Edito > Lutte contre le dopage, la vérité contaminée.

Ces derniers mois, le triathlon a vu plusieurs athlètes professionnels être sanctionnés suite à des tests anti-dopage s’étant révélés positifs. Les deux derniers cas sont d’autant plus préoccupants qu’ils concernent deux athlètes Ironman ayant plusieurs victoires à leur palmarès.

Beth Gerdes et Lauren Barnett, les instances ont retrouvé des traces d’ostarine dans leur organisme. Déjà en juillet 2016, Lisa Marangon, une triathlète pro australienne avait reçu une sanction de 4 ans pour la même substance. Aucune de ces athlètes n’a admise avoir pris ce produit préférant clamer un sabotage ou un produit contaminé. 

Mais c’est quoi l’ostarine ? C’est un agent anabolisant, un modulateur sélectif des récepteurs des androgène (SARM). Ses effets secondaires sont moindres que ceux des stéroïdes anabolisants « classiques ». Imaginé par la compagnie pharmaceutique Merck, ce produit vise à augmenter la masse musculaire et la densité osseuse chez les personnes âgées ou chez les patients qui souffrent de fonte musculaire. Avec ce produit, un athlète pourra s’entrainer plus longtemps, plus fort et atteindre plus rapidement son poids de course.

Compte tenu des avantages de ce produit et surtout contrairement aux stéroïdes, l’absence de risques pour la femme en fait un produit idéal. De plus, à en croire ses adeptes, cette substance repousse le cadre habituel du dopage où l’athlète mettrait sa santé en danger. Et si, cela lui permettait effectivement d’améliorer sa santé et donc sa vie ?

Maintenant, dans ces dossiers, il y a plusieurs informations étonnantes. L’ostarine est dite une substance expérimentale. Elle n’est pas officiellement en vente libre, mais elle peut se commander facilement sur internet et se faire livrer sans risque par la poste. Si le produit est interdit par l’agence mondiale antidopage (AMA), il bénéficie d’un flou légal en tant que médicament en développement. Malgré tout, il est devenu très populaire dans le milieu du fitness, associé à l’Andarine et le GW-501516, ses adeptes faisant des cures entre 8 à 12 semaines avec ces produits. Avec une trace dans l’organisme assez courte, il est difficile à comprendre comment des athlètes pros peuvent être testés positifs lors d’un test en compétition… Victime d’une dépendance au dopage où l’athlète ne se croit plus en mesure de performer sans aide ?

Revenons à nos triathlètes, que cela soit Lauren Barnett ou Beth Gerdes, après qu’elles ont été informées des échantillons positifs, les deux athlètes ont décidé de défendre leur cas en se disant victime d’un supplement contaminé.

L’AMA est très clair sur se sujet, l’athlète est responsable des substances qui rentrent dans son corps. Après de longs mois d’investigation, Lauren Barnett a réussi a démontrer la présence d’ostarine dans un supplément et a obtenu une sanction réduite à 6 mois. Pour Beth Gerdes, si elle n’a pas réussi à démontrer la contamination de ses produits, son explication lui a tout de même permis de faire passer de 4 à 2 ans sa suspension.

Ce qui est plus inquiétant dans son témoignage, c’est qu’elle émet l’hypothèse que des produits contenant des substances interdites pourraient être offert dans les « aid-stations ».

Mais la question est la suivante, pourquoi un produit expérimental pourrait se retrouver dans des simples capsules de sel ? Dans le bénéfice du doute, on doit dire que rien n’est impossible et qu’une usine de transformation fabriquant des produits pour de multiples compagnies n’est pas à l’abri d’une contamination…

Mais voilà, on ne parle pas de traces d’arachides mais bien d’un produit expérimental dont la vente devrait être réservée à la recherche.

D’ailleurs, on peut se questionner qui fabrique l’ostarine et comment ils ont obtenu la recette ? Évidemment, derrière tout cela se cache un commerce très lucratif. Récemment, un acteur de la lutte contre le dopage nous confiait qu’une compagnie pharmaceutique, face à la demande d’EPO pour traitement, elle produisait 80% de surplus pour le marché du dopage.

Dans le cas des triathlètes, le plus grand problème que nous avons, c’est que même si l’agence antidopage américaine s’est prononcée, il est impossible de savoir si les athlètes ont véritablement dit la vérité.

D’ailleurs, les cas de contaminations se multiplient et cela semble être la voie d’échappatoire parfaite pour éviter une poursuite trop longue. Lors de la Grande Finale ITU de Cozumel, un athlète britannique a été contrôlé positif au clenbuterol. Si la Chine et le Mexique sont reconnus pour vendre de la viande contaminée avec cette substance, on reste sceptique face au fait que des athlètes de ce niveau n’en soient pas plus avisés.

Dans d’autres sports d’endurance, tout semble indiquer que des athlètes profitent des TUEs (AUT) pour détourner le système. Le Tramadol, un anti douleur très puissant n’est toujours pas sur la liste des produits interdits. Selon un dossier de l’UCI, on a retrouvé la présence de ce produit chez 635 cyclistes pros.

Alors voilà, si l’on s’imaginait que la lutte contre le dopage progressait, malheureusement, le plus grand combat est désormais de savoir si les élites sont encore encouragés à rester propres mais surtout honnêtes.


 

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