Édito > Le Bronze, médaille fondatrice pour quoi au juste?

Il ne faut pas se cacher la face, c’était la médaille qui ne fallait pas perdre. Avec ses trois titres mondiaux, cette fois-ci, le terme invincible était justifié. Déjà, lors de révélation des athlètes pour cette olympiade, Cassandre Beaugrand avait dit, l’objectif c’est la médaille en relai, puis on verra l’individuel après. Chronologiquement, cela ne marchait pas, ce lapsus venait pourtant de tout dire. 

Encore une fois, on va vous le répéter, les Jos sont spéciaux parce que c’est l’épreuve où les meilleurs athlètes se pointent avec leur meilleur niveau athlétique. Cela reste un jeu avec une fine ligne où la blessure est vite arrivée.

Tout cela pour dire que les projets de Grande-Bretagne et des États-Unis sont arrivés à maturité pour Tokyo. Alex Yee (GB), un prodige annoncé vient tout juste de se révéler. Pearson (USA), ce coureur et nageur a commencé le triathlon il y a moins de 3 ans. 

Et l’équipe de France dans tout cela, le succès de cette équipe illustre parfaitement ses forces et ses faiblesses. Un système qui s’est basé sur des temps. Depuis qu’ils sont juniors, ils ont des marques à atteindre afin que la FFtri décide d’investir en eux. 

Prenons Dorian Coninx, un prodige qui a toujours été très à l’aise sur les distances super sprint. Il a toujours été un maillon fort dans cette discipline. Athlète avec une vitesse de pointe indéniable, mais cette fougue, sur distance olympique, cela passe ou cela casse. C’est Dorian, et moi je l’aime comme ça. Un gars qui joue et qui ne se la raconte pas. 

Dans le cas de Vincent Luis, double champion olympique, on est aussi dans le même cas de figure. À lui seul, il a probablement rendu le relai mixte l’épreuve la plus spectaculaire des Jos. Avec ces deux titres mondiaux, la médaille en chocolat aurait été indigeste pour longtemps. 

Et il y a les femmes. Je me rappelle encore du jour où l’ITU a annoncé que le relai mixte allait être présenté aux Jos. À cette époque, je me disais que cela être génial pour le sport parce que cela allait permettre à certaines fédérations de traiter différemment ses athlètes féminines. On peut penser à quelques fédérations où seuls les hommes ont du succès, un exemple flagrant, l’Espagne. Et oui, il y avait aussi la France qui a eu la fâcheuse habitude de chasser des athlètes comme Emmie Charayron, Alexandre Cassan Ferrier dont la fédé ne voulait plus donner d’accès en WTS. Comme dit Vincent Luis, il ne faut pas oublier le passé. 

Enfin, ce qui paraissait comme une incroyable opportunité à créer l’inverse. Les structures fédérales ont eu un niveau d’intervention inégalée pour le meilleur et pour le pire. On pense tout de suite au bilan catastrophique de l’Australie ou encore au Canada qui voulait refuser la participation à l’épreuve individuelle pour favoriser le relai. Tout cela a créé des climats totalement toxiques et on voit le résultat. 

Dans le cas de la FFtri et de sa machine à la propagande, elle a probablement appris de Rio. D’ailleurs Frank Bignet, ex DTN et officieusement porte-parole de la FFtri et de ses amis, a tout de suite indiqué que la France, malgré ses trois titres mondiaux, elle n’était pas favorite. 

LA COURSE.

Je me disais que si Cassandre avait le malheur de perdre le second groupe, les prochains mois risquaient d’être très durs. Cassandre a souvent cassé mentalement en course, comme dirait Enimem, « you have one shot », et disons qu’elle pourra ressortir ce souvenir dans le futur pour se dire qu’elle peut résister. Est-ce que cela peut-être l’élément déclencheur… Cela est presque trop franc, mais quand un athlète a du succès très jeune, il se développe avec un presque trop d’attente et à force, il est difficile de grandir sereinement et dans le temps. On espère que cette médaille viendra créer une base plus stable.  

Que Léonie Periault est aussi passée proche d’être assise au banc des accusés ! Pourtant, il faut prendre du recul, on réalise qu’elle a très bien résisté face à la médaillée d’argent en individuel. Georgia Brown Taylor avait comme mandat de faire le grand ménage. C’était la meilleure athlète féminine au départ. Avec seulement 20 minutes d’effort, il n’y avait plus que 6 nations encore en course pour une médaille. Léonie n’était qu’à 20s en arrière. Elle a d’ailleurs repris du terrain en course à pied. Léonie sait que l’écart avec les meilleurs au monde est dans l’eau. 

Enfin nos femmes étaient sur un fil et ont vu une magnifique solidarité des hommes. Dorian Coninx enregistre le second meilleur temps de la journée tout juste en arrière d’un Jonny Brownlee retrouvé. Vincent Luis a été très impressionnant en natation et en vélo. Il ne fait aucun doute que son expérience dans cette distance si spécifique a fait la différence. Si Alex Yee est supérieur à Luis en course à pied, c’est logique à la vue des récents résultats.

La Grande-Bretagne est récompensée avec une équipe presque sans faille. Si Learmonth n’est pas la meilleure course à pied, rien de dommageable. Le vélo d’Alex Yee, on a surtout l’impression qu’il a voulu gérer son effort sachant qu’il était plus fort en course à pied. Son pari était pourtant risqué puisque Pearson aurait pu revenir. 

LA MORALE

Petite note pour les structures fédérales qui se croyaient si tentées en réservant leurs athlètes pour ne faire que le relai et non l’épreuve individuelle, la Grande-Bretagne a démontré que la tactique du plus malin ne marche pas. À mettre au placard pour de bon avec le concept du domestique.

LE BRONZE… OUI, MAIS… OUI OK.

Et alors cette médaille de bronze. On a senti un certain règlement de compte des athlètes face aux sportifs en divan. C’est leur droit, mais la vérité seul l’athlète la connait. Des commentaires sur les médias sociaux ne devraient pas avoir d’impact si tu es en paix avec tes dires. Généralement, et même nous on va vous le dire, il y a beaucoup de méconnaissance face au milieu. On n’a aucun doute sur les protocoles pour la chaleur et le décalage horaire à la FFtri. S’il faut regarder en dessous du tapis, cela n’est pas là, mais au final, c’est l’athlète qui fait la performance et non la structure. 

Bon, et Vincent Luis qui dénonce. Prenons Rio, il était normal d’avoir un certain malaise lorsqu’il parle du second comme le premier perdant. Avec aucun athlète masculin dans le top 10, difficile de ne pas se poser des questions. À l’inverse de vos croyances, je ne pense pas qu’il fasse attaquer les athlètes, mais plus une culture et son environnent. 

Vincent Luis a su changer l’histoire avec une conclusion plus joyeuse et cela est tout à son honneur et cette médaille de groupe vient de mettre enfin de positif à une génération dont son destin a toujours été dramatiquement relié à la médaille. 

Maintenant, la FFtri vous dira que l’objectif ultime était la médaille. Cette fédération nous rappelle d’ailleurs tous les jours qu’une médaille en para à la même saveur. Une manière de se convaincre que son compteur n’était plus à zéro et de taire ceux qui voudraient faire table rase sur le système actuel. 

Cela fait très longtemps que les Français sont favoris en individuel et que cela ne passe pas. Cette médaille en relai aura des conséquences positives en se disant que la fédé de la lose ne sera plus sur son cas. Mais cela peut aussi s’avérer comme un mirage. 

Cela est mon hypothèse, on a trop développé nos athlètes en fonction d’exigences en termes de temps et pas assez dans l’effort en fonction des autres. On a vu des Blummenfelt et Duffy capables de prendre la course à leur main et SANS le besoin d’aide. C’est probablement la seule recette valable pour les prochains 2-3 cycles olympiques. Le triathlète qui ne sait que nager et courir vient probablement de disparaitre à tout jamais. Et cela est déjà presque actuel en relai. 

En espérant que tout cela est fondateur pour quelque chose de différent. 

POINT PERSONNEL

La médaille ne devrait pas être la finalité. Je connais plusieurs médaillés olympiques qui ont très mal vécu leur médaille. Une de ces athlètes a volontairement faire disparaitre sa médaille parce qu’elle représente pour elle un échec. Pour les curieux, elle habite sur une ile. 

Cette 5e place de Léonie Périault, elle ma rappelle très bien la 4e et 5e place de David Hauss et de Laurent Vidal. Des athlètes qui avaient réussi a produire leur meilleur effort possible le jour « J ». 

Je sais qu’on est beaucoup à penser à Laurent Vidal parce qu’il a eu un impact sur les nouvelles générations. Ce que j’admirais sur lui, c’est que son plus grand adversaire, c’était lui. Il savait que s’il se donnait, alors il avait la chance d’être au top. Cette philosophie permet de rester vrai et de ne pas jouer à la politique pour garder un statut avec des mots. Avec cette mentalité, j’ai toujours eu le sentiment que l’athlète n’est plus attaquable.  

Sur le banc des accusés, on ne devrait retrouver que les médias qui vendent des attentes des fois impossibles et des structures qui sont condamnées au succès pour survivre. 

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