Brett Sutton se fait trimer > Son avis sur l’ITU et son évolution, un doublé Kona & JOs pour Nicola Spirig en 2016?

Brett Sutton n’y va pas par 4 chemins, étant le coach de nombreux champions de triathlons, l’Australien est reconnu pour son habileté à traduire le potentiel d’un athlète en performance. Très critiqué par certains et banni à vie par plusieurs institutions, cela ne l’a jamais empêché d’être derrière des athlètes marquants, entre champions olympiques, ITU, Ironman, sa régularité dans ses succès n’étonnent plus personne. 

Jason Bailey, de The Nature Gym. l’a interrogé pour nous. Dans ces réponses, vous y trouverez enfin des pistes pour décrypter le personnage et comprendre certaines mises à l’écart.

Quelle est votre actualité du moment?

Brett Sutton: je viens juste de revenir à St Moritz (Suisse) afin de commencer un camp d’entrainement pour Nicola Spirig, elle prépare les prochains championnats européens qui auront lieu à Genève. J’étais récemment en Australie pour le mariage de ma fille et pour montrer à mes plus jeunes enfants où j’ai grandi. 

Avec une saison ITU déjà bien avancée, quelles sont les performances qui vous ont marqué?

BS: Je ne regarde pas vraiment l’ITU ces jours-ci, parce que je n’en ai tout simplement pas besoin. 

Le fait que les championnats du monde (d’un jour) n’existent plus font que les Jeux olympiques et les championnats continentaux sont les meilleurs juges pour comprendre dans quelle direction le sport va.

Je veux aussi ajouter, je ne payerai pas pour regarder quelque chose qui devrait être gratuit! (webdiffusion des courses). Même si les diffusions sont meilleures que celles de la WTC (ironman), le triathlon est un petit sport! En voulant en tirer un revenu, cela n’améliore rien. 

Les Jeux olympiques de Rio étant dans un an, pouvez vous déjà désigner des favoris?

BS: En pensant à Rio 2016, je ne vois personne qui court véritablement plus rapidement que ce qu’on a fait en 2012. Pour les hommes, les principaux prétendants seront toujours les mêmes. Comme attendu, les Brownlee dominent. Les nouveaux noms émergents sont difficiles à juger puisque certaines courses sont avec des natations plus courtes (sprint) qui ne les rendent plus comme des vrais tests de triathlon. 

Chez les femmes, personne n’a vraiment progressé en course à pied. Gwen Jorgensen a fait un incroyable effort pour gagner en confiance durant les 13 derniers mois, mais est-elle vraiment une meilleure coureuse (CàP) qu’avant?

Je ne le pense pas, par contre Gwen est devenu une meilleure athlète en drafting et par cela, sa médaille d’or dépendra des autres et du parcours. Mais pour moi, elle est là seule qui monte.

Le fait que Nicola peut revenir de vacances en gagnant un ironman et de courir un marathon seulement 6 jours avec une série mondiale (WTS) et monter tout de même sur le podium démontre que les autres ont du souci à se faire. 

Que faut-il penser des années préolympiques? Y a-t-il réellement une évolution?

BS: Malheureusement, le processus de qualification olympique est toujours similaire, c’est une farce et cela démontre le manque d’évolution pour notre sport.

Cela donne un avantage aux pays avec des budgets vastes qui peuvent se permettre d’envoyer leurs athlètes partout dans le monde. Je pense que c’est pratiquement criminel d’utiliser à ce point les Jeux olympiques pour forcer les athlètes de courir tous ces événements autour du monde qui ont juste le mérite de payer des frais à l’ITU.

La santé de l’athlète ne rentre pas en considération, c’est juste une question, combien pouvez-vous payer pour obtenir la course et vous ferrez parti du circuit! Soyez là, si vous souhaitez aller aux jeux. À Capte Town, l’eau était à 11 degrés, je refuse de croire que ce calendrier mettait en priorité l’athlète. Pour moi, tout cela est très injuste. 

Le retour de Courtney Atkinson a marqué les esprits. Ce projet peut rappeler celui de Chris McCormack. Quelles sont vos observations sur ce retour tardif.

BS: L’Australie n’a plus cette profondeur, il est probablement le dernier gars de cette génération doré et il peut toujours battre le groupe actuel. À son âge, je ne pense pas qu’il aura les armes pour être compétitif pour viser le podium.

Par contre, je continue à regretter la fin de la carrière en ITU de l’un de mes anciens juniors. J’ai toujours pensé que Brah Kahlefeldt avait la capacité pour être plus rapide. Comme beaucoup, il s’est fait détruire mentalement par Alistair Brownlee… 

Vous avez beaucoup critiqué le système australien par son incapacité à produire régulièrement de nouveaux talents. La France semble avoir trouvé la recette pour garder une certaine profondeur et consistance. Est-ce que tout cela peut s’expliquer?

BS: La profondeur des Français a toujours été impressionnante et cela vient tout simplement par le fait qu’ils ont les meilleurs clubs et structures d’entrainement au monde. 

La même chose pourrait être dite avec les Américains, les vannes seront ouvertes avec l’inclusion du triathlon dans le système athlétique collégiale. Leur bassin de talents est extraordinaire et leurs résultats chez les femmes ne sont pas un feu de paille. Une fois que les entraineurs des hommes seront à niveau, les hommes seront dans une position certaine pour dominer. 

Le retour sur le podium de Nicola Spirig à Cape Town a alimenté les discussions, depuis les JOs de Londres, elle a eu des expériences sportives très variées (Ironman, marathon, pistes, …). Est-ce que vous croyez que d’autres athlètes pourraient aussi bénéficier d’une approche plus variée et éclectique comme celle de Nicola?

BS: Le mélange des disciplines est dangereux et doit être fait avec beaucoup de prudence. 

Nicola est uniquement, et tout comme Gwen, elles ont plus talents, les deux peuvent courir et faire du triathlon avec drafting. Nicola est incroyable à vélo, elle peut faire ce qu’elle veut et faire des ravages sur longue distance. 

Pour le moment, elle est en négociation avec la WTC (Ironman) pour voir si « the Race of the Century (doublé JO & Kona) serait viable pour 2016.

Le seul triathlon de courte distance sur l’agenda de Nicola est le Championnat d’Europe à Genève et, en fonction des négociations avec ironman, elle décidera de ses directions futures. 

Dans l’un de vos derniers articles, on a appris que le français, Ben Sanson était selon vous un futur grand entraineur. Pouvez-vous nous en dire plus?

BS: Je pense réellement que Ben pourrait bien être l’entraineur qui permettra aux français d’atteindre un autre niveau. Il doit combattre ses propres démons, mais il a le savoir, les habiletés et la personnalité pour permettre aux athlètes d’atteindre leur plein potentiel. 

Mais le potentiel est un terme très condescendant et quand je vois des personnes avec, je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi ils ne l’utilisent pas déjà! Ben tombe justement dans cette catégorie et il se questionne afin de convertir ce potentiel en performance. 

Rappelez-vous une seule chose,  les mots potentiel et performance ont en commun  la lettre « P« . 

Crédit photo : Trisutto.co

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