Dans la série « Qui sont les pros du triathlon », après ceux identifiés sur Courte Distance (cf Qui sont les pros en France aujourd’hui (Triathlon Courte Distance)), on va s’attaquer à un tout autre « chantier ».
Cela n’a pas été évident de faire l’article sur le Courte Distance, mais cela a été beaucoup plus difficile pour le LD. Entre le half, le full distance, les chronos sur parcours plats, d’autres sur des parcours durs, les courses labélisées, celles qui ne le sont pas … Je vous avoue que j’ai hésité à sortir cette liste, je pense qu’elle est très critiquable, et qu’obtenir un consensus parfait est finalement quasi impossible pour le LD.
On ne détient pas la vérité sur la question mais je me suis dit que c’était une façon de poser une première pierre sur le débat sur le professionnalisme du LD en France.
Notre premier article nous a au moins permis de se mettre d’accord sur notre définition de ce qu’est un pro en triathlon, on était arrivé à la définition suivante :
« Un athlète dédiée à sa pratique avec un haut niveau de performance ».
L’idée était de coupler un critère de performance et critère de disponibilité à plein temps (ou presque) pour son sport. Ce constat fait, on n’avait plus qu’à fixer des niveaux de performances atteignables uniquement par des athlètes focus triathlon pour dresser notre liste.
Dis comme ça, cela parait simple mais je vous laisse lire le premier article pour comprendre le cheminement pour en arriver à cette définition. C’est important qu’on soit sur les mêmes bases avant d’aller plus loin.
Apparté
On a eu quelques remarques sur le fait que dans ma précédente liste il n’y avait pas que des athlètes qui vivaient bien de leur sport. Je ne pensais pas avoir véhiculé ce message, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai fait cet article : Mettre en valeur des athlètes qui, malgré leur implication et leurs résultats ne vivent pas forcément de leur pratique. (Attention certains en vivent bien dans la liste, mais sans doute pas la majorité).
Alors allez les suivre, ils ont besoin de vous !
C’est aussi pour cela, que nous n’avons pas retenu le critère de la rémunération pour dresser notre liste, qui serait malheureusement juste révélateur que seulement quelques athlètes arrivent à en tirer des bénéfices.
Je ne reproche pas ces remarques on m’a toujours dit : « Si tu ne t’es pas fait comprendre, c’est que tu t’es mal exprimé » donc l’erreur vient sans doute de moi.
Bref, revenons à nos critères ! On va préciser quand même que pour ces critères on ne va pas se concentrer uniquement sur 2018, mais qu’on a élargi à plusieurs années.
Triathlon Longue Distance
Critère n°1 : L’athlète est qualifié en PRO à Hawaï
Vu qu’on parle de LD, on n’y échappera pas, on va forcément parler d’Hawaï. On ne va pas avoir besoin de chercher bien loin, sans parler de résultat sur Big Island, tous les athlètes français se qualifiant pour Hawaï en PRO ne font que du triathlon, et sont performants. (Sinon ils n’iraient pas à Hawaï).
Critère n°2 : L’athlète est qualifié au Championnat du Monde LD ITU élite
Alors oui, le Championnat du Monde LD ITU n’a pas la même valeur qu’Hawaï. Mais les athlètes qui y sont qualifiés pour représenter la France font tout de même parti des tout meilleurs français, et sont très performants.
Critère n°3 : L’athlète fait podium sur une course labélisée Ironman 70.3 ou Full Distance en PRO
Le label Ironman est incontournable et même si certaines courses sont moins denses, les athlètes français capable de faire des podiums en PRO ne sont que de très bons triathlètes, et rare sont ceux qui ont pu faire des podiums en PRO sans être dédié à leur pratique.
Critère n°4 : Sub8h30 sur Ironman
C’est un peu arbitraire comme chrono on doit l’avouer, mais cette barrière horaire à pour mérite de faire une sélection, il y a beaucoup d’AG compétitif aux alentours des 9h, ce qui est déjà très solide, mais pour passer le gap et atteindre le sub8h30 il faut dédier son quotidien au triathlon.
Critère n°5 : Faire top 5 sur l’Embrunman
Embrun reste un mythe et une référence, même si l’on retrouve des amateurs très compétitif entre la 6ème et la 10ème place sur cette course (j’ai en tête deux 7ème place de Tony Orvain par exemple), en général le top 5 reste réservé à des triathlètes à plein temps.
Critère n°6 : Gagner sur une course classique française (Gérardmer, Deauville, Royan, Cannes, Natureman, Alpe Huez)
Le label Ironman c’est bien, mais il y a des courses indépendantes en France qui demande un haut niveau de performance pour gagner. Je pense que l’on va amener quelques exceptions avec des athlètes qui travaillent à côté, mais gagner une de ses 6 courses restent une grande performance.
Si je peux ajouter un commentaire avant de dévoiler la liste, je souhaitais dire que je n’aurai pas pu dresser cette liste sans le site T2area. A vrai dire je connaissais un peu le site, sans plus que cela, mais en fait c’est une vrai mine d’or du LD, j’ai été assez stupéfait de voir à quel point c’était complet (résultats, calendrier, courses, palmarès athlète LD). Je ne sais pas qui est derrière ce site mais bravo !
Voici la liste des athlètes rentrant dans les critères cités ci-dessus en Triathlon LD.
- Cyril Viennot
Lorsqu’on pense triathlon longue distance en France, cela reste un des premiers noms auquel on pense, Cyril Viennot cela reste le meilleur performeur français sur l’Ironman d’Hawaï avec une 5ème place, mais aussi un titre de Champion du Monde LD. Cyril Viennot c’est aussi 7 victoires PRO sur le circuit Ironman (70.3 ou Full).
https://www.facebook.com/cyril.viennot.triathlete/
- Anthony Costes
Anthony Costes c’est un peu une écurie de formule 1 à lui seul, je le vois comme l’athlète qui pousse au plus loin l’optimisation de la performance. Peut-être aussi le plus fort intrinsèquement de la liste ? C’est le «recordman» français sur distance Ironman avec un chrono de 7 h 49 min 19 s.
https://www.facebook.com/antoletigre/
- Denis Chevrot
Denis Chevrot c’est un peu « too fast, too furious » avec une progression très rapide, il a débarqué dans le triathlon en provenance de la natation et s’est lancé d’emblée sur le long. Il a déjà 2 Hawaï en PRO à son compteur et plusieurs victoires sur le circuit Ironman.
Petite anecdote : Il sort 2ème de l’eau à Hawaï cette année et à même pris la tête de course sorti du parc.
https://www.facebook.com/denischevrotine/
- Romain Guillaume
Un autre visage connu et reconnu du LD en France. Romain Guillaume c’est plusieurs Hawaï au compteur et aussi 3 victoire en PRO sur full Ironman. Assez déçu de son dernier Hawaï, il a confié souhaiter s’orienter vers des courses plus difficiles tel que Embrunman.
https://www.facebook.com/romain.guillaume.triathlon/
- Kévin Maurel
Kévin Maurel, c’est la force tranquille avec une progression linéaire chaque année. Avant chaque course on se dit que ce qu’il a fait jusque là c’est déjà bien, il en remet toujours une couche en élevant son niveau. Kévin jusqu’où iras-tu ? (Kévin Maurel c’est 2ème du LD de Cannes, 3ème du 70.3 d’Aix, 4ème des Monde LD ITU cette année).
Petite anecdote : Après avoir remporté le triathlon de Mayenne il y a quelques années il a déclaré : « c’est vraiment le plus beau triathlon du monde, après avoir gagné ici je peux mourir tranquille ». Cette anecdote est totalement fausse mais j’aurai placé la Mayenne dans l’article.
https://www.facebook.com/KevinMaurelTriathlete/
- Tom Lecomte
Tom Lecomte, un athlète qui n’a pas froid aux yeux … demandez lui son objectif avant chaque départ, il vous dira qu’il est là pour gagner ! Cette année c’est deux victoires majeures, XL Gérardmer et Ironman 70.3 Lanzarote (+ le titre de Champion de France Duathlon LD).
Petite anecdote : Si vous êtes dans l’Alpe Huez vers 18h un jour de Juillet que vous voyez un type habillé tout en Nike descendre comme un fou en course à pied c’est lui. Trois fois semaine en Juillet, son dernier entrainement de la journée c’est descendre 10 km l’Alpe Huez, puis remonter, je vous laisse imaginer l’impact musculaire de ce type de séance après plusieurs heures de vélo.
Petite anecdote bis : Il est encore plus mauvais que moi en papillon, croyez-moi c’est difficile.
https://www.facebook.com/tomlecomte8/
- Sylvain Sudrie
Sylvain Sudrie c’est l’athlète qui dure, qui était déjà sur le long depuis de nombreuses années. C’est un gros palmarès : 2 titres champions du monde LD, victoire en PRO sur label Ironman, 6 titres champions de France LD, et quasiment toutes les grosses courses françaises.
https://www.facebook.com/SudrieLifeStyle/
- Antoine Méchin
Antoine Méchin depuis 2 ans c’est un athlète qui couple D1 de duathlon avec succès (plusieurs top 5) et LD. Courant en GA (Champion du Monde de son GA à Hawaï en 2017), quel critère remplit-il ? Antoine c’est 8h24 au Frenchman dans des conditions difficiles ! Il prend une licence PRO pour l’an prochain et on hâte de voir cela !
Petite anecdote : Antoine c’est 30’05 sur 10 km cette année, un des plus rapide de la liste ?
https://www.facebook.com/antoinemech1/
- Sébastien Fraysse
Ancien nageur d’eau libre, Sébastien Fraysse se fait un nom dans le monde du triathlon longue distance, c’est le Champion de France LD cette année + victoire sur le LD de Royan également.
Petite anecdote : Record à 3’50 au 400 NL.
https://www.facebook.com/S%C3%A9bastien-Fraysse-Triathl%C3%A8te-428464030983529/
- Arnaud Guilloux
Arnaud Guilloux, c’est un très beau palmarès sur les courses françaises avec au compteur : LD de l’Alpe, LD de Deauville, Natureman, top 8 Embrunman.
Petite anecdote : Comme tous les bretons, son espérance de vie est limitée une fois sorti de Bretagne.
- Etienne Diemunsch
Etienne Diemunsch … Le plus rock n roll ? En duathlon on a Benjamin Choquert, en triathlon on a Etienne Diemunsch. A vrai dire je ne sais pas trop par où commencer pour citer son palmarès que ce soit sur court ou sur long. C’est le mec qui gagne le LD de Cannes, une Coupe du Monde sur CD, et fait 6ème sur l’Embrunman … la même année (en 2016) !
Petite anecdote : La légende dit qu’il y a quelques années il enchainait une série de 6×1000 en altitude à Font Romeu après 5h d’entrainement dans la journée en 3’/kil à 150 bpm.
Petite anecdote bis : Au Championnat du Monde de Duathlon de 2011, il est encore espoir mais remporte la course. La réglementation ne lui accorde que le titre U23 alors qu’il a gagné devant les élites.
Petite anecdote bis bis : Il a record à 29’26 sur 10 km.
Petite anecdote bis bis bis : Je suis son plus grand fan.
https://www.facebook.com/etienne.diemunsch/
- Bertrand Billard
Double vainqueur de l’Ironman 70.3 Aix en Provence (2016,2017), il connait une saison galère à cause d’une nouvelle fracture de la clavicule.
https://www.facebook.com/search/top/?q=bertrand%20billard%20triathl%C3%A8te
- Jérémy Jurkiewiecz
Il est vrai que Jérémy Jurkiewiecz est moins sur le devant de la scène depuis quelques temps, mais cela reste un athlète qui a fait Hawaï en PRO (12ème en 2012) qui a des victoires sur le circuit et un chrono de 8h08’15 sur la distance, ce n’est pas rien !
https://www.facebook.com/JurkiewiczTRI/
- Toumy Degham
Qui ne connaît pas Toumy Degham ? C’est un gros palmarès du triathlon français, il a à peu près gagner tous ce qu’est gagnable en France à vrai dire. J’ai moins connaissance de son début de carrière mais c’était aussi un athlète performant en D1 triathlon, D1 duathlon.
Petite anecdote : J’ai trop peur de livrer une anecdote sur lui, par peur de représailles. (Boutade)
https://www.facebook.com/Toumy-Degham-131109074208895/
- Kévin Rundstadler
Il fait parti des jeunes qui ne nourrissent pas de complexe et vont chercher des résultats sur long. Vainqueur par le passé du Natureman, et 6ème de l’Embrunman cette année.
Petite anecdote : J’étais spectateur de l’Embrunman en 2015, je vois un « jeune » couché sur sa machine sur ses prolongateurs, fréquence de pédalage très faible, aucune expression sur le visage … sauf qu’on était à Arvieux, en plein milieu du col de l’Izoard à +10%, un vrai cyborg !
https://www.facebook.com/K%C3%A9vin-Rundstadler-1588513998091295/
- Gwenaël Ouillères
Il fait parti des noms qui sont là depuis quelques années, régulièrement aux avants postes, on l’a vu prendre une belle 3ème place cette année sur l’Embrunman.
https://www.facebook.com/gwenael.ouilleres.triathlon/
- Yvan Jarrige
Yvan Jarrige, c’est une des belles progressions de l’année, vainqueur de l’ironman 70.3 d’Edinburgh, il a également pris une belle 15ème au Championnat du Monde 70.3 ironman.
https://www.facebook.com/jarrigeyvan/
- Trevor Delsaut
Plus discret ces derniers temps, il ne faut pas oublier que Trevor Delsaut c’est 8h07 sur Ironman en 2017 ! Il me semble cependant que les conditions de natation à Cozumel sont particulières avec les premiers qui sortent de l’eau en 39’ (contre habituellement 10’ de plus), mais cela reste très fort.
- Pierre-André Anizan
J’avoue que je ne le connaissais pas avant de faire l’article, il a pourtant gagné le Natureman cette année.
https://www.instagram.com/pierreandre2709/
L’article n’est pas fini et nous allons maintenant tenter de dresser une liste pour les femmes. On a revu légèrement les critères car certains ne paraissaient pas adaptés, d’autres sans pertinence. Nous avons aussi enlevé le critère du chrono, je ne connais pas assez le LD féminin pour fixer un chrono référence.
Critère n°1 : L’athlète est qualifié en PRO à Hawaï
L’athlète est qualifiée en PRO à Hawaï Dans la même ligne que les hommes, une femme qualifiée à Hawaï en PRO en général ne fait que du triathlon
Critère n°2 : L’athlète fait podium sur une course labélisée Ironman 70.3 ou Full Distance en PRO
Critère n°3 : Faire podium sur l’Embrunman
Il est vrai que l’on avait opté pour top 5 chez les hommes, je pense que l’on peut dire sans se faire étriper (je l’espère), que la densité sur la course femme est moins importante. L’écart entre le 1er et le 5ème est de 20’ en 2018 chez les hommes contre 55’ pour les femmes. On réduit l’écart à 29’ en s’arretant au top 3.
Critère n°4 : Gagner sur une course classique française (Gérardmer, Deauville, Royan, Cannes, Natureman, Alpe Huez)
Voici la liste qui aboutit en suivant ces critères :
- Manon Gênet
Manon Gênet c’est peut être le nom à retenir du LD féminin en 2018. Première qualification en PRO à Hawaï qui se conclut à une 31ème place. Manon Gênet c’est aussi une victoire sur le 70.3 Aix en Provence et Nice cette année.
https://www.facebook.com/manongenetriathlon/
- Jeanne Collonge
Jeanne Collonge c’est un des très beau palmarès du triathlon LD français. Jeanne Collonge c’est victoires sur l’Embrunman, le XL Gérardmer, la Natureman, l’Alpe Huez,mais aussi des podiums sur l’Ironman de Nice.
https://www.facebook.com/JeanneCollongeTriathlete/
- Charlotte Morel
Charlotte Morel c’est aussi une belle carrière sur Courte Distance avant le LD avec des places en GP, podium en Coupe d’Europe et du Monde. Sur le long c’est 3 titres de Championne de France, et podium sur l’Embrunman, on espère la voir triompher sur l’Embrunman un jour.
https://www.facebook.com/charlottemorel.triathlon/
- Camille Deligny
Un peu à l’image de Denis Chevrot chez les hommes, on peut dire que Camille Deligny est arrivé sans prévenir sur le circuit PRO et qu’elle a tapé fort d’emblée. Camille Deligny c’est un podium sur l’Embrunman, et une victoire Challenge Almere avec un chrono de 9h18 à son actif. Elle avait depuis mis le triathlon en off mais serait apparemment sur la voie du retour.
https://www.facebook.com/camilledeligny/
- Isabelle Ferrer
Isabelle Ferrer Isabelle c’est l’expérience, elle semble vraiment infatigable, elle fini 4 fois 2ème de l’Embrunman, elle a également un titre de Championne de France de triathlon longue distance. Je dois avouer que je ne sais pas si elle est professionnelle mais son palmarès parle pour elle.
- Julie Le Colleter
Au même titre qu’Isabelle Ferrer, je ne pense pas que l’on puisse considérer Julie Le Colleter comme professionnel au niveau de sa disponibilité pour son sport (à vrai dire je n’en suis pas sûr !), mais elle apparaît dans la liste grâce à son palmarès : victoire à Royan, Deauville (Championne de France de Duathlon il y a quelques années aussi).
Voilà l’article est fini, ma connaissance du long féminin étant très limitée, il y a peut être de gros oublis.
Notre liste se conclut donc à 19 hommes et 6 femmes. Cette liste n’a pas pour prétention de délivrer la vérité, mais bien d’ouvrir un large un débat sur la question du professionnalisme en triathlon. A vous de me dire si les critères choisis sont bons ou non, et comment on pourrait améliorer la pertinence de cette liste.
Je dois bien avouer qu’il y a des noms qui ne sont pas dans la liste qui aurait pu mériter d’y être, car ces athlètes jouent le jeu de professionnalisme avec des belles performances. Je pense notamment à athlètes comme Thibault Pacôme Lopez, Julien Pousson, Erwan Jacobi, Manu Roux, William Menesson et j’en oublie.
Mais le principe de poser un cadre c’est aussi de ne pas faire d’exception, en tous cas le débat est ouvert (dans la cordialité je l’espère).