On refait la course avec Sandra Levenez – « ça me paraissait un peu « irréel « , mais un vrai privilège d’être sur la ligne de départ, en pleine possession de mes moyens » 

Si Sandra Levenez a mis la mains sur un troisième titre européen, cette fois-ci, il arrive après une saison 2016 presque blanche. Suite aux Championnats d’Europe de duathlon, nous vous proposons son interview. Qui de mieux que l’athlète lui-même pour expliquer sa course?


Sandra, dans quel état d’esprit abordais-tu ce Championnat? 

J’abordais ce championnat d’Europe comme un des 2 objectifs de la 1re partie de saison (avec le France fin mars à Paillancourt). Le 2e objectif sera les Monde en août. Si la préparation cet hiver a été très bonne, j’ai pu constater dès l’ouverture de la saison au France à Paillancourt que je manquais d’automatismes et de « réflexes de course »; Parthenay début avril m’avait un peu rassuré, mais pas totalement, un courte-distance comme c’est le cas aux Europe (et Monde), c’est encore autre chose.

Ayant dominé sur GP tes principales adversaires pour ce Championnat, tu arrivais quand même avec un statut de favorite … 

Sur le papier, c’est vrai que j’étais favorite ; mais à mon échelle, quand je repense à la situation dans laquelle j’étais l’année dernière à cette époque de la saison, et surtout à la reprise en septembre, ça me paraissait un peu « irréel « , mais un vrai privilège d’être sur la ligne de départ, en pleine possession de mes moyens. (Sandra après sa 3e place l’an dernier aux Europe en avril 2016 a eu une saison blanche suite à une fracture de fatigue).

Raconte-nous un peu ta course, tu as fait un numéro en t’isolant dès la 1re course à pied ? 

Dès les premiers hectomètres de la CAP1, je constate que je ne suis pas trop mal, même bien; je ne me pose pas de questions, et décide d’imposer le rythme de course qui me convient. Au fil des tours, je devine mes adversaires en difficulté ; au km 6/7, nous ne sommes plus que 3, moi, l’Autrichienne Illes et l’Espagnole Garcia; un peu plus tard, Garcia lâche puis c’est au tour de Illes.

Je rejoins T1 avec une petite vingtaine de secondes d’avance sur Illes et près de 1min sur Garcia et un groupe de 5/6 Filles dont Julie et Lucie (les autres Françaises).

Là, j’évite de trop réfléchir à la suite de la course, je suis dans l’instant et je soigne surtout ma transition.

À vélo, comment cela se passe dans ta tête? 40 km seule sur une course avec drafting, sur le papier ça paraît ambitieux? 

Au bout de 1 tour de velo, j’ai les premières informations avec le staff français, et avec la configuration du parcours, je prends également des repères ; Illes qui était partie 2e du parc a été « absorbée » par le groupe de l’Espagnole Garcia ; au 2e tour, je m’aperçois que Garcia s’est échappée du groupe dans lequel elle se trouvait, et est donc intercalée, et surtout dernière moi à un peu moins de 1min.

À ce moment-là, tu penses que cela peut revenir ? On sait que Garcia Canellas est très forte sur le vélo … 

Là, j’ai un moment de doute, car il me reste 4 tours à parcourir et surtout, cette Espagnole est très costaude à velo. À Paillancourt, elle m’avait fait mal aux jambes, et surtout, elle prend la 25e place à Liège Bastogne Liège la semaine dernière à quelques secondes de la Française Audrey Cordon, (une des meilleurs cyclistes françaises); donc, ça situe le niveau de Garcia!

Au 3e tour, je profite du demi-tour sur le circuit pour constater que je lui ai pris 5 à 10sec; là, finalement, je me dis que je n’ai rien à lui envier et que moi aussi, du velo, je sais en faire et appuyer sur les pédales !

Et là, tu ne te poses plus de questions ? 

À partir de cet instant, je suis vraiment bien dans l’effort, et je me permets même de grappiller des secondes à chacun des tours qu’il reste!

À l’abord du dernier tour, je commence déjà à penser à T2; toujours l’idée de soigner cette transition et de courir « détendue » pour absorber au mieux les efforts que je viens de faire en solitaire sur le vélo. Je repense aux consignes de ma Coach Stéphanie Déanaz « pas de crispation, relâchement haut du corps ; mettre du rythme »; je pose donc avec 1min30 d’avance.

1’30 d’avance, il ne reste que 5 km, concrètement, la course ne peut plus t’échapper, tu restes dans l’idée de faire une grosse càp ou tu souhaites « juste » gérer ? 

Là je me dis que même sans courir vite, mais en m’appliquant pour être dans un tempo correct j’irai au bout, il n’y a pas de raison!

L’Espagnole Garcia qui pose 2e me semble bien entamée, car je lui reprends même une vingtaine de secondes. Je continue de m’appliquer et j’entends David Mangel (Entraineur national, responsable du duathlon ) sur le bord du parcours qui m’encourage et rajoute « sur l’avant du pied »; je m’y emploie, et cette recherche d’efficacité m’occupe l’esprit, et surtout l’arrivée n’a jamais été aussi proche!

À 200m de la ligne, je finis par me dire que j’ai course gagnée! Malgré la fatigue musculaire, je savoure cet instant comme il se doit!!

Et la suite … ? 

Un peu de recup’, et maintenant objectif, le Championnat du monde en août à Pendicton!

Théo

www.velotafeur.fr


Photo par Jean-Romain

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