Opinion de Xa’ > Grand Prix D1 – Les athlètes ont-ils les épreuves qu’ils méritent?

Qui aime bien…

Il n’est jamais bon de tirer de conclusions trop hâtives. J’ai pris donc quelques jours pour être sûr de bien murir ce que j’allais coucher sur le papier. J’ai aussi un peu hésité à faire cet article. On dit souvent que la critique est facile, mais, l’art difficile. C’est vrai et avant tout, je tiens à préciser que j’ai le plus profond respect pour les personnes qui organisent. Je sais la somme de travail que cela représente et je sais que le bénévolat est de plus en plus dur à mobiliser étant moi même organisateur de plusieurs épreuves pendant l’année.

Mais la critique elle aussi engage. Elle n’est pas aisée, car il n’est jamais simple de pointer les erreurs et les dysfonctionnements. On s’attend toujours derrière, fatalement, au retour de bâton injuste ou non… En un mot, on s’expose…

Alors, même si les quelques lignes qui suivent sont quelque peu acerbes, mon article se veut avant tout constructif…

On connait tous le vieil adage : « qui aime bien châtie bien… » ; et moi, j’aime trop le triathlon, je l’aime passionnément alors, parfois il faut savoir faire preuve d’un minimum de courage et de lucidité pour essayer d’aider à faire avancer les choses.

Ce week-end, à Valence, j’ai vu des athlètes de haut niveau s’arracher et se battre sur des courses qui malheureusement n’ont pas été dignes de leur talent et de leur engagement. La faute à la météo peut-être… La faute à « pas de chance » diront certains. La faute à un manque de préparation, et de professionnalisme selon moi.

Dès la veille de la course, j’ai eu ce sentiment de malaise, l’impression qu’il y avait du flottement, et de l’amateurisme dans cette organisation.

Un petit coin de nature ?

Déjà, au niveau du lieu : C’est assez terrible de vous dire que vous emmenez des athlètes de niveau mondial sur une course qui représente le fleuron des courses en France et lorsque vous êtes sur place, vous êtes accueilli au milieu de « nulle part » dans un bâtiment d’une austérité accablante, les uns sur les autres, dans un endroit où à l’extérieur, tous les 100 mètres vous croisez des prostituées. Cela crée une ambiance qui m’est rapidement apparue étrange, voire, disons-le, malsaine.

J’étais navré de cela, car je connais bien la région pour y avoir souvent couru étant jeune… C’est une région magnifique, très verte et variée. Alors quitte à ce qu’on ait du mal à trouver un lieu central et permettant un public nombreux, je m’étais dit que sans doute le coin serait naturel et sympa. Je me suis trompé.

Certes, les pluies diluviennes de la nuit n’ont pas arrangé les choses, c’est un fait. La décision d’annuler la natation par risque de pollution était sans conteste la seule décision à prendre. On se souvient de Nice, il y a deux ans où nombre d’athlètes s’étaient retrouvés tout simplement empoisonnés et où Julien Fort n’est pas passé très loin du drame.

Malheureusement, j’ai envie de dire que ce fut presque la seule bonne décision du week-end. Un week-end où finalement, beaucoup de responsables ont semblé être dépassés par les évènements.

Un règlement à géométrie variable, et un lieu laissé à l’abandon…

À vrai dire, je ne sais pas par quoi commencer tellement il y a de choses à dire et non des moindres.

Pour commencer, des changements, entre ce qui est stipulé au briefing et ce qui est effectivement le cas dans les faits :

Comment expliquer que la vielle on nous dise que les deux athlètes du dernier relais doivent rester ensemble jusqu’à 300 m de l’arrivée et qu’un seul franchisse la ligne… Puis le lendemain, c’est finalement à un kilomètre de l’arrivée que l’un des deux a le droit de partir seul, la zone des 300m étant simplement l’arrêt obligatoire du 2e… Je précise que ceci m’a finalement été rapporté par un collègue coach, en aucun cas par le corps arbitral… Et pourtant, ce genre de modification de dernière minute change pas mal la donne !

Comment accepter de voir une zone de passage de relais aussi dangereuse pour le relayeur qui doit s’élancer à tombeau ouvert dans une descente étroite en terre, pleine de trous et de flaques d’eau ?

Comment expliquer à ses athlètes qu’il y a bien, en plus du classement par équipe, un classement individuel alors que suivant le relais auquel vous participez (1re, 2e ou 3e position) les distances ne sont pas les mêmes ? (sans parler du fait que les relais un et trois permettent des stratégies collectives et réunissent deux fois plus de coureurs que le relais numéro deux… ) Bref, tous les meilleurs temps se sont retrouvés, de fait sur le 1er relais (le plus court) alors que les athlètes reconnus comme étant le plus forts se trouvaient essentiellement sur le 2e (le plus long… ) Seul Alistair, tout simplement stratosphérique dimanche dernier, réussira le miracle de signer le meilleur chrono tous relais confondus… Vincent Luis, 2e performer du relais numéro deux étant relégué à la16ème place !!! Quel sens a ce classement ?

Comment réussir à coacher et en même temps garder un oeil sur un parc à vélos qui, chez les garçons comme chez les filles, ne sera jamais surveillé ? On aura également vu des coachs (entre autre) être obligés de faire la police et être à la limite de faire « le coup de poing » pour parvenir à écarter des jeunes sur des vélos faisant n’importe quoi à la sortie du virage du bouclage vélo…

Un parcours initial de course à pied de 1,2 km officiel annoncé et qui en faisait environ deux…

Bref, beaucoup trop de choses improvisées et mal pensées. Pas ou peu de communication avec les coachs, on ne parle même pas de concertation, car il n’y en a eu aucune. A priori, nous sommes juste là pour signer notre présence à un briefing (sous peine d’amende) dont une bonne partie des précisions vont s’avérer erronées le lendemain.

Mais où sont les arbitres ?

Au niveau de l’arbitrage, le constat est accablant. On laisse deux athlètes d’une équipe franchir la ligne alors qu’il avait été dit en long en large et en travers qu’un seul athlète devait terminer : aucune sanction… Mais bien pire encore, on laisse un athlète effectuer l’intégralité de son parcours vélo, jugulaire au vent en risquant sa vie à plus de 50 km/h au mépris du souci premier qui doit animer tout arbitre, qu’il soit arbitre d’une course de haut niveau comme d’un simple triathlon découverte : sa sécurité et celle des autres. Je n’ose pas imaginer ce qu’il aurait pu se passer en cas de chute, le casque volant dans l’air avant même que ce jeune homme, espoir numéro 1 de notre sport, ne se fracasse sur le sol. Comment est ce possible ? Je me pose encore la question aujourd’hui… Alors, finalement, je me dis que ce n’est pas si mal, nous avons évité le pire…

Je ne garderais pas un grand souvenir de cette épreuve. Cependant, je retiens l’accueil à la piscine la veille de la course, conviviale et efficace. La petite collation et les quiches après le briefing avec des dames adorables… On se contente de peu après tout, mais je tenais à les remercier !

Pour le reste, on est très loin de ce que l’on peut attendre d’épreuves de cette envergure…

Des athlètes irréprochables, mais…

Sur cette étape, j’aurais aimé vous parler uniquement des athlètes et des équipes.

La tactique impeccable de Sainte Geneviève des Bois pour cueillir la médaille d’argent chez les garçons avec un effectif sur le papier inférieur à bien des équipes.

J’aurais aimé vous louer l’abnégation de Non Stanford, la force d’Alistair Brownlee, la ténacité de Brice Daubord et élégance de David Hauss. J’aurais adoré vous compter le mano à mano entre Poissy et Parthenay chez les filles. Et pourquoi pas, soyons fou, vous décrire le merveilleux regard de Grace Musgroove, le sourire de Charlotte Mc Shane ou la classe de Sarah True, aussi impressionnante qu’abordable en toutes circonstances. Peut être que je me serais laissé aller à vous raconter un peu des coulisses, car c’est vrai, c’est un peu un « grand cirque Pinder » qui se déplace à cinq reprises chaque année sur notre GP.

Mais non, aujourd’hui, le plus important était pour moi de tirer la sonnette d’alarme. La France a le championnat le plus relevé du monde, elle se doit d’être à la hauteur au niveau de l’organisation de ces courses qui en sont les vitrines.

Coach d’un de ces clubs, j’en ai été le témoin : je peux vous assurer que nombres athlètes ont joué le jeu, mais n’étaient pas forcément ravi des conditions de courses. Il faut penser aussi à eux, leur bien-être et leur sécurité si nous voulons les garder, car si la course a été belle, c’est grandement grâce à eux et il faut leur rendre hommage…

Il est possible de bien faire les choses, c’était le cas sur l’épreuve de D2 de La Rochelle par exemple le même week-end…

Il faut faire les bons choix, s’assurer des garanties, être plus rigoureux dans la logistique et l’arbitrage, faire preuve d’un peu plus de lucidité et d’intelligence face aux imprévus, afin d’éviter de sérieuses déconvenues à l’avenir…

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19 commentaires
  1. Tu oublies également l’annonce de la transformation en duathlon annoncée le matin via… Twitter. Désolé mais moi, quand je coach une équipe, j’ai autre chose à faire qu’à rester pendu aux réseaux sociaux surtout le matin à l’heure de quitter l’hôtel. Le minimum aurait-été de contacter directement chaque responsable de club sachant que ça entrainait pour quasiment tout le monde des changements dans la composition des relais. Châteauroux a de quoi être amer quand on sait que ça leur coûte la dernière place de l’étape.

    1. L’annonce a été faite sur place à 8h et les coachs avaient été avertis la veille du risque …

      1. A 8h pour un départ 11h, les coachs ne sont pas sur le site. Si un officiel est capable de mettre un tweet, je pense qu’il est aussi capable d’envoyer un SMS. Il faut juste accepter d’apprendre de cet évènement et faire en sorte qu’à l’avenir, l’AP ait un listing avec les n° de portable des responsables des équipes. On veut un circuit pro, il faut avoir une démarche pro ! Et je le répète, il faut d’un côté accepter que certaines erreurs soient commises mais à condition également d’accepter de se remettre en question en permanence pour ne pas qu’elles se reproduisent (ça vaut pour tout le monde : organisateurs, officiels, arbitres, concurrents, coachs, dirigeants de clubs…)

        1. 1 seule équipe n’était pas au courant au moment de rentrer dans le parc … Ca veut dire que les autres se sont débrouillées pour avoir les infos

          1. Comme d’habitude, on rejette la faute sur les équipes… Zéro remise en question et c’est bien ça qui fait que les choses avancent peu. Ca me consterne.

    2. Après avoir passé 10 ans sur le grand prix ou certaines courses étaient une vraie kermesse, j’ai l’impression qu’il n’a toujours pas évolué…quel gâchis !
      Vous voulez voir une belle course ce week end ? venez à Beauvais, ça rappellera des souvenirs à certains !

  2. Mais où est donc passé cette photo de Coninx, jugulaire au vent et pédale intérieure en position basse à l’intérieur du virage à 1cm du goudron ?
    Je me suis fais la réflexion qu’il fallait que je partage cette image avec les écoles de tri comme contre exemple de ce que nous devons leur apprendre à ne pas faire…
    Trimes censure ?

      1. Trimes est tellement prolixe qu’une news de 4 jours est déjà loin… un vrai google news 🙂
        Désolé pour la suspicion de circoncision.

        1. Y a peut-être une amélioration à apporter à l’archivage des news. C’est vrai que c’est pas évident de retrouver un ancien article.

  3. Chez Trimes vous etes tres bons. Gerber sur le grand prix (ou est le passage constructif ?) et ensuite sortir un article « la WTS en perte de vitesse » ou vous nous expliquez que les villes organisatrices ne sont plus légion parce que ce n’est pas rentable… chapeau bas !

    1. Gerber est un terme un peu fort. Justement, il y a un juste milieu à trouver entre les deux. Ce n est pas la volonté de Valence qui est discutable, mais le déroulement des choses. C est certain que pour nous la critique est facile, malheureusement, si on ne le fait pas qui la fera? Ces propos sont aussi les commentaires des athlètes, questionnez les vous verrez.

      Face au calibre d athlètes qui se présente, on est en droit d attendre mieux.

      Aussi, je ne crois pas que trimes fait dans le mauvais esprit, on décrit ce que l on entend et que l on trouve légitime. La situation de l itu est connue depuis longtemps

      1. Alors qui le fera ? parceque vous pensez qu’il n’y a pas des rapports de fait ? des echanges à posteriori ? et que les reconductions (ou pas) des villes étapes n’est pas basées la dessus ?
        Les gens qui bossent sur le terrain, si ils avaient le temps d’ecrire, ils nous en apprendraient largement plus qu’un regard exterieur – certes expert et fouillé (je sais reconnaitre votre expertise quand meme).
        Mais comme vous etes un média généraliste… vous participez à des raccourcis qui sont dommageables pour tous… y compris pour vous qui ne communiquez que principalement sur ITU et Grand Prix !

        Ensuite le passage sur le casque detaché d’un de vos athlètes preferés, si vous etiez sur la course, pourquoi vous ne vous etes pas mis en travers de la route pour lui rappeler sa sécurité ? OK les arbitres l »ont pas fait apparement, mais dans ce cas là, faut faire quelquechose si c’est danger de vie ??!
        Il serait tombé, ça aurait fait les choux gras de tous les médias triathlon…

        Bref, je cherche toujours l’aspect constructif annoncé en debut d’article.

        1. Franky, écoutes, je suis totalement d’accord avec toi, il y a des gens qui veulent le bien des GP et faire des textes comme celui n’aide pas la cause. On est aussi très conscient qu’il y a des debrifings et tout. Si ca te rassures aussi, on est toujours mal à l’aise dans la critique. Si nos critiques sont vraiment totalement infondéses, c’est évident que je vais en payer les conséquences. Dans ce cas, même si je marque bien que c’est l’opinion de Xavier, en la publiant, je l’endosse partiellement.

          À la fin, si cela vient créer un débat sur la place publique, cela reste nettement plus intéressant que si tout se fait dans le secret. Je suis certain que les organisateurs de Valence auraient aimé que les choses se passent mieux et sans la pluie avant la course, nos critiques seraient très atténuées.

          Et oui, tu as raison, on devrait souligner la reactivité de Valence, le live timing etait tres bien, d’autant plus, vu la situation.

          Par contre, honnêtement, dis moi en quoi le circuit à évoluer ces 5 dernières années. Est-il plus professionnel? Plus proche de la qualité d’un événement international? Est-il normal de se faire encore piéger avec une eau polluée? S’il y avait vraiment une crainte, est-ce que le plan pour un duathlon pouvait être mieux élaboré?

          Est-ce qu’il est normal que le circuit n’a plus de diffuseur télévisuel?

          Je t’assure qu’on aime le triathlon et qu’on est respectueux, mais on veut aussi voir notre sport en évolution. Pas revoir les mêmes problèmes revenir sans cesse. Et cela est aussi vrai pour l’ITU…

          Juste pour te donner un exemple. Triathlon Quebec vient de copier la formule des Grand-Prix. C’est une fédération qui compte à peine 2000 licenciés. On est très loin des budgets de la france. Elle a eu le reflexe d’assister les organisateurs afin de standardiser la qualité des courses.

          Je te recommande de regarder cette vidéo et de regarder le set-up de la course. Tapis, rack à l’ITU etc… Ils sont tous simplement dans une dynamique ou ils veulent améliorer leur produit.

          https://vimeo.com/130825592

          1. Bien sur que le debat est necessaire.
            Bien sur que votre expertise n’est pas à remettre en cause (tres bon exemple video au passage).
            Mais allez donc avec les gens qui travaillent sur le terrain, puis publiez…
            Là, en publiant seulement, ce qui est deja surement beaucoup mais maladroit, vous alimentez des reflexions de comptoir que beaucoup de pratiquants (tout sport confondu) adorent parceque faut consommer du spectacle sportif mais surtout pas donner de temps pour le construire ou le remettre en question en travaillant.

    2. Au contraire, si tu sais lire, tu verras que je suis un amoureux du GP…
      Pour le passage constructif, lis ce qu’il y a de positif ainsi que la fin de l’article qui apporte des pistes de reflexions…
      Quand à ta remarque sur le fait de se mettre en travers de la route pour arrêter un coureur… j’espère que c’est juste du second degré et que tu n’es pas sérieux…

      1. Bien sur que je ne suis pas serieux sur le fait de se mettre en travers de la route… mais mis au milieu d’un article qui fait le procès de l’étape grand prix, encore une fois, le raccourci veut que ce soit la faute de l’organisateur….
        Or, la faute est ailleurs…

  4. Beaucoup de propos erronés dans ce post, ça change de la rigueur habituelle de Trimes