Le triathlète au vélib’ se fait trimer > Patrick Garcin nous explique son aventure

Depuis plusieurs années, Patrick Garcin et son vélo bleu parcours les plus grands triathlons de l’hexagone. Le voyant de nos propres yeux lors du Polar Triathlon de Cannes, on en a profité pour enfin savoir ce qui se cachait derrière tout cela.

Pour en savoir plus sur sa cause, HyperTension Artérielle Pulmonaire (PHAEurope)
Quand et pourquoi tu as décidé de faire des courses avec un vélo bleu… Cela ressemble à un pari perdu…

Cela date du début de 2013, quelques mois avant l’Ironman de Nice, un copain a proposé, sur le ton de la plaisanterie de « le tenter en Vélib », j’ai immédiatement trouvé ce défi intéressant. Comme de surcroît je n’étais pas encore inscrit à l’épreuve, j’en ai profité pour acheter un dossard caritatif au profit de l’association européenne des malades de l’HyperTension Artérielle Pulmonaire (PHAEurope), cela m’a donné l’occasion de sympathiser avec plusieurs de ses membres, et notamment de devenir ami avec des personnes très investies au niveau régional dans la branche française de l’association qui s’appelle HTAPFrance, et depuis lors, j’essaie toujours de mettre l’association en avant lors de mes courses, par ma tenue spécifique et des stickers que je pose sur le véloBleu. À tous ceux qui me demandent si j’ai perdu un pari lorsqu’ils me doublent sur une course, je réponds que non, je suis plutôt en train d’en gagner un !

De l’extérieur, cela peut ressembler à une manière d’attirer l’attention… qu’est-ce que tu en tires de faire cela?

Il est vrai que ça attire l’attention, c’est très important pour donner de la visibilité à l’association…
Outre les encouragements que je récolte pendant la course, j’en retire beaucoup de sympathie à la fois des autres concurrents et des spectateurs, ce qui est plutôt agréable.

Mais, on peut aussi y voir un message politique… comme de protestation face au côté matérialiste dans le triathlon, non?

Le côté politique, c’est évidemment de pouvoir montrer que la bonne volonté peut suffire, et qu’il n’est pas absolument indispensable d’investir des sommes considérables dans du matériel hyper performant pour néanmoins se faire plaisir dans ce sport au niveau amateur.

Rassure-moi, le vélo n’est pas loué?

Je suis abonné depuis des années au libre-service des vélos bleus. Pour les compétitions, en partenariat avec la métropole Nice Côte d’Azur et le service vélo bleu, on me prête un vélo. Néanmoins, j’ai rapidement entrepris de tester ces vélos hors de la ville, et cela m’a coûté plus de 100€ de location (à raison de 2€ de l’heure une fois passée la gratuité de la première demi-heure) pour préparer le premier Ironman et me rendre compte de tous les avantages pratiques offerts par le VéloBleu même si bien sûr c’est difficile à mener en raison de son poids est de sa transmission peu performante, le confort est incomparable, avec sa selle « pullman », et le panier très utile pour gérer les ravitaillements, sans compter les gros pneus qui non seulement filtrent la route, mais en plus accrochent terriblement sur le sec comme sur le mouillé, les garde-boue protègent bien les pieds des projections sur route détrempée, un éclairage à LED couplé à une dynamo astucieusement intégrée dans le moyeu avant en cas de mauvaise visibilité ou dans les tunnels où certaines épreuves nous font passer, des pédales plates qui me permettent de rouler avec déjà mes Runnings aux pieds, je gagne beaucoup de temps sur T2 grâce à cela, en 2014 j’avais même battu Frédérik Van Lierde en dépit des 700 m qu’il faut parcourir à pied sur T2. Bref, je me suis tellement habitué que j’ai aujourd’hui beaucoup de mal à rouler sur un vélo très typé course.

Mais est-ce qu’il y a eu des tentatives de rapprochement par la compagnie qui loue les vélos?

Le rapprochement avec la Métropole Nice Côte d’Azur et VéloBleu est venu de moi, ce qui m’a permis de promouvoir le vélo bleu à travers ces épreuves et également de tester parfois les nouveaux systèmes, je passe souvent aux ateliers pour donner mes impressions concernant telle ou telle amélioration envisagée pour augmenter la fiabilité des VéloBleus soumis à rude épreuve par les locations en libre-service.

Cela peut paraitre naïf, mais est-ce que tu considères que l’utilisation de ce vélo est un énorme handicap?

Cette question n’est pas naïve, mais comme je l’ai dit plus haut, on ne peut pas tout avoir, le seul handicap serait la difficulté à mener le vélo dans les montées, largement compensées à mes yeux par tous les avantages !!

Mais cela ne te gêne pas de ne pas savoir ce que pourraient être tes temps avec un vrai vélo? C’est comme refuser la compétition?

La compétition, c’est toujours avec soi-même qu’on la fait, et de toute façon, je ne suis pas capable de finir sur le podium alors pour le même prix, j’en retire bien plus de plaisir que si je bâclais les épreuves avec un super vélo !

Comment cela se passe-t-il avec les gens que tu dépasses? Certains doivent le prendre…

Tout simplement, les gens que je dépasse sont peut-être un poil moins enthousiastes sur le moment que ceux qui me dépassent ! Néanmoins, je me rappelle plusieurs mots très sympathiques échangés avec des gens que j’ai doublés. Et puis je double plus facilement en descente, et avec la vitesse, on ne peut pas vraiment discuter !

Si le vélo bleu est désormais très célèbre, il parait que plusieurs tentent de t’empêcher à faire des courses avec…est-ce que tu peux nous en dire plus là-dessus?

À vrai dire, il n’y a que sur le triathlon d’Embrun en 2014 que j’ai été fermement refusé à cause du vélo, pourtant tout ce qu’il y a de plus réglementaire (j’essaye d’ailleurs toujours de faire annuler ce refus par voie légale avant de pouvoir me représenter sur l’épreuve, peut-être en 2018…). Sinon, il est arrivé parfois qu’après quelques réticences de certains arbitres, il faille passer par une petite explication, et j’ai toujours pu participer avec le VéloBleu.

Quelle est la suite pour toi avec le vélo bleu? D’ailleurs, est-ce qu’il y aura une suite parce que d’une certaine façon, tu n’as plus rien à prouver?

Pour l’avenir, j’entends continuer à participer à quelques épreuves chaque année, c’est chaque fois un tel plaisir de rencontrer les gens et d’échanger au sujet du vélo ou plus sérieusement, de l’association que je n’envisage pas encore la retraite.

Est-ce que tu voudrais ajouter quelque chose?

Je n’ai pas grand-chose à ajouter vu que je me suis servi de tes questions pour dire ce qui me faisait plaisir!

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