La chronique de Xa’ > Sur les pas de Forrest…

Il m’a fallut une bonne minute de gamberge pour me décider à quitter le cocon douillet de ma berline ce matin en arrivant au plan d’eau (et oui, je sais, je suis un peu bourgeois sur les bords…). La pâleur du ciel ne laissait aucune place au doute : c’était « la caillante » et mes premiers pas le long de la plage furent quelque peu compliqués… Encore bien engourdit à l’intérieur par la faute d’un réveil un peu trop tardif, un sol dur et givré : pendant les premières minutes, ma carcasse pesait peut être une tonne.
Le lac, dont la surface glacée se craquelait, m’offrait un spectacle visuel et sonore à la fois strident et inattendu… personne au loin, pas plus que derrière moi, c’était bien seulement pour moi : acteur / spectateur privilégié, que « mon plan d’eau » jouait ainsi du violon.

L’été, j’aime bien courir en bordure de Durance, elle m’apporte fraicheur et ombre lorsque cela « tape ». En hivers, on y perd aussi quelques degrés à son contact, mais c’est moins approprié et je suis parti chercher un peu de douceur et de réconfort plus proche du Roc d’Embrun, à l’abri, bien au soleil et « presque » au chaud…

Toujours bien seul dans mon voyage mais une lumière de dingue « pleine tronche » et cette fois ci, c’est une petite musique qui s’est installée dans ma tête : Claudio Capéo, son accordéon et son « homme debout » semblant bien s’accorder à l’état d’esprit qui était le mien aujourd’hui comme au rythme un peu lancinent et un brin laborieux de ma foulée…
Le passage du « Pont neuf » est toujours l’occasion de se faire un petit kiff : les lattes de bois rebondissent bien et amplifient avantageusement le travail de mes tendons tandis que, sans forcer, je peux regarder sous moi une Durance que je sais tranquille et désertée de tous ses locataires en Néoprène habituels de l’été en cette froide saison…

Tout est devenu plus facile. Alors que je ne pensais faire qu’un tout petit footing tout à l’heure, je me suis laissé porter un peu plus loin, et plus loin encore… Forest Gump, sa longue barbe, sa casquette « Bubba Gump » et ses Nike blanches ont déboulés alors dans mon esprit sans crier gare. Fleetwood mac et son « go your own way » remplaçant l’accordéon de Claudio Capéo. Et Tom Hawks de me conduire vers la simplicité et l’évidence… Quoi de plus naturel que de courir… juste parce qu’on à envie de courir ? Quoi de plus beau que de suivre sa route ?

Mon état de grâce dura quelques minutes durant lesquelles les images de Gump, superbe, cavalant dans la Vallée de la mort, suivit de sa cohorte de disciples sur fond de standards de la musique Américaine m’accompagnèrent…
Mais je n’ai pas son endurance… Je n’ai pas non plus sa constance et sa foie aux hommes, aux éléments, à la beauté sauvage du monde que sa naïveté et sa bonté naturelle l’autorisent à embrasser sans retenue…

Il était donc temps pour moi de rentrer… Déjà !

Le retour fut facile, mon escapade dans les déserts Californiens m’avait fait oublier le froid. Ma foulée, presque naturellement déployée, mon souffle accéléré et mon coeur ayant enfin bien voulu prendre quelques pulsations… je n’eut aucun problème donc pour accepter de longer ma froide rivière et rejoindre le Plan D’eau. Je crois bien que je étais heureux à ce moment là car, à 13 km/ heure, je me suis pris à rêver de tenir cette allure qui paraissait si simple comme ça, le 15 Aout prochain sur le marathon de l’Embrunman. Utopique mais tellement jouissif de se voir ainsi « à l’aise » le long de cette dernière ligne droite que je connais par coeur et qui permet d’enfin rentrer au port pour en terminer de son pèlerinage…

En arrivant sur la digue, j’ai retrouvé aussi un peu de civilisation. Le soleil, plus haut dans le ciel, nous avait fait gagner quelques degrés et les promeneurs étaient de sortie…
J’effectuais quelques étirements presque « pour la forme » sur le ponton du plan d’eau tandis que mon corps « fumait » sous le soleil, puis jetais un dernier regard en arrière alors que ma voiture tournait au coin du « mini golf » et me ramenait chez moi…

C’est un mélange de plénitude, d’apaisement et d’un peu de nostalgie aussi qui anima alors mon esprit…

Le coeur un peu gros tout à coup, c’était mon dernier footing de l’année 2016… J’étais heureux de l’avoir bouclé « à la maison » avant mon départ…

C’était aussi ma dernière chronique pour cette année. J’espère qu’elle vous aura permit de voyager un peu avec moi… et Monsieur Gump !

Meilleurs voeux 2017 à tous ceux qui, de temps en temps me lisent ! Qu’elle vous donne tout ce dont vous rêvez mais surtout la santé, l’amour et… peut être le plus important ? : un brin de folie et une pincée de poésie !

 

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