Le chronique de Xa’ > Baudreix 2016 > ma petite histoire d’un ami nageur devenu triathlète

Il faut que je vous raconte ma journée de dimanche dernier…

J’étais à Valence pour coacher « mes » petits versaillais et versaillaises sur les grands prix D1 et D2. Quand vous êtes accompagnateur, il y a mille choses à gérer et au bord du petit lac qui sert d’écrin à l’épreuve, le réseau passe mal… Bref, c’est pas bien grave, concentré sur ce que j’avais à faire, j’oubliais un peu mon téléphone portable pendant quelques heures… ça fait du bien aussi  de se déconnecter un peu de temps en temps…

En rentrant à mon mobil-home, je découvre un texto d’une certaine Léonie P : « Sébastien Fraysse 2e à 10km de l’arrivée au France. C’est énorme !!! » J’écarquille les yeux… J’étais au courant évidemment, qu’il y avait les championnats de France longue distance à peu près sous les mêmes latitudes, mais un peu plus à l’ouest aujourd’hui… quelques triathlètes versaillais y participaient. J’avais entendu dire que Sébastien prenait le départ de la course aussi… Mais alors là, 2e après le vélo et la moitié de la CAP… Incroyable ! Je retourne alors à mes affaires en me disant qu’il reste quand même un bon bout en CAP et que si Seb fait un top cinq voire un top dix, ce sera déjà fantastique…

Fin de course à Valence, on range les affaires, nettoie le mobil-home, avale une pizza, prend le train, reprend un minibus gare de Lyon, rentre sur Versailles… et je me retrouve ainsi presque « frais dispo » à la maison vers 2 heures du mat… Facile ! Le bon moment pour récupérer du haut débit et regarder de plus près les résultats de la course Pyrénéenne. Je manque alors de tomber de mon lit : Sébastien a conservé sa 2e place à l’arrivée. Ça me parait dingue, mais c’est bien réel !

Alors il faut que je vous explique…

Je connais ce petit gars depuis un peu plus de 10 ans. À l’époque, Seb est un nageur de haut niveau à la SN Versailles. Il excelle en eau libre et demi fond (recordman de France du 5000m en piscine, 3’48 au 400m nage libre, 14’55 au 1500m…) De temps en temps, Seb coache un peu les triathlètes au bord du bassin… Il nous aime bien, nous, « les enclumes… » son meilleur pote : Jo, est mon jeune partenaire sur le tout récent circuit de D2. Du coup, comme Séb traine souvent avec nous, nous tentons de le décider à s’essayer au triathlon… On n’est pas bête, on sait que ce genre de loustic avec la « caisse » qu’il a, peut rapidement être très bon, surtout sur les courses avec drafting. Il pourrait y rendre des services précieux pour notre équipe de D2 !  Les discussions reviennent souvent sur le tapis lors des sessions « MC Do » qui suivent invariablement l’entrainement natation du mercredi soir, mais il tient bon avec un argument béton : « le triathlon, il faut faire trop de bornes en vélo et en course à pied, jamais j’aurai la motivation pour faire ça… ». En plus, Seb à pour ambition d’aller à Londres pour représenter la France en eau libre… et il est plutôt bien placé pour y parvenir…

Cependant, sa coach Fabienne, qui est une proche de Patrick Dréano (les très anciens  du triathlon comprendront !) connait les bienfaits des entrainements croisés et voit avec un oeil plutôt bienveillant le fait que Seb court un peu et fasse du vélo… Il roule donc de temps à autre et nous accompagnera même une année en stage à Hyères… À l’époque, le col du  Babaou, c’était un peu l’Aubisque de Sébastien… (quand je réalise aujourd’hui que je l’attendais pendant la montée de cette bossette de 5 km et que je vois comment il a maîtrisé les 107 km du parcours d’hier, ça me fait bien rire ! )

Pour le « fun », au printemps 2008, il décide de préparer l’aquathlon de Vittel histoire de voir… Je lui fais alors faire quelques séances de piste tous les mardis matin avec moi… pas « grand chose» : souvent, ce sont des 200 et des 300, mais je suis épaté de voir que, naturellement, le petit gars couvre ça sans sourciller en 29’’ et en 50’’ et ceci presque direct sorti de son premier entrainement natation et avec un dynamisme dans la foulée qui fait penser à tout sauf à un « nageur ». Dans son petit « coup de fun », il passera tout de même proche de la victoire à Vittel : 4e, rattrapé in extrémis en finale par des lapins de garenne du nom de Belaubre, Luis et Raphaël…

Les années passent, Seb déménage à Toulouse, rate le coche des J.O en eau libre pour presque rien et se cale tranquille dans son sud-ouest d’adoption puis devient papa… Rideau pour moi ! Le mec a changé de vie et s’il a bien terminé un Ironman du côté de Lanzarote il y a deux ans, je me dis que c’était plus pour le défi qu’autre chose… Désormais, le sport, ça doit juste être pour rester en forme…

Pourtant, il y a quelques mois, la magie des réseaux sociaux me fait dire que mon vieil ami mijote quelque chose… Je découvre sur FB quelques photos de mon Seb en session d’entraînement à la montagne avec un certain Antony Costes. Je ne connais pas personnellement Antony, mais je ne l’imagine pas en train de « faire du social ». Si tu fais des sorties en bike et à pied avec lui, c’est que tu n’es pas cul-de-jatte… En plus, je sais que Jo, le vieux pote de Seb, qui est devenu pro dans le coaching personnalisé, planifie désormais ses entraînements… Tout cela m’intrigue un peu… mais sans plus, alors j’oublie !

Et puis, il y a quelques semaines, tout s’emballe lorsque Sébastien remporte avec facilité l’half Ironman de Lacanau… Là, je sais qu’on ne gagne pas une course de plus de 4 heures en faisant un simple « footing poussette » tous les dimanches… Et je connais trop Sébastien pour ne pas savoir que lorsqu’il fait quelque chose sérieusement, en général, ça fait mal !

Pourtant, sur un parcours si difficile, je n’arrive pas à me faire à l’idée, qu’il va réellement s’en sortir comme sur une course rectiligne et plate telle que Lacanau… Le garçon a quand même de la masse musculaire… Utile sur le plat, mais en bosse et sur des courses à pied longues… Ça risque d’être compliqué…

Et ç’est là que Sébastien a été épatant à Baudreix : ce matin, j’ai regardé plus précisément les résultats et j’ai consulté « le film de la course » grâce aux multiples vidéos prises par Frédéric Belaubre (merci au passage, c’est tellement bon de voir une élite si proche des coureurs et supporter en toute simplicité…). Sur une d’entre elles, on voit que Seb, à l’amorce du col, n’a plus que très peu d’avance sur pas mal de personnes… seulement 30 km ont été parcourus, les choses sérieuses n’ont pas encore commencé à ce moment-là… J’ai compris que Sébastien était évidemment sorti de l’eau seul devant, mais avait géré le vélo avec un sens tactique assez fou pour un « débutant » pour revenir tranquillement ensuite et reprendre des athlètes aussi confirmé qu’Arnaud Guilloux par exemple en course à pied… Tout à fait bluffant !

Du coup, avec le recul, l’interprétation que j’avais faite du texto de Léonie hier, prend une tournure plutôt savoureuse : j’espérais que mon pote tienne et ne flanche pas en course à pied… il était, en réalité, en train de reprendre ses adversaires après avoir posé le vélo 5e !

Alors c’est sûr, cette édition ne fut pas la plus relevée de l’histoire des championnats de France. Il manquait pour ainsi dire la totalité des « big pro » français au départ… Occupés qu’ils sont pour la plupart, par le circuit Ironman… Cependant, sur un parcours comme celui-là, chacun mérite sa place… Sébastien n’a pas volé sa belle médaille. Et je connais trop ce sport pour ne pas apprécier sa perf à sa juste valeur parce qu’il y a tout de même de sacrés costauds derrière lui à l’arrivée…

Je me demande d’ailleurs quelle importance il donne à cette perf par rapport à ses podiums et ses titres nationaux en natation il y a quelques années…

Et puisqu’on en parle, que pense Jean-Eudes Demaret de sa victoire ? Lui qui, finalement, ressemble beaucoup à Sébastien : ancien pro venu sur le tard au triathlon, mais à partir du vélo cette fois-ci.

Jean-Eudes, je ne le connais …  Je serais curieux de connaitre aussi sa trajectoire… Si quelqu’un est partant pour nous la raconter ?

4 commentaires
  1. merci pour ce bel article. Dans mes vagues souvenirs Antony Costes n’est effectivement pas le sparring partner que j’appellerais pour faire du tourisme.

  2. Que de souvenirs en effet, j’avais oublié le babaou !!! Par contre c’était pas Mc Do mais Quick 😉 Sans vous, je n’aurai jamais fait de tri c’est sûr, et je ne suis pas le seul (C’est pas LeonieP. qui dira le contraire tellement elle a usé les gradins de Monbauron 😉 ), vous faîtes un sacré boulot (j’inclus tout l’équipe versaillaise des débuts ils se reconnaîtront). Pour ta question, je me la suis posée aussi figure toi…et je ne suis pas sûr qu’il faille y trouver forcément une réponse 😉 Pas le même investissement, pas le même niveau de perf, (avec les « big pro » le tarif c’était 15′ à vélo, 10′ à pied et 3′ en transition)), mais du plaisir à chaque fois, c’est bien là le principal non?