Time sport se fait Trimer > À l’origine de l’exception, le travail du carbone expliqué par Nicolas Didier

Time accumule les efforts pour se faire remarquer par le milieu du triathlon, par son partenariat avec les élites de Poissy Triathlon et des événements majeurs comme l’Alpe d’Huez et l’Alpsman, tout cela a attiré notre attention. Profitant de notre séjour en France, nous avons pu tester le Time Scylon. Rapidement, on a compris que ce vélo était à part, une rencontre impossible entre rigidité, stabilité et confort.

Et parce qu’on est curieux de nature, on a décidé d’interroger Nicolas Didier, ingénieur composite pour mieux comprendre les distinctions de cette marque si attachée au made in France. 

Time a la particularité d’être la seule compagnie française à produire ses cadres carbone en France… On imagine que cela vous permet de protéger un certain savoir-faire…

N.D : En effet nous sommes au plus proche de la production et nous gagnons donc en efficacité, en communication et en fiabilité des produits. Nous sommes ainsi surs que tous les produits qui sortent de notre usine sont d’une qualité irréprochable, car testés et validés au préalable par nos soins. C’est un gain de fiabilité et de sécurité non négligeable.

D’ailleurs, Time a aussi sa manière de travailler le carbone…

N.D : Nous ne fabriquons pas exactement le carbone, mais nos tresses de carbone. Nous utilisons des fibres aux caractéristiques variées, que nous tissons pour créer ce qu’on appelle « une chaussette » de carbone, ou tresse. Ce procédé nous permet d’être très précis dans les attentes du consommateur et du comportement du vélo. Nous pouvons ainsi créer à la demande les tresses et faire varier les caractéristiques des cadres de manière très précise.

Et le procédé (RTM) resin transfer molding, qu’est-ce qui se cache derrière ce terme technique?

N.D : Le RTM est un procédé très utilisé dans l’aéronautique et l’automobile.

Une fois que les tresses de carbone ont été créées, nous les habillons autour d’un noyau fusible que nous plaçons dans un moule. La résine est injectée sous pression dans ce moule, et on effectue la cuisson. On obtient ainsi une structure rigide. Le cadre a ainsi toutes ses caractéristiques mécaniques.

Cette technologie permet principalement une homogénéité des fibres entre elles, et ce dans les formes les plus complexes du cadre également. Le RTM évite les gonflements et bulles à l’intérieur du composite ce qui diminue le risque de ruptures en cas d’impact.

Mais, dans le cas de Time, on ne peut pas parler de cadre monocoque. Est-ce un inconvénient? D’ailleurs, est-ce que votre manière de travailler le carbone vous permet tout de même de modifier la rigidité en fonction des contraintes, comme le boitier de pédalier ou le jeu de direction?

N.D : Souvent les cadres monocoques sont en réalité issus de 2,3 parties qui sont collées et cachées ensuite. On ne voit donc pas les différentes parties du cadre.

Notre technologie de tressage nous permet d’apporter toutes les caractéristiques souhaitées en fonction de la partie du cadre. Nous choisissons nos fibres en fonction de ces caractéristiques. Nous pouvons donc apporter toute la rigidité ou tout le confort souhaité en fonction des attentes.

Nous obtenons grâce à cette méthode, plus de précision dans la construction du cadre, et une homogénéité des fibres dans le temps. Nous avons beaucoup de retours comme quoi même après 40 000 km, nos vélos sont toujours aussi performants.

Alors on peut dire que vos méthodes de fabrications sont totalement différentes de celle de l’industrie… On est à l’opposé de la méthode du découpage de carbone qui est après placé morceau par morceau dans un moule… non?

N.D : En effet les méthodes sont complètement différentes. Contrairement aux autres procédés, le nôtre permet une continuité des fibres sur l’ensemble du cadre.

Aussi, nous avons beaucoup moins d’étapes et de pièces dans la construction, ce qui diminue le pourcentage d’erreurs et augmente la qualité et fiabilité de nos produits.

Le scylon est offert en deux versions, le translink à un tube de selle plus long, quel est l’avantage de cette technologie?

N.D : Le translink permet de gagner en légèreté et en rendement. Il y a également le côté esthétique du cadre qui est amélioré.

Dans les dernières avancées, Time a créé le système Aktiv, est-ce que vous pouvez rapidement nous expliquer ce concept?

N.D : On s’est aperçu que le vélo subissait les vibrations liées à la route, qui se répercutaient sur le cycliste. On a donc utilisé un système existant qui absorbe ces vibrations, et nous l’avons adapté au cyclisme : c’est ainsi que le système de la fourche aktiv est né. Il s’agit de batteurs dynamiques intégrés dans la fourche qui atténuent ce phénomène vibratoire. On obtient ainsi une diminution de 30% des vibrations. Le corps est moins impacté et moins fatigué, la tenue de route est précise et plus confortable.  Contrairement à d’autres systèmes d’absorption des vibrations, la technologie aktiv n’enlève pas le rendement, car la structure du cadre garde la même rigidité.

Avec votre savoir-faire en carbone et la technologie Aktiv, est-ce que vous croyez qu’il est encore possible de limiter encore plus les vibrations?
N.D : Oui bien sûr. Nous sommes guidés depuis le début chez TIME par la quête du confort. Nous utilisons la fibre vectran dans la construction de nos tresses, nous avons développé le système de la fourche aktiv, et nous travaillons toujours dans ces horizons.   
J’imagine que pour vous, il y a une obsession afin de créer une monture très rigide, mais qui demeure très confortable. Est-ce que ces caractéristiques demeurent vraies, quel que soit le niveau du cycliste?

N.D : En effet, le scylon avec la fourche Aktiv est un cas concret de « bioperformance » c’est-à-dire que pour nous, s’adapter à la morphologie et physiologie du cycliste est créateur de performance. Nous transformons ainsi l’effort en efficacité de pédalage, quel que soit le produit, cadre ou pédale.

Beaucoup de nos athlètes comme ceux de Poissy Triathlon que nous équipons, nous témoignent la précision du poste de pilotage, la rapidité et sécurité qui en résulte, notamment dans les descentes.

Time a récemment déménagé et a changé de propriétaire…

N.D : La marque appartient maintenant au groupe Rossignol, spécialisé dans les sports d’hiver.

Nous gardons la même vision, la même ambition de la marque.

C’est au niveau de l’offre globale du groupe pour le consommateur que nous pourrons proposer une expérience complète, été comme hiver.

Pour toi, comment souhaiterais-tu que l’on qualifie Time comme marque? 

N.D : Le fait main et le Made in France est très important chez TIME. Cela fait vraiment partie de notre histoire et de notre savoir-faire qui est unique.

À quoi faut-il s’attendre dans les prochaines années pour Time?

N.D : De la nouveauté, de la modernité et une expérience unique pour le consommateur à la fois numérique et réelle.


Crédit photo : Michel Cottin – Agence Zoom

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