L’élite anonyme > Lorsqu’un exploit est atteint, ce n’est jamais une coïncidence

À la rédaction, notre grande fierté est notre lien avec les athlètes élites. Une relation de confiance s’est développée sur la confiance et le respect et comme vous pouvez l’imaginer, certains échanges doivent rester en nous. Derrière un pro, il y a aussi un individu ou l’explication d’une image à généralement un poids sur sa liberté. 

Cela faisait longtemps que l’on souhaitait s’inspirer du Secret Pro de CyclingsTips. Comme le nom l’explique, un professionnel donne sa vision objective de son sport de l’intérieur, exercice qu’un journaliste ne peut se permettre. L’élite anonyme cst donc une nouvelle rubrique qui donnera la parole à des élites et acteurs du triathlon afin de leur donner un espace, non pas pour attaquer, mais pour partager et faire la lumière sur leur monde. Pourquoi l’anonymat? Entre la pression des sponsors ou le poids d’une structure qui ne veut pas montrer les hauts et les bas, le milieu est souvent très lisse.  

Pour commencer, voici le texte d’une athlète élite très prometteuse et portant haut les couleurs de son pays dont on ne  dira jamais le nom. 

 


 

Lorsqu’un exploit est atteint, ce n’est jamais une coïncidence. Une performance remarquable est l’addition de milliers de pièces de puzzle qui ont chacune été embellies afin de réaliser au final un splendide chef-d’oeuvre. Chacune d’entre elles a été préalablement minutieusement pensée, taillée, dessinée, peintes, disposée au millimètre près, parfois redressée d’une main experte, pour finalement donner la pièce ultime, que les verront dans pour elle-même, dans sa globalité, et non en tant que ces infinis petits détails qui la composent, et qui l’ont rendue si brillante.

Une ballerine ne devient pas une danseuse étoile seulement parce qu’elle a un talent énorme, mais également grâce à sa persévérance, son acharnement, nous pensons habituellement que ce genre de choses forgent sa éclat sur scène quand nous sommes en admiration devant ses voluptueux sauts de biche, et ses pivotis gracieux.

Il ya un nombre infini de détails qui sont cachés, enfouis, oubliés, et jamais apperçus par le grand public qui font que Paula Radcliffe gagnait autant de marathons, ou que le brave Albert Einstein ait tant fait avancer le domaine de la recherche.

Arrêtez-vous. Essayez de réfléchir.

Avez-vous pensé d’où vient la motivation d’un athlète? Avez-vous pris en considération les petites choses du quotidien qui rendent le dévouement possible? Vous faites vous rien que la moindre idée de l’importance du soutien?

L’entraînement et la physiologie de l’athlète influent énormément sur la performance, mais il y a une multitudes d’autres détails qui font partie du quotidien de ces derniers, et qui jouent un rôle essentiel dans leur développement, qui sont malheureusement trop souvent oubliés.

Comment diable est-ce que un jeune basketteur pourrait assister à ses entraînements tardifs sans un(e) mère ou père dévoué(e) qui fait les allers-retours pour lui, sortant toutes les soirs tardivement, dans le froid et la pénombre de la nuit pour les récupérer du gymnase deserté par tous sauf eux?

Nous pensons au heures qu’un nageur passe à tourner frénétiquement ses bras entre deux lignes d’eau, essayant d’aller d’un côté à l’autre de la piscine le plus vite possible. Mais nous ne pensons jamais aux parents qui se préoccupent de leur enfant pendant son entraînement, en sachant qu’il se pousse à bout, et qui savent que lorsqu’ils ramasseront ce qu’il reste de leur adoré à la fin de la séance, il sera trop vidée pour parler, pour plaisanter, sachant qu’en rentrant ils réclameront une deuxième assiette de pattes, pour remplir l’abîme qu’il en tant que  ventre. Nous ne prenons pas en considération le volume de pensées anxieuses qui traversent l’esprit de ces géniteurs “Il a l’air si fatigué! Mon pauvre bébé, il est déçu de ce qu’il a fait! Je me sens tellement triste pour lui… Il devrait vraiment se reposer, il va faire un burn-out! etc”

Tous ces câlins donnés quand les choses ne se passent pas comme prévues, tout l’amour, la compassion, la désolation qui émane des coeurs de ces protecteurs, tout l’argent déversé du budget familial pour soutenir projet. Tout cela passe inaperçu quand il touche la plaque Omega plus vite que ne l’ont fait les sept autres dans les couloirs voisins.

Nous regardons Roland Garros pour admirer des beaux services et revers, et pour voir la joie sur le visage du joueur quand il/elle gagne le set, puis la partie. Une joueuse est vainqueur ce jour-ci, mais l’aurait-elle été si ce n’avait pas été pour son professeur de philosophie qui l’a laissée dormir pendant o combien de cours? Son coup décisif aurait pu mener la balle de l’autre côté de la ligne blanche si son kiné n’avait pas été si patient, à dénouer si professionnellement toutes ses contractures, ou si son médecin n’avait pas été si compétent.

Qu’en est-il des heures de travail derrière le triomphe du Maillot Jaune? On penserait que courir sur le Tour est une tâche dure, mais ça serait se tromper! La course est la partie facile. Un cycliste, comme tout autre sportif(ve) est constamment en train de s’entraîner, soit en stage, ratant la vie “normale” de famille, soit en entraînement à la maison, et n’a pas de temps ou l’énergie pour des loisirs extra-sportifs, comme regarder la télé avec sa famille ou sortir avec des amis. La réaction et la façon de considérer l’athlète de ces derniers est cruciale, s’ils ne l’acceptent pas, et s’ils refusent de ne le voir que de temps en temps, pas en “vrai père” ou en “vrai ami”, tojours, il serait impossible de concilier les vies sportives et privées.

Il faut aussi admirer le sacrifice que l’entraîneur effectue pour suivre et soutenir un athlète, pour que l’étincelle de talent inexploité prenne feu, et éclose en une étoile brillante, pour mener son/sa protégé(e) dans la bonne direction.

Un cycliste a beau avoir la corps à devenir le prochain Froome du Ventoux, mais si il est mal manipulé, autant qu’il court sur un vélib.

De cette façon, l’entraîneur pourrait bien être la deuxième personne la plus important dans le façonnage d’un athlète. Il est la personne la plus proche à l’extérieur du sportif à témoigner et à juger de sa manière de pratiquer son sport. A voir jour après jour la façon dont son pied prend appui au sol, dont ses mains tirent l’eau, dont il s’essouffle, fait du coach le juge, chef-d’orchestre, ou professeur parfait envers l’athlète. Lui seul a le regard qui voit le nombre de coups de bras diminuer, ou au contraire, qui s’aperçoit  de l’essoufflement inhabituel du sportif. Ces entraîneurs remarquent beaucoup de choses dont lesquelles le coureurs passe à côté, et connaît les secrets et les méthodes pour sculpter un champion à partir d’un simple être humain.

Un entraîneur est la personne qui construit un moule. Si ce moule a la bonne forme, et qu’il est remplit avec de la matière de bonne qualité, en quantité suffisante, une superbe sculpture se formera. Mais si ce moule est fragile, mal fini, un athlète, avec autant de potentiel physique qu’il puisse avoir, donnera une mauvaise oeuvre.

Qui donc d’autre?

Le gars qui ouvre la piscine à 6 heures du matin, toujours avec ce sourire aux lèvres, qui donne l’impression que la séance est moins dure. Les cuistots à la cantine, glissant une cuillère de pâtes en plus sur l’assiette. Tous les amis, la famille, qui suivent le parcours, les compétitions, les hauts et les bas (et surtout dans les bas), et qui sont un soutien permanent. Ces petits gamins chinois qui fabriquent les baskets qui améliorent la performance, sans qui  peu de personnes auraient le luxe de pouvoir courir avec de tels ressorts au pied. Ces athlètes élites, passant exemplairement à la télé, qui inspirent, qui font rêver. Le chocolat, pour les périodes de déprime. How I Met Your Mother, Orange is the new Black, Game of Thrones, Miranda, et tous les autres, pour les soirées de décompression. Et la Maison, juste pour être la maison. Et pour toujours être là.

Merci à tous ces fantômes.

C’est physiquement que nous courons et que nous franchissons la ligne d’arrivée, levant nos bras d’exaltation et c’est nous que le grand public voit et admire. Mais c’est vous fantômes qui nous forgez, qui courez avec nous, qui nous donnez l’énergie de nous pousser un peu plus loin. Vous faites vraiment la différence. Il y a l’entraînement, indéniablement, mais il y a aussi tellement de détails et de personnes qui nous font continuer, et qui font ce que nous sommes.

Merci. Nous gagnons ensemble. Nous ne vous oublions pas.

1 commentaire
  1. En fait, c’est un peu comme pour tout le monde…
    Les athlètes seraient des gens à peu près comme les autres. Je me demande qui avait besoin qu’on le lui répète mais ça va sans doute mieux en le disant.