Editorial > Drafting toujours, pourquoi changer?

Trimes à une boite à lettres qui se remplit cycliquement sur des sujets déjà connus. À chaque édition des championnats du monde d’Ironman ou de 70.3, on s’étonne perpétuellement sur le fameux phénomène du drafting.

Le triathlon, ou la WTC, au lieu de jouer la carte du sport qui évolue préfère jouer celle de l’usure. Le sujet a tellement été débattu publiquement que même nous, on voulait passer notre tour.

Chaque année, on se fait berner en croyant qu’en proposant un parcours plus difficile, la course sera plus juste. Même si cela peut-être le cas chez les pros, l’attitude est d’autant plus différent chez les AGs qui en connaissance de cause, préfèrent encore plus se lancer dans un effort collectif dans les parties plates.

À l’image du dopage des années 2000, où même les plus honnêtes finissent par succomber afin de ne pas sortir de soi-disant course avec un sentiment d’injustice extrême.

Aller à des championnats du monde reste une expérience à vivre et l’on peut tout à fait comprendre pourquoi cette attirance pour un athlète qui souhaite se mesurer aux meilleurs. Il en demeure que chaque année, à l’image du tour de France, on continuera à se questionner si ces gagnants sont vraiment légitimes. Est-ce que tu peux gagner lorsque tu sais qu’il y avait plusieurs pelotons de 50 athlètes?

Évidemment, on peut mettre la responsabilité sur les athlètes, mais soyons un peu rationnel dans tout cela. Lorsque tu fais partir 300 athlètes toutes les 6 minutes, comment peux-tu réellement t’attendre à ce que les écarts soient assez importants pour que tout le monde se trouve en position pour garder ses distances réglementaires?

300 personnes en 360 secondes soit 1 personnes chaque 1,6 secondes. Ils doivent tous rouler au dessus de 22.5km pour avoir une chance d’être espacé de 10 mètres. Sans oublier, la densité si particulière des championnats du monde.

Cela en a d’ailleurs usé certains athlètes qui ne souhaitent plus revenir à ces événements. Mauvais perdants, peut-être, mais la problématique reste.

Il suffit de penser à l’attitude des organisateurs en laissant partir les femmes PROS à seulement 3 minutes des hommes. Évidemment, une Jodie Swallow en a dépassé quelques-uns.

La course devient aussi injuste pour les meilleures pros féminines puisque durant le vélo, elles se retrouvent à devoir faire des dépassements avec hommes qui les poussent donc à fournir des efforts plus importants.

Alors voilà, à chaque championnat du monde, on espère que la WTC agira pour palier à une situation qui a déjà duré plus longtemps. En fait, il y a même un certain recul dans la matière puisqu’elle avait instauré la séparation en deux des groupes d’ages à l’époque de Clearwater et de Las Vegas.

On se rappellera qu’Andrew Messic, CEO d’Ironman, a accusé la culture actuelle du triathlète qui refuse de suivre les règles et de l’inconstance des arbitres à faire respecter les règles.

Et les solutions?

Est-ce qu’elles existent réellement? Chose certaine, à moins de se contenter d’un renouvellement constant des insatisfaits, ce statu quo n’est plus digérable.

Malheureusement, il y a toujours ce refus d’espacer plus les vagues. Sachant que la course en Autriche est partie à 10:45 (probablement explicable pour sa diffusion à la télévision locale), est-ce qu’ironman n’avait pas cette flexibilité pour étendre sur le temps ses différentes vagues?

Si une ville est candidate pour accueillir les championnats du monde, pourquoi ne pas lui imposer une fenêtre d’activité plus longue durant la journée? Est-ce que cela se limite vraiment à une question de disponibilité de ressources locales (police, pompiers, etc.)?

Il y a à peine 5 ans, Clearwater se contentait d’accueillir 1400 athlètes, le nombre d’athlètes aurait donc doublé. Malheureusement, il faudra attendre 2017 pour voir l’événement être tenu sur 2 jours.

L’ autre solution, serait tout simplement de mélanger les athlètes (quelques soient leur age) dans les vagues. Afin de contrer la phénomène de la densité, pourquoi ne pas lancer des vagues avec des athlètes de tous les ages? Évidemment, il serait impossible de connaitre son véritable positionnement durant la course.

Pour finir, une édition de Clearwater avait été forcée de faire partir les athlètes les un après les autres comme un contre la montre. Sur papier, cela semble aussi plus logique.

Voilà, le débat est sur la table.

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