Edito > Drafting, Tabou et culture du silence, toujours.

Ce week-end était plus que riche en événement. À part la série mondiale, les championnats du monde de 70.3, il y avait aussi, un grand prix, le Championnat d’Europe des clubs, le Championnat d’Europe LD (ETU), le Championnat du monde Powerman, c’est tout?

Non, il y avait aussi le championnat espagnol individuel et par équipe avec un Fernando Alarza qui ne voulait pas protéger sa seconde place au Championnat du monde, Gerardmer avec un duel, Van Lierde contre Andi Bocherer. À un autre niveau et pourtant si essentiel, le festival U20 en Écosse, la première course de l’histoire de la NCAA, la série nationale junior au Canada, face à autant d’actions tu te dis que le triathlon est vraiment en forme…

Malheureusement, le phénomène est inversé, on y perd totalement la tête. C’est la période des ouragans.

Cette année, le championnat du monde Ironman 70.3 a été traité médiatiquement comme une vulgaire course. Pas de live tracking, pas de diffusion améliorée, toujours cette fameuse caméra unique sur le leader. Si le triathlon à besoin d’événements forts, on se demande si le statut de cette course est vraiment à la hausse. 

Pourtant, cet événement devrait être une course baromètre. Chaque année, on a la naïveté de croire que la WTC peut agir pour limiter le drafting. On a encore dans la gorge les propos d’Andrew Messick rejetant la responsabilité du phénomène sur les arbitres et les athlètes. Pour Mooloolaba, Ironman a décidé de lancer 3000 athlètes sur une période d’une heure. À nouveau, il suffit d’avoir quelques notions de mathématiques pour comprendre qu’avec une distance de 12 mètres (théorique) entre les athlètes, c’est tout simplement impossible de tous les caser. Les puristes savent déjà qu’il faut aller voir ailleurs. 

Si Kona a su réagir en séparant les hommes et les femmes afin de réduire la densité, c’est seulement l’année prochaine que la WTC répliquera ce principe. Le 70.3WC sera désormais sur deux jours, mais est-ce qu’il n’est pas déjà trop tard… Pas à un seul moment Ironman abordera cette problématique. On est toujours étonné d’entendre les commentateurs ne pas souligner les infractions. Encore plus étonnant, Josh Amberger qui monte sur le vélo avant la ligne de vélo. Greg Welsh dira simplement qu’il n’y avait pas d’arbitre, alors tant mieux pour lui… À l’image d’une certaine culture…

Parler de drafting, c’est comme plonger dans le dopage, il y a les incorruptibles et les opposés, les conséquences n. Ce qui me frappe ces dernières années, c’est à quel point les opposés semblent gagner du terrain. Lorsqu’on voit des images de peloton, il y a toujours des courageux disant qu’il est facile de critiquer, caché derrière son clavier et au final, il faut se mêler à la danse. Mais quand on regarde les résultats, on ne sait jamais sur quoi se baser. Est-ce que l’athlète est vraiment fort ou il a-t-il simplement bénéficié de certaines circonstances… Des athlètes avertis confirment que la course était un véritable désastre. Il suffit d’analyser les temps vélo pour avoir des soupçons. Cela reste étonnant de voir autant d’athlètes à seulement 5 minutes des meilleurs pros à vélo.  

Malheureusement, le débat n’est plus là. Le drafting à lieu parce que les conditions sont prédominantes pour cela. Les athlètes rêvent d’abaisser leurs temps et surtout, ils sont plongés dans un environnement où tu es rapidement le grand perdant si tu ne draftes pas. L’appât du gain, la raison prend le bord. 

La course à Mooloolaba était particulièrement irritante à regarder. Pourquoi? Parce que les routes n’étaient tout simplement pas assez large. Il était donc impossible de placer plus de motos et il existait des risques d’accident. Avec un parcours très plat et une boucle vallonnée de 10km après 50 kilomètres qui devait séparer les cyclistes, est-ce une blague? Le scénario était connu d’avance.

Si le débat du drafting est sans fin, le débat doit évoluer et on doit se questionner, pourquoi un parcours n’est pas choisi afin de tenir une course plus juste?

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Mais si cela n’était pas assez, il existe depuis quelque temps un certain tabou dans le milieu. La présence des motos des médias suivant les courses dénature aussi les courses. Une moto a suivi la majorité du temps la leader de la course. Sachant que la route n’était pas assez large, elle ne pouvait pas se mettre sur le côté. Si vous regardez bien la course, vous voyez des plans assez étonnants par leur proximité. À plusieurs reprises, on voit les triathlètes flirter avec les motos. Évidemment, il est possible de faire des zooms, mais si les triathlètes doivent respecter une distance de 12 mètres en eux, c’est très différent pour les médias. 

On a interrogé un photographe très connu et il nous a confirmé qu’il lui arrivait d’être très proche des athlètes, selon lui, c’est la seule manière de prendre des photos différentes. Même s’il se considère sous surveillance, il sait que sur certaines courses, il a déjà vu des motos aider la cause des favoris. Une petite session scooter durant la course?

Sans dire que ce phénomène se généralise, il existe et depuis quelque temps, on en entend beaucoup parler. Certains vont jusqu’à remettre en cause des records et des victoires. Les propos de Lionel Sanders, incapable de revenir sur la tête à vélo évoquait subtilement cet aspect…

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Mais voilà, cela à aussi lieu dans d’autres courses, ce problème n’est pas celui d’ironman, mais celui d’un sport qui n’a pas assez pas de moyen pour offrir des diffusions de qualité.

Si les résumés des courses de FFtri offrent quelques belles séquences, on est aussi très étonné par leur proximité avec les athlètes. Une vision du fameux drone nous permet de prendre en flagrant délit la position de la moto à peine 2 mètres en avant. Il faut être proche de l’action.

Il suffit d’être un minimum attentif pour s’apercevoir que ces situations sont répétées. Est-ce que certains athlètes en tirent un intérêt? C’est très difficile à chiffrer tout cela et surtout, ce n’est pas de la faute des athlètes, mais à l’image du drafting, on vient créer des situations.

Au final, cela est récurrent dans le sport triple, il n’y a pas cette prise de conscience. Avec tous ses événements, il faut toujours parler des événements en positif.

L’accident de Vichy (sur-couche en natation et disqualification) n’a jamais été abordée avec les pros, aucune explication entre les différents acteurs. Les Grand-Prix sont en déclin. À nouveau, deux clubs n’ont pas pris le départ d’un Grand-Prix à croire qu’il suffit de se maintenir en première division pour se dispenser des courses restantes. Si cela peut paraitre choquant, cela passe aussi totalement inaperçu. 

Si cela n’est pas assez, le classement actuel du championnant n’inclus toujours pas les résultats du Grand Prix de Gray. Plus d’un mois après cet événement, le jugement se fait toujours attendre… Tout cela reste dans le clan ou les problématiques sont étouffées.

Une chance que l’on n’oublie pas que le triathlon c’est avant tout pour se dépasser…

 

 

 

 

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