Imbroglio à l’Ironman Vichy > Des athlètes disqualifiés par « erreur ».

Début 2016, Ironman conscient de l’existence d’une variabilité dans les interprétations des règles en fonction de la zone géographique décide d’en globaliser certaines. Par exemple, la zone de drafting et les temps en pénalité sont uniformisés. Aussi, afin de répondre à une nouvelle demande et pour éviter des fiascos comme la disqualification de Craig Alexander pour le port d’une speedsuit (trisuit manche longue) qui dépasse sa swimsuit (combinaison fine en textile destinée uniquement à la natation) durant l’épreuve natation, Ironman décide d’autoriser le port d’une trisuit sous la swimsuit du moment qu’elle ne depasse ni les coudes ni les genoux.

Photo par Competitive image montrant deux athlètes pros portant trisuit avec manche et swimsuit
Photo par Competitive image montrant deux athlètes pros portant trisuit avec manche et swimsuit

Lorsque Ironman se présente en France, il existe toujours cette problématique, les officiels de la FFtri ont un livre de règlement différent (la réglementation générale de la FFTri) et ils ont été formés pour ne pas fléchir. Malheureusement, même à ce niveau, les arbitres ne semblent pas être conscients que les courses Ironmans ont quelques points de règlements différents et un mail commun avec l’organisation quelques semaines avant l’épreuve sur les points de différence entre la RG française et les habitudes du circuit WTC aurait évité les situations confuses qui ont émaillé le week-end.

En effet, dès le briefing obligatoire pour les pros, il y a déjà une sorte de malentendu puisque les athlètes découvrent pour certains qu’ils ne doivent pas utiliser de swimsuit par dessus leur trifonction qu’elle dépasse ou non sur les épaules (p51 de la RG, sur la partie relative à l’épreuve natation :

« Le port d’une sur tenue est interdite. Seul le maillot de bain ou une tri fonction est autorisée ».

Comme on peut s’y attendre, les pros internationaux étant habitués à pouvoir courir avec des swimsuit comme surtenue au-dessus de leur tenue de course et ayant même obtenu depuis 2016 l’autorisation de porter des tenues avec manche en dessous de celle-ci ne comprennent pas. Après une bonne 1/2h de palabres sans avancées réelles, avec un arbitre principal ne comprenant pas et n’étant pas compris suffisamment en anglais, s’en tenant comme c’est son rôle à la réglementation en vigueur, la « séance » se termine par =>

A ) les hommes ont le choix de nager :

  1. en maillot de bain
  2. avec une épaisseur de textile de leur choix (sans néoprène évidemment) sur le corps et rien ou un simple maillot de bain en-dessous

B) idem pour les femmes avec la « tolérance » d’une brassière

Puis peu avant 23h ce vendredi, Ironman envoie un courriel à ses pros qui, au final, ne fera que rajouter à l’ambiguïté, certains y comprenant l’autorisation d’une speedsuit/trifonction mais sans manches sous la swimsuit (comme l’ancienne règle Ironman), d’autres y voyant la confirmation de la régle (pas de surépaisseur) de la FFTri avec la tolérance de pouvoir porter sa speedsuit/trifonction dont le haut serait roulé à la taille.

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Certains de ceux ayant opté pour la première interprétation (sans se faire confirmer par l’arbitre principal) effectueront la natation avec leur trifonction et à leur grande surprise (ou pas ? car certains avaient clairement joué la carte de la provocation leur du briefing), en sortant de l’eau, un arbitre leur présente un carton rouge, synonyme de disqualification automatique. 

Dans les concernés, on retrouve la favorite Diana Riesler, mais aussi le sympathique Pierre-Yves Facomprez. Si cela n’est pas assez, les arbitres iront jusqu’à disqualifier des amateurs.

Ce qui est le plus malheureux et dommageable pour une épreuve à portée internationale, c’est que même si les athlètes ont montré le courriel reçu du samedi et l’interprétation qui pouvait en être faite, l’équipe arbitrale a continué à appliquer la ligne dure puisqu’elle était dans l’incapacité de comprendre le mémo en anglais. 

A qui jeter la pierre ?
@ la réglementation générale de la FFTri qui brille parfois par ses spécificités dont on peut s’étonner de la pertinence si ce n’est créer ce genre de soucis qui ne profite à personne

@ la communication entre le corps arbitral et l’organisation, aucun des 2 n’ayant prévenu, (par courriel 15 jours avant, par exemple), de ce point de règlement différent des habitudes sur le circuit or le cas de figure (Allier à plus de 25°C) était plus que probable

@ la direction nationale de l’arbitrage qui n’a pas missionné un arbitre bilingue ou un interprète dédié pour éviter tout malentendu

@ aux athlètes qui n’ont pas fait la démarche de s’informer des règles en vigueur / voulu passer en force, tenté le pari / ne se sont pas fait confirmer par l’arbitre principal que leur option vestimentaire était acceptable.

Sans doute, un peu à chaque partie !

Dans les progrès vers l’uniformisation des règles, Ironman s’est pour l’instant, limité à exiger que ce soit le cas pour les distances de drafting, l’ouverture des trifonctions, et l’accompagnement (ou plutôt son absence) à l’arrivée. Donc en absence de demande claire sur ces questions, la réglementation fédérale est appliquée comme sur toutes les autres épreuves françaises.

Malheureusement, cela a des répercussions importantes pour ces pros et amateurs qui ont investi beaucoup dans cette course. Après la disqualification de Leanda Cave lors d’Ironman Nice pour une histoire de dossard non porté sur le vélo (règlement différent en Amérique du Nord), les arbitres français et Ironman auraient dû être plus attentifs sur leurs différents en termes de règlement vu leur passé. 

Fait important, tout cela n’est pas la faute de l’équipe organisatrice de Vichy, mais bien le manque de communication entre différentes institutions. 


« Section 4.03 RÉGLEMENTATION DES TENUES DE NATATION LORSQUE LE PORT DE
COMBINAISONS EST INTERDIT
(a) Les tenues de natation doivent être fabriquées à 100 % en matière textile, c’est‐à‐dire
en matière constituée de fibres naturelles et/ou synthétiques individuelles, et non pas
consolidées, constituant une matière textile obtenue par tissage, tricotage et/ou
tressage (en général des maillots en nylon ou lycra qui ne possède pas de matière
caoutchoutée comme le polyuréthane ou le néoprène) ; (DSQ)
(b) les tenues de natation peuvent avoir des fermetures éclair ;
(c) les manches s’étendant de l’épaule au coude sont autorisées ;
(d) les bas/hauts de combinaisons (néopréne) sont interdits (DSQ) ;
(e) les tenues de natation ne doivent pas couvrir le cou, dépasser le coude ou le genou ;
(DSQ) et
(f) un kit de course en tissu peut être porté sous la tenue de natation mais ne doit pas
dépasser le coude ou le genou. (DSQ) » 

  

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