Les Brownlee Chapitre 4 > ITU Londres, une course entre deux frères.

Trois ans plus tôt, les deux frangins gagnaient leurs médailles olympiques sur leurs terres. La pénalité de Jonathan les privera pourtant d’un doublé historique. Le perturbateur qui s’entremêlera entre les deux sera l’habituel Javier Gomez.

Dans une relation entre deux frères extrêmement compétitifs où il existe un rapport de force constant qui peut s’avérer nocif, la médaille d’or d’Alistair est vécue comme un rappel constant à Jonathan que son frère est supérieur à lui et qu’il a encore tout à prouver. Jonathan est fréquemment dans l’ombre de son ainé et semble attendre son tour.

Jonathan pourrait pourtant se vanter d’avoir gagné une médaille à sa première olympiade puisque son ainé de 2 ans s’était totalement écroulé durant la course à pied aux Jeux de Beijing.

Ironiquement, depuis la victoire olympique d’Alistair à Londres, on a très rarement vu les deux frangins du Yorkshire dans une forme optimale. En 2012, Alistair coupera court sa saison après son titre olympique, les deux autres saisons suivantes seront entre coupées par des blessures. Malgré ces difficultés et des courses manquées, il continuera à gagner et à imposer mentalement sa domination sur le circuit.

Dans cette hiérarchie sans cesse remise en question, Jo avouera à la BBC, cela me revient toujours à l’esprit, lorsque Alistair est dans sa forme olympique, personne ne peut le battre. 

Ces propos rappellent l’aspect mental du triathlon où les résultats passés peuvent instaurent des limites entre les athlètes. Comment battre un adversaire lorsqu’on l’estime plus fort que soi? Est-ce que Jonathan croit réellement dans ses chances pour battre son frère? Pourtant, Alistair renverra pour la balle à son frère après sa victoire à son retour à la compétition en 2015 (Cape Town), si Johnatan était là, il ne fait aucun doute qu’il aurait gagné. 

Durant les dernières années, il y a une impression de consensus qui s’est établie. Jo serait supérieur à Alistair sur sprint et vice versa sur distance olympique. On se rappellera du coup d’État de Jo lorsqu’il battra pour la première fois au sprint final à Hambourg en 2013. Il répètera cet exploit à Stockholm en 2014.

Pourtant, les deux frangins ont besoin l’un de l’autre afin de contrôler la course, il est donc inconcevable pour eux de se traiter comme des adversaires. On sait d’ailleurs que Jonathan est plus instable dans son exécution en course. Alors que son frère demeure inébranlable et ne fait aucune faute, Jonathan a tendance à se faire déstabiliser par des petits détails.

Alistair semble pourtant refuser de se mettre au service de son frère. Son échappé belle à vélo à la Grande Finale de 2014 à Edmonton avait nuit dans la course au titre de son frère. Cette attaque avait tout simplement facilité la tâche à Javier Gomze dans son accession au titre mondial. Jo y perdra la 2e place au classement général.

Durant les 5 premières courses de la saison, même s’ils ont réussi à trouver le chemin de la victoire, la manière était très différente. Alistair a réussi à gagner à Cape Town sans aide externe et dans une course qu’il n’a pu contrôler.

Cette dernière étape à Londres avant son déménagement pour Leeds en 2016 leur permettra enfin de se confronter à nouveau dans une course qui a une certaine valeur sentimentale. Courir chez soi est toujours particulier.

Les 2 Brownlees peuvent paraitre très identiques pourtant leurs qualités sont bien subtilement distinctes. Alistair a cette capacité de rester très longtemps dans un effort maximal. Comme le dira Jo, je pense que c’est très difficile de battre Alistair à l’usure, il peut faire sortir n’importe qui de sa zone de confort.

L’absence de Gomez au départ amplifie cette impression que cette course pourrait se transformer dans un nouveau duel fraternel. Cette course pourrait d’ailleurs avoir une importance primordiale pour le classement mondial. Avec une victoire de Johny, il aurait tout simplement deux gains de plus que Gomez, Mola et Ali Brownlee. Sans que cela soit décisif pour le titre mondial, cela le placera dans des meilleures conditions à l’approche du test event à Rio. On rappelle que la Fédération britannique impose à ses athlètes de faire un podium à Rio et à Chicago (Grande Finale).

Rares sont ceux qui peuvent prétendre pouvoir gâcher cette fête britannique déjà annoncée. Vincent Luis fait sans aucun doute de plus en plus peur aux Britanniques, sa deuxième place entre les deux frangins à Hambourg en 2014 a marqué les esprits. Mola, Murray, Sivla, Buchollz, Riederer seront en embuscade, leur dynastie n’est toujours pas remise en cause.

Dans ce duel, les deux enfants terribles du Yorkshire se doivent une explication. Le résultat conditionnera probablement leur approche mentale pour le reste de la saison. Londres étant la dernière étape de la série mondiale, il faudra attendre le 1er aout pour les revoir sur le tapis bleu de l’ITU.

À la fin de l’histoire, la médaille d’or aux Jeux olympiques de Rio ne peut être gagnée que par un seul individu. Quitte ou double.

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