On refait la course avec Pierre Le Corre > 6e à Yokohama, la roue tourne rond

Yokohama était la dernière occasion pour les bleus de se montrer avant que l’équipe technique de la FFtri ne fasse son choix. Cette course à enjeux a semblé manquer d’action de l’extérieur. On s’est donc entretenu avec Pierre Le Corre pour avoir sa vision des choses sur la course et son opinion sur son effort qui lui a permis d’obtenir une 6e place. 

Comment s’est passée ta préparation pour Yokohama? Entre la performance de Dorian ou encore la perte de présélection de David Hauss, il y avait de quoi se perdre là-dedans…

Ma préparation a été un peu particulière. Comme Dorian et David, j’ai traversé des moments de doutes, de blessures et de maladie. La pression est proportionnelle à la densité que nous avons en France. Je ne suis pas du genre à stresser avant les courses, mais difficile de ne pas se laisser griser par l’enjeu et les rebondissements à la course olympique… Tout en restant conscient de l’environnement extérieur, j’ai essayé de me concentrer au maximum sur moi-même et sur ce que j’avais à faire.

Yokohama n’a pas attiré plusieurs ténors comme les Brownlee ou Gomez. Pensais tu qu’il y aurait tout de même un coup à jouer dans l’eau et à poursuivre à vélo afin de créer la sélection habituelle….

Oui je le pensais réellement. Je m’étais imaginé partir avec une petite dizaine d’athlètes, car le parcours était rendu exigeant avec le vent.

Parle-nous de la natation, avec l’enjeu et les vagues, ça restera étonnamment très dense…

Oui je pense que le relief aquatique n’était pas propice à créer des écarts (beaucoup trop de courant et de clapot). Quand on se trouve devant on casse les vagues et le courant pour ceux dans notre sillage. Je me sentais en forme sur la partie natation, cependant au moment où je tente de me replacer en 3e position la fermeture de ma trifonction se casse et je termine 1km avec un joli drag short dans le dos. La natation devint un peu plus compliquée à partir de ce moment-là.

Même si tu sors à l’avant, ton démarrage semble un peu difficile. Un groupe de 8 se détache… T’es-tu inquiété sur le moment?

J’ai souvent des difficultés à mettre mes chaussures de vélo. Cela semble anodin, mais à ce niveau-là ça me coûte souvent cher! Je sors de la T1 6e et je me fais doubler. Quand je vois qu’une échappée se forme devant moi je ne m’inquiète pas trop, car je connais les exigences du parcours et aussi l’importance pour tout le monde de ne laisser partir personne.

À peine un tour plus tard, les 61 des 65 athlètes au départ étaient à nouveau réunis… J’imagine que ce n’était pas ton scénario préféré. Comment cela se passe? De l’extérieur, on a presque l’impression que les Anglais se contentent de se montrer à l’avant…

De l’extérieur seulement alors, parce que de l’intérieur les Anglais ont tout donné à vélo pour montrer à leurs sélectionneurs qu’ils pouvaient être les domestiques des frères Brownlee. Ça a quand même roulé 1’30 à 2’ plus vite que les années précédentes avec beaucoup de vent. Ils ont verrouillé la course et il ne restait qu’à être placé et vigilant en attendant T2.

Est-ce que tu penses tout de même que cela peut partir?

Non impossible. Ce n’était pas envisageable et réellement stupide d’envisager de le faire. Il y avait trop de vent et la moyenne était trop élevée pour espérer prendre une avance confortable sans ruiner sa course.

Quand tu poses le vélo, tu te dis…

Je me dis qu’il ne manque personne, tout le monde est là pour aller chercher sa sélection. Je ne suis pas non plus super confiant étant passé par 3 jours de fièvre en rentrant du Cap.

Mola s’envole rapidement, juste Blummenfelt semble encore y croire… comment cela se passe dans ton groupe… un jeu à l’usure…

Je pars du parc en 30e position à 6 secondes de Mola. Je remonte, mais pas assez pour rentrer au contact de la tête. Puis je reste avec Fernando Alarza pour assurer un bon résultat. La pression olympique inhibe le côté intuitif. Je l’ai joué stratégique et ai préféré assurer un résultat plutôt que prendre le risque de suivre quand Grajales est parti… et de perdre gros si j’explosais. Cependant avec le recul je me dis que j’ai peut-être raté une occasion.

Tu finis finalement 6e, comment prends-tu ce résultat? J’imagine qu’il y a une certaine satisfaction de délivrer une bonne performance dans un événement ayant autant d’importance pour la suite…

Comme je l’ai dit plus haut c’est un résultat correct, mais qui manque clairement de panache. Je fais quelques erreurs qui ne sont pas pardonnables à ce niveau et qui me coûtent peut-être un meilleur résultat. Cependant, je pense avoir rempli mon objectif.

Et la sélection, comment vois-tu les choses maintenant?

Je ne peux pas me prononcer à ce sujet vu que je ne suis pas décideur. Je reste dans ma fonction d’athlète qui est de « performer » et de montrer que je suis compétitif. Les gens donnent leurs avis sur leurs préférences de sélection et d’un côté j’en suis ravi, car ça montre l’intérêt grandissant du triathlon et à la fois ça fait bizarre qu’on soit au milieu d’un micro débat public.

C’est anecdotique, mais Dorian et toi, vous semblez avoir été très gentleman l’un envers l’autre et ce malgré la cruauté du processus… non?

Oui nous nous entendons très bien et malgré cette rivalité qui nous a opposée nous avons su ne pas nous focaliser sur l’autre plus que sur un autre concurrent, et jouer le jeu à fond. À Cape Town, nous avons collaboré tous deux en vélo alors qu’il aurait été facile d’en faire moins que l’autre pour sauvegarder ses forces. On ne s’est pas fait de cadeaux non plus.

Et la suite pour toi? J’imagine que tu vas être légèrement stressé pour les 2 prochaines semaines…

Non j’ai déjà assez stressé comme ça! Je vais me concentrer désormais sur la suite de la saison. La semaine prochaine c’est la première étape du GP avec mon équipe de Montpellier et il va falloir répondre présent pour conserver mon titre de Champion de France.

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