JO Rio > Alistair Brownlee, maitre de la cérémonie.

Pour les JO Beijing, l’équipe britannique n’avait pas eu le choix de sélectionner un athlète de 20 ans. Le champion junior de 2007 avait tout simplement enchainé avec une seconde place en coupe du monde (Rhodes). Il répéta cet exploit en s’offrant une 3e place à Madrid à un mois des Jeux.

Cet athlète n’était nul autre qu’Alistair Brownlee. Alors qu’un jeune de cet âge aurait pu se contenter de suivre les leaders aux JO, il sera bien l’agresseur en partant en tête de la course à pied et en imposant sa vitesse. Le Britannique sera déjà dans cette logique, la victoire ou rien. Cette 12e place sera une source de motivation pour l’avenir. 

Alors que 2009 est synonyme de la création de la série mondiale afin d’encourager des épreuves avec des plateaux plus denses, elle révèle tout simplement Alistair Brownlee. Vainqueur de ses 5 épreuves. L’athlète alors âgé de 21 ans est tout simplement imbattable. Il modifie progressivement le sport avec le principe du premier kilomètre en surrégime.

L’athlète entrainé par Jack Maitland et Malcolm Brown laisse ses adversaires sans réponse. Le début des ennuis commencera lors de la série mondiale à Londres. Alistair est victime d’un coup de chaud. Il gagnera tout de même le titre mondial. 

Mais à force d’aller aussi vite, Ali flirte avec les blessures, il tombe pour la première fois pour une fracture de stress. Alors que son retour est marqué par une inhabituelle 29e place à Sydney, il enchaine à nouveau les victoires. Un point marquant est le Championnat d’Europe à Pontevedra, soit chez son adversaire favori, Javier Gomez.

La course est marquée par l’attitude de Harry Whilshire qui s’efforce à géner Javier Gomez lors de la natation. Le coéquipier des Brownlee est d’ailleurs sanctionné pour cela. On reconnait dans ce geste la dimension tactique des Britanniques puisqu’il y avait des places en jeu pour les JO sur cet événement. Plusieurs années plus tard, le mystère plane toujours. Est-ce que tout cela était planifié?

Chose certaine, les Brownlee ont compris qu’il devait contrôler la course afin de gagner. Au fil des ans, on a vu leur bagage tactique évoluer. Alors que leurs adversaires cherchent toujours des moyens pour sa rapprocher d’eux, Alistair s’assure de durcir les courses afin que seuls les athlètes affichant des profils complets puissent jouer le podium. À ce jeu, de nombreux athlètes qui étaient pourtant des habitués aux podiums se sont fait montrer la sortie. 

Enchaînant les victoires et quelques soit les parcours, Alistair gagne et la victoire aux JO de Londres semble inévitable. Pourtant, il se blesse à nouveau au pied durant l’intersaison. Sa seule course avant les jeux sera Kitzbuhel. Il l’emporte par une minute d’avance sur son frère. La table est mise. Il gagne logiquement les jeux avec un temps sur 10 kilomètres de 29:07. 

Profitant de son succès olympique, Alistair sera dans l’égarement, souhaitant se qualifier pour les Jeux du Commonwealth en 10 000m, le volume additionnel en course à pied le blessera à deux reprises. Durant ce cycle olympique, Ali n’est plus en mesure de faire une saison complète. Il termine d’ailleurs la saison de 2013 et de 2014 blessée. 

Mais comme toujours, lorsque le grand Ali semble retrouver son pic de forme, il semble imbattable. Sa seconde place derrière Javier Gomez à Yokohama (2015) est pourtant vu comme une redistribution des cartes. C’est d’ailleurs l’espagnol qui remportera le titre mondial. 

Alors que la concurrence cherche sans cesse la parade aux Brownlee et tente de comprendre leur secret, ce phénomène entrainera la perte de nombreux vétérans mais aussi celle d’Ali.

À nouveau, Alistair Brownlee se blesse en fin de saison, après une décevante 10e place au JO de Rio, le champion olympique agite le drapeau blanc et décide de se faire opérer espérant que cela mettra un terme à ses blessures à répétition au pied. 

À l’image d’un Bolt, Alistair laissera planer le mystère, boitant lors de sa première course de reprise en 2016, nombreux pensaient que c’était la fin pour le grand Ali. Son forfait à l’épreuve suivante alimente les chaumières. Il revient pourtant plus fort, enchainant les victoires à Leeds et à Stockholm, deux parcours où l’effort est total dans les 3 sports, cela sera suffisant pour qu’il soit à nouveau le grand favori.

À 28 ans, Alistair Brownlee est donc le 4e triathlète de l’histoire qui tentera de faire le doublé olympique. Quelle que soit l’issue, cet athlète a tout simplement changé le sport. Alors que les courses étaient souvent perçues comme des courses d’attentes, elles sont devenues à l’élimination. 

Rio pourrait être sa dernière véritable course sur le tapi bleu. Chose certaine, Alistair sait qu’il est athlétiquement le plus fort. Pour gagner, il se doit de contrôler la course. 

Le Britannique est distinct par son audace et mettre en application des scénarios qui semblaient être impossible. Contrairement à Londres, le parcours de Rio semble être fait pour lui. Avec l’absence de Javier Gomez, il ne fait aucun doute que son adversaire le plus direct pourrait être les Français et plus précisément, Vincent Luis.

Ne soyez pas étonné de voir Alistair et son frère s’efforcer pour partir seuls. Ils avaient d’ailleurs réussi cet exploit en série mondiale à Stockholm, mais aussi lors des Jeux du Commonwealth. Le parcours vélo de Rio récompensera ceux qui prennent des risques. Richard Varga de la Slovaquie devrait bien en jouer. 

En triathlon, les Jeux olympiques ont cette magie. Certains schémas tactiques sont seulement sortis tous les 4 ans et tout peut arriver. Une pénalité en transition, un contact, une chute en descente, une crevaison… ou tout simplement, un athlète plus fort en course à pied. Le retour d’un Mario Mola, Richard Murray n’est pas impossible. Est-ce que Vincent Luis peut aussi lui rendre la monnaie de sa pièce sur 10 kilomètres, toute sa préparation s’est basée là-dessus et chose certaine, Luis devrait être à son meilleur niveau de performance.

Avantage mental pour Alistair? 

Certains athlètes sont libérés de considérations comme le classement général. Seule la médaille compte et ils agissent donc différemment. 

Alistair est déjà favorisé puisqu’il a déjà son titre. Pour un triathlète, ne pas gagner une médaille d’or olympique est vue comme une malédiction. Javier Gomez, Simon Lessing, Bevan Docherty sont partis avec le sentiment d’inachevé. 

Avec sa victoire à Stockholm et à Leeds, Alistair a clairement marqué les esprits. D’ailleurs, cela a placé son frère dans l’ombre. Dans ce duel fraternel, Johny semble jouer un second rôle. Comme Alistair l’avait mentionné à Leeds, s’il est en mesure de se présenter dans les mêmes conditions physiques qu’à Londres, il sera selon lui imbattable.

Est-ce vraiment le cas?

 

 

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