Ce que l’on a appris de la Super League – journée 1 > Du spectacle en réserve?

Puisque la Super League est maintenant une réalité, Trimes a décidé de vous partager ses impressions sur cette première journée. Est-ce que Macca a véritablement tenu ses promesses en rendant le sport plus spectaculaire?

Une production irréprochable?

Voilà, c’est peut-être le point fort de cette première journée. La qualité de la retransmission était en toute objectivité supérieure à celle de l’ITU et de sa série mondiale. Sans qu’elle soit totalement révolutionnaire, on aurait tant aimé des caméras embarquées en direct sur le vélo, ou des données comme la puissance en direct… Le nombre de caméras sur le parcours est plus abondant qu’en WTS.

Dans la version anglaise avec Macca et Emma Frodeno (Snowsill) ont l’avantage de très bien connaitre ces athlètes. Macca multiplie les anecdotes. Il y a de la vie et cela fait du bien. C’est peut-être ce qui fait le plus la différence avec l’ITU (diffuson en anglais).

On a aussi écouté la version française sur Eurosport. Si les interventions sont honnêtes, on est dans le commentaire et non dans l’analyse et c’est plutôt dommage. Connaitre les CV des athlètes n’est pas ce qui fera aimer plus le triathlon aux non-pratiquants. 

La Super League a justement cette force que l’ITU a perdu, soit la proximité des athlètes. On peut enfin en savoir plus sur les intentions des athlètes avant les courses.

Pour revoir la course.

L’inconnu… la réserve avant le résultat

En regardant ces courses, impossible de ne pas comparer avec la série mondiale au niveau du spectacle. Les athlètes et les spectateurs doivent apprendre à maîtriser ce nouveau jeu. Malheureusement, si le triathlete moyen associe les courses de la WTS comme des efforts d’attente où tout se joue durant la course à pied (tout cela reste discutable parce que dans les faits, il y a une course à l’usure dans les trois disciplines), la Super League, nous donne aussi cette impression de course d’attente, mais sur plusieurs manches. 

Des Javier Gomez, Mario Mola, n’ont apparemment pas couru comme si le résultat de chaque course était déterminant pour la suite. À titre d’exemple, Jake Birtwhistle qui gagne la première manche pourrait pratiquement s’apparenter à une erreur de jeunesse. Il sera nettement plus en retrait pour la suite. Richard Murray qui gagne la troisième manche en disant à l’arrivée, « je voulais continuer à garder mon énergie, mais j’ai vu l’opportunité pour gagner, alors, j’y suis allé… ». 

Alors si la Super League est intéressante par sa variété, pour le moment, une série mondiale où une course aux Jeux olympiques où l’enjeu est indéniable, nous permet de regarder des efforts sportifs plus intègres.

Courir sur la réserve n’est pas véritablement notre tasse de thé… pourtant, on apprécie aussi le cyclisme…

Accumulation?

Est-ce vraiment légitime d’avoir aussi peur de l’accumulation des épreuves sur 3 jours? Pour des athlètes qui s’entraînent plus de 30 heures par semaine, il faut vite relativiser. Au total, les athlètes ont disputé un peu plus qu’une distance sprint avec deux coupures de 10 minutes chacune. Évidemment, cela reste des efforts intenses, mais quand même…

Les loupés?

Personne n’a encore compris comment le classement général s’effectuait. Entre les bonifications, les abandons, on ne sait toujours pas si certains athlètes sont déjà en dehors de la course pour le titre. Alors, comment mesurer l’enjeu de chaque course? Tout cela est pourtant essentiel. 

Montrer le maillot.

Terme si connu en cyclisme et si peu appliqué en triathlon. Pourtant, à ce registre, on peut dire que l’irlandais, Ben Shaw s’est véritablement révélé à la communauté sur la Super League. Très agressif sur le vélo, il a aussi marqué la course en descendant de son vélo un tour avant la fin et en chutant. Reste que lui, il n’a pas passé sa journée sur la réserve. 

Mais c’est bien Alistair Brownlee?

Alistair Brownlee qui termine dernier de deux manches, sans jus. Mais que se passe-t-il? Lui qui a ce fameux fighting spirit semble être complètement ailleurs et peu concerné par l’enjeu. Il préfère tout simplement en rire. On peut déjà spéculer, mais ce manque de compétitivité doit probablement s’expliquer par une préparation inadéquate face à la chaleur et surtout le décalage horaire. Quand on est double champion olympique, est-ce qu’on est réellement motivé pour démarrer en force sa nouvelle saison?

L’ironie dans les résultats?

Toutes ces formules ont été imaginées afin de récompenser l’athlète le plus complet. Pourtant, cette première journée a finalement récompensé les forces singulières des athlètes. On s’explique.

La victoire de Jake Birtwhistle sur la manche nage, vélo, course à pied n’est pas réellement une surprise. Il est effectivement, l’un des meilleurs coureurs à pied et il avait justement cette envie de gagner cette manche et de ne pas gérer pour la suite.

Sur la manche terminant par la natation, à nouveau, on n’est pas étonnée qu’elle ait couronné le meilleur nageur soit Richard Varga.

Dans la dernière manche de la journée, c’est Richard Murray qui l’emporte, encore une fois, il a toujours été reconnu sur sa manière de gérer/conserver ses énergies. Le voir conclure la journée par une victoire est très logique. D’ailleurs, sa performance en natation sur 300m semble démontrer un aspect intéressant, il est capable de limiter les écarts lorsqu’il peut nager avec moins d’adversaires proches. Enfin, c’est aussi juste 300 m dans l’eau.

Maintenant, tous ces résultats semblent nous démontrer qu’il n’était pas possible de faire des écarts avec les deux premières disciplines, cela est plutôt à l’encontre de la volonté de l’organisation en proposant ces nouveaux formats. 

La galère pour les athlètes de la longue distance…

Des spécialistes de 70.3 qui se mesure à la crème de l’ITU, cela donne quoi? Avec tous ces enchainements, il n’y a pas réellement de surprise. Croire que la Super League pourrait permettre de mélanger des athlètes des plusieurs type de distance est déjà une fausseté. 

Pas de français au départ?

La question revient fréquemment. Il fallait être un véritable médium pour connaître à l’avance le sérieux de l’organisation. De plus, on peut imaginer que les offres faites à des athlètes comme Alistair Brownlee ou encore Javier Gomez étaient nettement plus généreuses que celles reçues des athlètes comme Ben Shaw. Maintenant, plusieurs Français ont été invités et ils ont préféré décliner l’invitation. Pour un athlète européen qui ne souhaite pas se baser en Océanie pour plusieurs semaines, faire le voyage implique trop de contraintes.

Et le plus important? La réaction de l’ITU.

En fait, on est impatient de voir la réaction de l’ITU. Évidemment, cette institution pourra jouer la carte que tout cela est bénéfique pour le sport mais la Super League pourrait rapidement marginaliser la série mondiale et associer ce circuit comme celui qui n’a pas su innover et répondre à la demande constante pour rendre le sport pour accessible et spectaculaire.

Mais est-ce vraiment légitime? Est-ce que la notion de spectacle importe réellement nos élites? Est-ce que le sport doit uniquement changer pour celui qui le regarde? Au lieu de critiquer le format actuel de l’ITU, il faudrait peut-être se rappeler que les plus belles courses ont bien lieu sur ce format avec les Jeux olympiques.

Si la Super League offre une variété et une abondance, est-ce qu’on l’a comprends vraiment?

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