Charlotte Morel se fait Trimer > vers de nouveaux sommets, objectif Kona en 2017?

Charlotte Morel est une pièce maitresse du Triathlon français depuis une décennie. Sa récente seconde place à Embrunman lui permet de confirmer des nouvelles perspectives. Trimes s’est entretenu avec elle pour en savoir plus sur son futur. 


2015 a été l’année du passage en longue distance pour toi, on a l’impression que ton apprentissage a été plus long que prévu non et que c’est finalement 2016 tes vrais débuts ?

Effectivement, en 2015 j’ai testé le long avec mes premiers Half Ironman, mais j’étais encore dans un club de D1 donc je faisais les grand-prix sous format sprint et je commençais en même temps la longue distance.

Jusqu’au mois d’avril (date du 70.3 de Californie) je faisais la majorité de mon entrainement avec le groupe de Saint-Raphaël qui préparait que des courses sprint donc ce n’était vraiment pas approprié à du Long. À mon retour de Californie, je me suis vraiment préparée en vue du Championnat de France LD. La suite a été de nouveau compliquée avec les 3 derniers GP + le FIT à gérer.

Cette année j’ai décidé de me consacrer à la Longue distance à 100% notamment en rejoignant le club de Monaco avec qui je partage des objectifs uniquement sur le long et en construisant mon entrainement autour d’objectifs précis sur LD.

Ce n’est pas vraiment l’apprentissage qui a été long, mais plutôt l’orientation de mes objectifs qui ne sont plus confus (ou mélangé à de la courte distance) maintenant et uniquement tournés dans le même sens.

charlotte_morelLa question peut paraitre étrange, mais as-tu le sentiment d’avoir sous-estimé les pré-requis pour réussir sur la longue distance?

Lorsque j’ai décidé de passer a du long c’était avant tout pour m’orienter vers une distance qui correspondait mieux à mes qualités et à un effort qui me plait davantage. Je suis arrivée sur mon premier Half pour essayer une nouvelle distance sans me préparer pour.

C’était vraiment le besoin de retrouver du plaisir et de changer de distance. On en a profité avec Fred pour allier découverte du Long et Voyage lors de notre premier 70.3 en Californie. D’ailleurs, j’ai rapidement vu que je n’avais pas l’entrainement qu’il fallait, mais aussi que le niveau sur Label Ironman était vraiment relevé. J’ai compris que si je voulais performer en longue distance il allait falloir que mon entrainement soit différent et mélanger court et long n’était plus possible.

J’ai aussi rapidement compris que la longue distance était un tout autre état d’esprit. Beaucoup plus de mélange entre niveaux différents, et plus dans l’accomplissement d’un objectif, dans la gestion d’un effort personnel, avec des parcours vélo souvent magnifiques. J’ai tout de suite accroché à cette nouvelle ambiance !

Et donc, j’imagine que tu considères ta seconde place à Embrunman comme ton résultat le plus marquant?

Sur la longue distance oui. C’est l’aboutissement d’un projet et d’un désir que j’ai construits cette année, et que j’avais en moi depuis toujours. Je me suis tenue à suivre le chemin que je me suis fixé, en passant par le championnat de France LD et une préparation précise, pour parvenir à mon objectif.

Le résultat est encore perfectible… L’histoire n’est donc pas finie. 

Vu ce résultat sur une épreuve particulièrement exigeante à vélo, est-ce que cela vient confirmer que ton vélo est redevenu ta force?

Je pense avoir toujours eu des qualités naturelles en vélo, surtout sur parcours vallonné. Surement parce que j’aime ça. Le premier exemple qui me vient à l’esprit (j’ai l’impression d’être une vieille!) en 2007 à Charleville-Mézières j’étais junior et j’avais posé le vélo seule en tête au Championnat de France Élite (à l’époque encore sur CD).

En faisant de la courte distance jusqu’au milieu de saison 2015 forcements, je passais énormément de temps à nager et courir, et beaucoup moins en vélo. Cette année, j’ai vraiment réorienté mon entrainement pour la longue distance dès la reprise. Je suis contente que ça ait payé.

La question doit être posée, même si tu es double championne de France LD, tu ne seras pas au départ des championnats du monde LD. Pourquoi?

Mon gros objectif cette année c’était Embrun. J’étais focalisé dessus. J’ai un peu de regret aujourd’hui, mais à la fois je ne savais pas du tout comment j’allais réagir à la course d’Embrun et surtout si j’allais être capable de marcher, m’entraîner, re-préparer un objectif fort après… J’ai commencé à penser au championnat du monde LD un peu tard. La date limite de sélection de la FFTri était déjà passée… Quand je me suis manifesté début juillet, ils n’ont pas voulu réunir à nouveau un comité de direction pour évoquer mon cas.

Est-ce qu’il existe ce désir de courir sur le circuit Ironman et donc de t’exporter?

J’ai pris énormément de plaisir à courir l’Embrunman! Pour moi, c’était une première épreuve « test » sur cette distance, car je voulais voir avant tout si ça me plaisait! L’entrainement que j’ai réalisé en amont a été très important et éprouvant, mais le résultat et la satisfaction sur cette course valaient le coup.

C’est vrai, en ce moment j’ai une grosse période de réflexion sur la suite de mes objectifs. Avant Embrun, je n’avais pas spécialement envie de courir sur le circuit Ironman, mais maintenant j’ai envie de tenter la qualification à Hawaï pour 2017.

Hawaï reste le véritable Championnat du monde en Longue Distance! Ça fait rêver! Si j’arrive à maintenir ma forme jusque novembre, je serai sur l’IRONMAN de Malaysie en fin d’année pour commencer d’ores et déjà à marquer des points. Si je suis encore trop fatigué en novembre, je couperais tôt pour commencer tôt sur le circuit IRONMAN en 2017.

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Mais si tu as une carrière de pro, ces dernières années, tes énergies étaient aussi à lancer un service de coaching et même la création de vêtements (MYTRIBE)…

En parallèle du triathlon j’ai toujours eu un projet professionnel, cela m’a permis d’obtenir ma licence en entrainement sportif, mon Beesan, puis mon Master en nutrition, et activité physique et santé. Dès l’obtention de mon Master, j’ai commencé à entrainer d’autres athlètes. Ça a toujours été important pour moi dans mon équilibre d’avoir autre chose à côté. C’est peut-être un défaut, car ça me prend de l’énergie et de l’attention que je ne consacre pas au triathlon, mais ça fait partie de mon équilibre et de ma sérénité.

On peut donc dire que tu es très occupée, non?

Je ne m’arrête jamais. Des fois, j’aimerai avoir plus de temps pour faire tout ce que je veux faire! Mais je ne peux m’en prendre qu’ à moi même si j’ai trop de choses déjà en cours!

Comment cela se passe ton expérience en coaching? Est-ce que la satisfaction de voir tes athlètes progresser ne devient pas plus grande que tes propres intérêts ?

Je prends énormément de plaisir à entrainer et surtout à voir les progrès de mes athlètes! Je suis impressionnée par ce qu’ils arrivent à faire malgré leur travail ou leur vie de famille… Mais je fais très bien la distinction entre MYTRIBE Coaching, et mes propres objectifs! C’est même motivant pour moi de retrouver certains athlètes au départ ou de partager des stages de préparation avec eux!

Évidemment, cela reste du coaching avec des chiffres et des objectifs à remplir, mais toi et Fred (Belaubre) vous semblez vouloir leur partager la joie d’être actif non?

Plus que du coaching nous sommes une « Tribu ». Nous voulons créer une dynamique de groupe et de soutien qui nous semble indispensable pour du coaching à distance. Nous sommes très proches de nos athlètes, nous communiquons beaucoup pour que l’entrainement soit le plus ajusté possible. Fédérer les membres de la Tribu est notre plus grand bonheur. Il faut le dire, le triathlon est un sport difficile et chronophage pour tout le monde. La solitude peut user à la longue. Sentir que l’on fait partie d’un groupe uni est très important pour nous. On ne se force pas, l’ambiance est toujours au top. Je pense que l’on prend autant de plaisir qu’eux à les retrouver sur des stages ou des compétitions.

Quels sont tes commentaires sur l’état actuel du sport?

SOUTENONS PARIS 2024 !!!

Ah, mais, mais ton opinion sur Rio? Tu as longtemps été un projet pour la fédération avec cette ambition olympique. Est-ce que c’est facile de pour toi de voir des filles aux JO, d’autant plus que tu courrais contre elles avant?

J’ai atteint mon meilleur niveau sur la courte distance, j’aurai pu continuer à faire quelques podiums sur coupe d’Europe ou Coupe du Monde, mais je n’aurais pas pu aller au JO je ne courais pas assez vite. (PB 10KM : 35’50).

Voir les filles contre qui je courais participer aux JO ne me fait pas envie, par contre je suis contente pour elles. J’étais à fond derrière la TV pour soutenir mes copines ou anciennes coéquipières du club de Beauvais! (Fabienne, Andrea, Vicky, … ) et voir le spectacle remarquable de Spirig face à Jorgensen!

J’étais vraiment déçue que Emmie ne puisse pas aller à Rio, elle méritait vraiment sa place.

Du coup, la sélection féminine était un peu différente de ce à quoi je m’attendais, après avoir entendu pendant 4 ans que seules les médaillables seraient sélectionnées.

Est-ce qu’on a oublié un point sur lequel tu aurais voulu t’exprimer ?

Merci à Trimes pour vos sujets toujours intéressants et surprenants!!!

Photo par Erwin Meurice

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