Frank Bignet se fait trimer – DTN FFtri > Le point (final) sur la rentrée en WTS pour les bleus.

À quelques jours de la reprise du circuit mondiale WTS ITU, Trimes en a profité pour s’entretenir une dernière fois avec Frank Bignet en tant que DTN de la FFtri. Après deux mandats, il passera les rênes à son successeur avec une équipe de France toujours très prometteuse. Dans ce jeu d’interrogations perpétuelles où les réponses ne peuvent jamais être définitives, Frank a toujours su nous éclairer.

Quels sont les changements apportés à la structure depuis les Jeux de Rio? Avez-vous le sentiment que le cahier des charges pour réussir au niveau olympique continue son évolution?

Au lendemain des Jeux olympiques et paralympiques, la fédération a établi un bilan auprès du Ministère des Sports et a ouvert des États fédéraux du Sport de Haut Niveau. L’objectif était de mobiliser tous les acteurs fédéraux (sportifs, entraîneurs, conseillers techniques de Ligues, élus fédéraux et régionaux…) pour les écouter et mieux les intégrer au projet de performance 2017-2024.

Tout cela nécessite du temps de mise en place dans un contexte particulier avec des élections territoriales et fédérales le 18 mars ainsi que le changement de DTN dans les semaines qui arrivent. Malgré tout, les triathlètes, leur staff et les entraîneurs nationaux sont d’ores et déjà concentrés vers cette nouvelle saison qui a repris pour certains-es sur la Coupe du Monde de Cape Town.

Est-ce que le cahier des charges évolue ? Forcément puisque ce sont toujours les athlètes qui le décident.

Il vaut mieux être du côté des décideurs que des suiveurs. La fédération doit accompagner et former des décideurs c’est-à-dire celles et ceux qui influencent les courses.

Dans cette recherche à comprendre ce qu’il manque, est-ce que le vélo est le point faible des Français?

Je ne pense pas qu’il faille généraliser. Depuis une dizaine d’années, les triathlètes identifiés passent chaque année des évaluations physiologiques. Les tests sont identiques. Ils nous permettent de mesurer les progrès individuels et de comparer les données entre les triathlètes. Nous avons lancé un projet de recherche afin de pouvoir mieux utiliser cette base de données emmagasinée depuis plus de 15 ans.

Au-delà des aspects physiologiques, nous avons mis l’accent sur le pilotage avec la venue d’un expert sur les premiers regroupements nationaux.

Cette double dimension doit être mieux prise en compte par les triathlètes. Cela passe par des actions concrètes de terrain couplées à un discours plus affirmé des entraîneurs nationaux.

On est comme on le dit en année « post olympique » alors faut-il s’attendre à un certain relâchement en termes de performance et de la densité des courses?

La gestion de carrière d’un sportif est un élément essentiel dans sa longévité et sa capacité à performer.

Une fédération s’adapte au moment dans lequel se situe chaque triathlète. Ce n’est éventuellement une année post-olympique que pour les sélectionné-es olympiques.

Mais certains athlètes ne devraient-ils pas déjà être dans un sentiment d’urgence? Parce que dans les faits, si ce sont presque toujours les mêmes qui semblent être aux avants poste, c’est aussi parce que ce sont eux qui ont le plus d’expérience et que l’on retrouve le plus fréquemment sur les podiums…

Je ne parlerai pas d’urgence, mais chaque jour doit apporter sa pierre à l’édifice. Il faut en avoir pleinement conscience. L’essentiel est d’accepter que la réussite olympique passe par une consistance de résultats sur la série mondiale. Il en reste environ une trentaine d’ici Tokyo 2020.

Parlons de l’équipe de France, avec Luis, Le Corre et Coninx, on a l’impression que ces athlètes doivent continuer à prendre dans la maturité…

Pierre et Dorian manquaient de consistance avant Rio. Ils ont su élever leur niveau de compétitivité avec des podiums et plusieurs tops 6, mais avaient aussi exprimé des faiblesses à d’autres moments.

Concernant Vincent, il avait su construire sa montée en puissance jusqu’en avril 2016. Il va reprendre le chemin de la série mondiale ce week-end pour s’évaluer.

Évidemment, il y a des jeunes qui arrivent et qui arriveront, mais avec ces trois hommes, on peut déjà affirmer que ces athlètes ont le talent nécessaire pour prétendre à une médaille dans 4 ans, non?

Je leur souhaite, mais à ce stade de l’olympiade je le souhaite aussi à d’autres que tu ne nommes pas.

Rendez-vous en 2019 puis 2020. Nous sommes encore loin de l’échéance olympique, et il est difficile de prédire ce que seront les trajectoires des uns et des autres dans les 4 prochaines années. Ce n’est réellement que début 2019 que la course olympique débutera. D’ici là chacun doit se doter des moyens pour être au meilleur niveau mondial en 2019. En fonction de leur âge, des résultats passés, de l’expérience acquise sur les WTS, les uns et les autres sont plus ou moins avancés dans le processus, et les priorités et les objectifs ne sont forcément pas les mêmes pour tous.

La France n’est pas une nation reconnue pour aligner des jeunes athlètes en WTS. Est-ce que cela pourrait changer en 2017? D’ailleurs qui sont les nouveaux athlètes qui pourraient faire leurs premiers pas en WTS?

Je ne partage pas ton sentiment. À quel âge Cassandre BEAUGRAND a-t-elle participé à sa première WTS ? 17 ans et 2 mois. Dorian CONINX est entré sur le circuit à 20 ans, Raphaël MONTOYA à 19 ans et 6 mois et Audrey MERLE à 19 ans et 10 mois.

L’âge n’est pas un critère pour aller sur WTS. L’important est de savoir pourquoi et avec quelles “armes” tu y vas ? Prendre le départ d’une WTS n’est pas une fin en soi, c’est un moyen de s’évaluer au plus haut niveau international.

Le calendrier E.T.U.- I.T.U. est suffisamment dense pour pouvoir préparer chacun d’entre eux à la concurrence internationale. Les WTS font parties intégrantes du processus de développement.

Je pense également qu’il faut maintenir une capacité à gagner dans sa catégorie d’âge. Gagner cela s’apprend !

Avec les groupes d’entraînement de plus en plus internationaux, on voit des ententes entre athlètes de différentes nations lors de courses. Ces athlètes semblent être en accord pour se mettre aux services des autres. Les français semblent plus isolés… n’est-ce pas une problématique à considérer dans le futur?

Chaque organisation a ses forces et ses faiblesses. La fédération est ouverte à toute forme d’organisation à la condition qu’elle s’inscrive dans un schéma de performance. Laurent VIDAL avait ouvert une voie en allant dans l’hémisphère sud.

Actuellement, ils ont toutes et tous des structures qui leur conviennent. Quelques exemples… Vincent LUIS a son groupe sur Reims, Dorian CONINX et Léo BERGÈRE collaborent avec Raphaël MAILHARROU sur Grenoble depuis cet hiver et d’autres comme les femmes (BEAUGRAND, MERLE, PERIAULT, DODET, MORIER) sont sur le pôle de Montpellier avec Stéphanie DEANAZ.

Mais l’équipe de France pourrait aussi jouer de tactique commune non?

Il ne faut rien s’interdire. Il y a les alliances de courses, des tactiques d’équipe nationale. Nous l’avons essayé en 2015 sur la WTS d’Edmonton avec Raoul SHAW et la Grande Finale de Chicago avec Anthony PUJADES qui étaient là uniquement pour favoriser un résultat pour Vincent LUIS. C’était passé inaperçu, car cela n’a pas eu d’effet sur le résultat final de Vincent.

Chez les femmes, avec l’absence de certaines coureuses pour la saison 2017, on a le sentiment que des profils de nageuses et cyclistes comme Flora Duffy, mais aussi des Britanniques comme Lucy Hall pourraient rapidement devenir la nouvelle norme. Est-ce que l’équipe de France doit se redéfinir pour cela?

Nos Françaises sont jeunes. Elles doivent à l’instar des hommes gagner en consistance avant de penser jouer les premiers rôles chez les Élites.

Le triathlon de haut niveau a évolué et montre qu’aujourd’hui un athlète doit être complet, que la moindre faille peut valoir très cher en compétition, et qu’il faut donc être prêt et outillé pour gagner non pas dans un scénario particulier, mais dans n’importe quelle dynamique de course, sur tous les parcours, dans toutes les conditions météo possibles.

Que faut-il attendre pour les athlètes français féminins et masculins pour 2017? Le classement mondial est-il une véritable priorité?

Comme évoqué plus tôt, certain-e-s triathlètes français ont démontré une capacité à performer sur WTS en réalisant des TOP 6 et des podiums. L’objectif pour ceux-ci est d’être plus consistant et donc de réaliser plus fréquemment des podiums dans toute la variété de circonstances qu’offrent des courses de triathlon Elite. Rotterdam, en tant que grande finale, est l’objectif principal de la saison.

Quand on sait que le classement général final WTS dépend grandement de la capacité à performer sur la grande finale et de la régularité sur les étapes WTS, on peut donc dire que le classement mondial est un objectif.

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