Ce que l’on a appris > JO Rio, Mont du Pain de sucre pour les Brownlees?

Tout cela pour cela?

C’est probablement ce que beaucoup se disent. Même pour nous, il y a déjà ce sentiment de vide face à un événement si attendu et qui n’a peut-être pas délivré ce que l’on espérait. Pas que la victoire des Brownlee n’est pas méritée, mais plus le fait qu’ils n’ont jamais réellement été placés en danger.

Face à l’envergure de cet événement, on aurait espéré que l’OBS (Olympic Broadcaster Service) produise une meilleure retransmission. À force de s’acharner à nous montrer les hommes de tête et ne pas communiquer sur les écarts, on a à nouveau ce sentiment de n’avoir jamais compris le déroulement de la course. On a manqué les chutes et les faits de courses qui ont pourtant tant d’impact sur la course. On imagine tous ces entourages d’athlètes qui n’ont jamais vu leur préféré.

Déception française? Il faut aussi regarder les autres…

Avec toute cette attention médiatique pour Vincent Luis, sa 7e place peut être vécue comme une incroyable déception. Mais il faut regarder plus loin, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis, soit trois grandes nations du triathlon qui n’ont aucun athlète dans le top 8. La France et l’Espagne, deux nations profitant d’un bassin d’athlètes très vaste doivent se contenter d’un seul athlète dans le top 8.

Avec les victoires de Mario Mola et de Fernando Alarza cette saison en série mondiale, ils peuvent paraitre comme des contre-performances bien plus importantes que celle de Vincent Luis.

2015 VS 2016

Face a des conditions très similaires, il est intéressant de comparer les temps. On notera que le parcours de natation a été modifié. On rappelle que la dynamique de la course était très similaire puisque dans les deux cas, ce sont des groupes réduits qui entraient en T2.

temps de vélo

57:30 (Javier gomez – 2015) VS 55:01 (Henri Schoeman – 2016) course à pied

30:30 (Richard Murray 2015) VS 30:34 (Richard Murray 2016)

Le temps en course à pied de Richard Murray est d’autant plus remarquable puisqu’il est signé après un vélo nettement plus appuyé. En complément, Vincent Luis court seulement 30 secondes plus lentement durant les Jeux.

Mea-culpa des médias français?

C’est un sujet épineux. Avec la saison 2015 de Vincent Luis, il était réaliste de croire dans ses chances de podium. Mais la machine s’est un peu emballée afin de créer le buzz. Entre sa seconde place au Championnat de France de cross, son documentaire avec intérieur-sport. L’intérêt médiatique a créé certaines attentes qui n’étaient plus basées sur ses plus récents résultats des 3 derniers mois puisqu’il n’y a pas eu de confrontation avec les Brownlee, Mola, Murray sur cette période.

Évidemment, pour un athlète de haute performance, cela est tout à fait normal de croire en son potentiel et de véhiculer une certaine assurance. D’ailleurs, ses sponsors lui demanderont d’aller dans cette direction.

Le traitement médiatique doit justement dépasser l’aspect patriotique du sport sinon on ne sera jamais en mesure de trouver cette fameuse recette pour gagner.

La vrai question est donc de savoir si on lui rend vraiment service en créant des attentes qui viennent juste créer plus de sollicitations avant la course. Qui paye l’addition quand la machine s’est réellement emballée trop vite…

Dans l’exercice, il faudrait analyser si les Brownlee ont été aussi disponibles dans les derniers jours.

Lorsqu’un athlète ne performe pas, il a ce sentiment de ne pas mériter le support de la communauté. Vincent a tout donné et il a joué sa carte à fond.

Pierre Le Corre a manqué de peu d’être dans le groupe de tête et il se fera piéger plus tard en se faisant bloquer par une chute. Dorian Coninx perd sa chaussure en montant sur le vélo, ces détails très couteux n’effacent pas leur résilience et leur engagement dans un sport qui est rapidement cruel.

Pour les Brownlees, c’est du gâteau?

On aurait aimé avoir tort (ou pas), mais dans notre texte post série mondiale, on avait souligné le fait que lorsque Alistair Brownlee est en forme, il est tout simplement le plus fort et il conserve une certaine marge sur n’importe qui. Est-ce qu’il s’est déjà fait battre à la régulière (sans pépin physique)?

Il fallait tout de même contrôler la course. Savoir organiser les troupes, imposer un rythme pour créer des conditions gagnantes. S’ils savent faire la différence à deux roues, on a toujours de la difficulté à comprendre comment leurs adversaires n’offrent pas plus de résistance.

Le Club des 10 bien rodé VS le reste du monde. 

En regardant les 10 athlètes dans l’échappée, il fallait tout simplement accepter qu’il n’y avait pas réellement de surprises. Ces athlètes sont habitués à se retrouver dans ces conditions et adhèrent tout de suite dans un plan global.

En arrière, on retrouve plusieurs saboteurs. Les meilleurs rouleurs (Blummenfelt et Schilling) sont malgré eux désignés pour faire tout le travail. Des nations piégées et non représentées à l’avant comme la Nouvelle Zélande ou l’Espagne se devaient de fournir un effort. Ironiquement, tous ces athlètes intercalés se laisseront couler… Le manque d’action des Espagnols pour résister aux Brownlees affiche une certaine culture tactique de l’attente.

Murray des regrets… 

Richard Murray sort avec 1 minute de retard de la natation et il posera le vélo avec seulement un 20s additionnel à ce premier écart. Il obtient sa 4e place en signant le meilleur temps en course à pied.

Il est difficile de le comparer avec Alistair Brownlee puisque le vainqueur s’accorde une trotte avant de passer la ligne. Mais en le comparant au temps de Jonathan, le Sud africain est plus rapide que le vice champion olympique dans les 2 dernières disciplines…

Domestique Domestique… 

Seul véritable domestique annoncé, Gordon Benson n’aura jamais réussi à épauler les Brownlees. Sortant trop en retard de l’eau, on peut parler d’un support de l’arrière. Maintenant, on peut s’efforcer à dire que la fédération s’efforce d’utiliser une stratégie qui n’est pas nécessaire. Au final, cela a probablement un effet néfaste sur les athlètes émergents. Mais lorsqu’on gagne autant de médailles, est-ce que l’on est véritablement attaquable?

Mola domestique?

Ironiquement, on est en droit de se questionner si les Espagnols ne l’ont pas échappé. Mario Mola avait une chance de battre les Brownlee s’ils étaient en mesure de rejoindre le groupe. À seulement 13 secondes des frangins à la sortie de l’eau… et s’il avait pu avoir l’aide d’un compatriote pour lui offrir sa roue sur le premier tour?

Natation natation?

C’est peut-être la vraie surprise des Jeux, on s’était attendu à voir plus de sélections dans l’eau. Elle aura avant tout été créée par le début du vélo. Ils étaient 26 à sortir à moins de 20 secondes de la tête. C’est plus dense qu’à l’habitude… L’opération sélection sera reportée au début du vélo. Si la règle des 20 secondes était facilement applicable en WTS, avec le retour des Brownlee, la marge à l’erreur est réduite à 10 secondes.

Une course qui aura de l’impact sur les femmes?

Il ne fait aucun doute que le déroulement de cette course aura un certain impact sur les femmes. Flora Duffy devrait imposer rapidement sa loi sur le début du vélo pour embarquer avec elle un comité très réduit. Il devrait y avoir des écarts encore plus significatifs à la pause du vélo…

La malédiction des Canadiens…

De mémoire, les canadiens sont victimes de chutes lors des JO. Cela s’est répété avec Andrew Yorke qui doit se contenter d’une 45e place. Son collègue d’entrainement, Jason Wilson l’aurait emporté avec lui, lorsque son vélo s’est tout simplement cassé en deux (premier rapport).

Tyler Mislawchuk, âgé de 21 ans, réussi tout de même à prendre une 15e place. Cela demeure le meilleur résultat canadien pour les deux dernières olympiades.

La vraie surprise…

La médaille de bronze d’Henri Schoeman est une véritable surprise qui est pourtant logique. Excellent nageur, on voyait que l’Africain du Sud continuait à progresser en course à pied. Il monte sur le podium sans jamais avoir obtenu une médaille en série mondiale.

Dans ce cas, il est intéressant d’observer que sa fédération nationale se voit récompensée alors qu’elle avait tenté de persuader  Shoeman d’être  à la disposition de Richard Murray.

Demi surprise…

Jonathan n’a jamais réellement couru pour battre son frère. On peut présager qu’il savait déjà qu’il était nettement plus fort. On a plus eu le sentiment d’une certaine synergie entre les deux afin de se séparer de Vincent Luis.

La demi surprise est sur la relative passivité d’Alistair dans la fin du vélo et début de la course à pied. Est-ce que la seconde médaille est synonyme d’une plus grande maturité dans ses décisions tactiques. Moins instinctif mais plus controlé…

Une page qui se tourne…

Maintenant qu’Alistair vient de gagner un second titre olympique, qu’il a transformé la manière de courir, est-ce qu’il pourrait rapidement faire de même en longue distance?

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