

Comme à l’habitude, on retrouve des athlètes qui développent leur capacité à vélo en fonction de leur natation. Alarza sort de l’eau encore cette fois avec le fameux écart tampon de 20s. C’est l’extrème limite où un athlète peut encore espérer revenir sur la tête. Habitué à cette situation, il réussira ses deux premiers tours en 7:54 et 8:04 afin de rentrer sur la tête. Ryan Bailie est aussi très fort dans ce scénario (7:47).

Le club des 8. Le travail constant.

Chez Trimes on désigne le club des 8 les athlètes qui sont habitués à sortir de l’eau dans le premier groupe et pousse le premier tour à vélo pour s’assurer de s’echapper dans un groupe réduit. À Auckland, le groupe sera d’environ 16 athlètes et dont des membres pas encore réguliers comme Bishop, Van Riel, Knabl, Zachaeus et Tayama. Dans le deuxième tour, ils perdront 5 secondes sur les poursuivants. La réaction sera immédiate et on a vu un Johny Brownlee reprendre le rôle de son frère en encourageant les autres à faire plus.

C’est clairement après 30km que les poursuivants se décourageront. Ils perderont 30s sur les deux derniers tours. La course se jouera là. Mario Mola prendra plus frequemment la tête de son groupe. Chose qu’il n’a jamais fait à Abu Dhabi.

Capture d’écran 2015-04-01 à 10.51.19

Le cas de Graves, utile ou pas?

Philip Graves n’a pas réussi à faire le premier pack en natation, son deuxième tour en natation démontre pourtant qu’il aurait pu mieux s’en tirer. Malheureusement, étant en arrière, en roulant, il aurait ramener les adversaires de J. Brownlee sur l’avant. Il n’est clairement pas maitre de son sort. D’ailleurs, au 5e tour, il partira seul et prouvera qu’il est en mesure de revenir tout seul sur la tête. Cela démontre clairement une force à vélo au dessus de la moyenne. Il fera le premier tour à pied et s’arrêtera. Dans l’opération, il ne marque pas de points olympiques.

Mola vulnérable?

Mola nous ne sortira pas sa course à pied signature. Un top 6 était pourtant possible. Même si cela reste tôt dans la saison, on n’avait jamais vu l’espagnol entamé de cette manière après le vélo. Sachant que Rio va offrir un parcours comparable, il démonte qu’il n’est pas en mesure de contrôler la course.

Jo Brownlee execute

Après 2 mauvaises courses, on a retrouvé le Jo très régulier qui ne fait jamais d’erreur. Il nous a fait un départ signature qui lui permet de prendre rapidement l’ascendant psychologique sur ses adversaires. Gomez n’a pas cette vitesse en sortie de transition. Il a su exploiter cette faiblesse et éviter le sprint final.

En 2 semaines, Jo Brownlee n’a pas fait des progrès en comparaison à sa performance d’Abu Dhabi. C’est clairement dans la tête que cela se joue. Dans son cas, il prend le contrôle de la course en sortant en tête de la T1. Le reste est une question d’execution.

Gomez diminué?

 

Après la course, il avouera qu’il a été malade avant Abu Dhabi et avant Auckland.

Andrea Hewitt déjà sélectionnée pour rio?

Avec sa troisième place, Andrea obtient sa sélection à 496 jours des jeux olympiques. Paula Findlay avait obtenu son dossard à 426 jours des Jos de Londres. (info Benjamin Maze). On ne connait pas tous les critères mais cette course n’était pas qualificative pour les autres fédérations nationales.

Courir au pourcentage et aux points.

Avec 10 courses importantes, on a l’impression que certaines femmes acceptent de prendre les départs sans être dans leur meilleure forme. Cela semble différent chez les hommes. Il faut tout de même comprendre que les athlètes ont des objectifs très différents. Certains visent le titre, d’une selection olympique, retrouver la confiance. Cela a une grande influence sur leur manière de courir et les compétiteurs sont sur la défensive.

La 3e place de Pierre Le Corre est celle d’un athlète opportuniste qui à su prendre sa chance pour aller gagner et tout donner. Certains courent en refusant de prendre des risques par peur de sortir de la course avec un mauvais résultat. Cela s’appelle, courir au pourcentage.

Les nageurs à l’honneur.

Schoeman et Varga terminent 6 et 7e. Les nageurs sont généralement privilégiés sur des sprints parce qu’ils sont en mesure de limiter les dégâts à pieds. Ce résultat sur un parcours vallonné peut les permettre de croire à leur chance dans le projet olympique. Schoeman enregistre le 11e temps en CAP et Varga le 14e.

1 commentaire
  1. Oui, l’ordre ‘social’ établi du triathlon est respecté, Brownlee en haut du podium!
    ce qui est incroyable, c’est qu’un sprint rapporte autant de points qu’un courte distance!! (800 points) ce devrait être moitié moins..