Edito > Jos – C’est le bonheur qui a gagné / ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.

Si je ne suis plus aussi actif avec Trimes, j’ai la chance d’avoir toujours ce lien privilégié avec quelques athlètes, coachs et plus. Cela fait depuis plusieurs années que je déteste la propagande actuelle de plusieurs fédérations, ces jeux politiques, ces affaires de domestiques ou encore de priver de droit à l’attaque parce que ta structure nationale n’a qu’une confiance modérée en toi… 

Et la victoire de Kristian Blummenfelt? J’avais un autre favori dans mon coeur… mais la victoire de Blummenfelt me fait aussi plaisir parce que je connais son histoire. 

Sans langue de bois, Blummenfelt, c’était l’athlète dont les autres se moquaient à cause de son physique atypique, certains l’appelaient l’éponge. Enfin, à contre-courant, il détonnait aussi par sa trop grande générosité dans l’effort. À vélo, les autres coupaient leur effort en sachant qu’il allait tout faire sans rien dire. On est loin du régime de la peur du roi Ali.

Reste que tout cela l’a bâti. Cet athlète a justement cette force de ne pas compter sur les autres. Il n’a jamais eu ce besoin de domestique. Ses deux compères, Iden et Storme n’ont pas forcé la course pour lui.

Son succès ne dépend pas des alignements des certaines étoiles. Cela l’a façonné et avec le contexte des Jeux olympiques, ses détracteurs l’ont rendu plus fort. Son taux d’échec était très faible.

Il reste froid devant le glamour des squads internationaux. Blu est discret, aucune trace de propagande interne pour s’assurer que le monde tourne autour de lui, non juste une bande de jeunes qui ont voulu faire du triathlon où cela semble totalement farfelu.

Le plus ironique dans tout cela, c’est qu’en venant de Norvege, on se dit qu’il suffisait de piocher dans la réserve nationale de la Vo2Max, avec le ski de fond, il suffisait de convertir certains talents… 

La réalité est à l’opposé. Le tout est à l’origine d’un seul homme. Un passionné de triathlon basé à Bergen qui s’est acharné à convaincre des jeunes locaux à essayer le sport triple. J’avais eu la chance de m’entrainer avec Blummenfelt avant les Jeux olympiques de Rio, il se moquait des croyances en me confiant être nul en ski de fond et qu’a Bergen, il n’y avait pratiquement pas de neige en hiver. 

Alors oui, exit les fonctionnaires, les supers coachs reconnus internationalement, non, c’est juste un homme qui s’occupait d’un club et qui a décidé de grandir avec ses athlètes. Ils sont toujours restés fidèles à lui. Un environment presque familial qui profite tout de même d’un savoir scientifique norvégien…

Ils profitent donc d’une absence totale de politique, tu obtiens ton dossard et voilà. Sans cette pression constante et compétition en interne, il est plus facile de s’amuser, d’accepter des volumes d’entrainement qui peuvent apparaitre impossibles. Blummenfelt ne cache rien, tout est sur Strava

Mais ce qui est génial avec eux, c’est que leur amour pour le sport est resté intact et surtout, ils ne se mettent aucune barrière. 

Encore, certains devaient se moquer du calendrier de Blummenfelt en début de saison, après sa victoire à Yokohama, il a enchainé les coupes du monde.

Dans les faits, on s’est habitué à ce que les athlètes des nations historiques du tri réclament que leurs vedettes obtiennent la confirmation de leur sélection la plus hâtivement possible. Selon eux, c’est la seule manière d’avoir une préparations optimale en limitant les voyages et les compétitions et arriver à son meilleur aux Jos.

Je me rappelle encore de mes discussions avec mes collègues journalistes après Yokohama. J’avais annoncé que dans cette victoire, on avait vu un niveau de performance encore jamais atteint. 

A Tokyo, cette attaque dans le dernier kilomètre contre Yee va hanter la concurrence pendant des mois. Blummenfelt s’est rentré dedans à un niveau inégalé. Sanders m’a déjà donné cette impression contre Sam Long. Enfin, il y a quelque chose d’unique là-dedans. 

Je pensais justement à Lolo et à sa citation préférée, ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait de Mark Twain. Pour moi, cela résume parfaitement les Norvégiens.

Ils ne se placent aucune barrière et se moquent des remarques et croyances des autres. L’amour et la passion avant tout. Kristian, il est là pour un moment et contrairement a ce que certains peuvent penser, il dégage pour moi quelque chose de super sain de sa pratique du sport élite. 

Pour les autres, il y a probablement une remise en cause à faire.

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