Édito > à un moment, il faudra un grand reset pour sauver le triathlon…

Ce week-end représente parfaitement ma relation amour haine avec le triathlon, comme voir des magnifiques personnes comme Denis Chevrot (IM Hambourg) et Jeanne Lehair (Euro CD) devenir des champions d’u monde d’Europe, ou encore un très humble Mathis Margirier à Challenge Salou gagner à nouveau et devenir l’athlète ayant gagné le plus de points PTO cette année.

Mais aussi le pire. Ce dimanche est entaché par un accident tragique lors d’Ironman Hambourg. Sur les médias sociaux, je vois, malheureusement, que certains utilisent cet évènement pour faire des clics. 2 heures plus tard, il y avait déjà un podcast sur le sujet avec des accusations et des solutions. Plusieurs publications multiplient les articles sur le sujet.

On retombe dans le schéma habituel anti-ironman, justifié ou pas, le débat nous semble pourtant très différent. Ironiquement, le succès d’Ironman vient aussi par le fait que ses courses étaient jugées comme plus sécuritaires, mais malheureusement, avec la nouvelle conjoncture, les choses ont vites changées.

Si vous écoutez le tri-chaud, il se peut que vous me jugiez comme une personne négative, c’est fort possible, et même moi, je finis par m’énerver, si c’est possible.

Vous devez savoir que l’un de mes sujets de prédilections, c’est justement la sécurité et que cela fait quelques semaines que je rappelle une trop grande proximité des motos, du fait que des parcours comme Oceanside ou PTO Ibiza ne sont pas dignes de recevoir des évènements internationaux.

Beaucoup l’ont oublié, Andreas Dreitz et une moto sont entrées en collision à Kona en 2022, dans ce cas, on parlait d’une moto qui s’est arrêtée tout juste devant lui. Mathis Margirier a aussi été accidenté à cause d’une moto trop proche lors de Challenge Gran Canaria. Dans ces deux cas, il n’a pas réellement eu des médiatisations…

Encore ce week-end, et même si j’adore certaine section du parcours de championnat d’Europe ETU qui étaient rafraichissantes après l’endormante série mondiale de Cagliari, il y avait quelques sections dangereuses, des blocs de béton sans protection, encore ses fameux poteaux recouvert pas un cône en plein milieu du chemin, des voitures stationnées sur le parcours, toujours cette logique à laquelle on accepte certains désagréments parce qu’on est dans une grande ville.

On y retrouve aussi un autre grande classique, avec l’idée de faire des natations dans des étendues d’eau urbaines où les eaux usées y sont déversées… On aime donc flirter avec ce risque d’annulation de la natation. Rassure-toi, on nous a promis que l’eau de la Seine sera propre pour les JOs. Enfin, dans le milieu, il existe des cas où des athlètes ont attrapé des virus. Londres, Rio, et Tokyo, toutes ces villes olympiques partagent le fait d’avoir des eaux à risque. Le triathlon de Paris a justement quitté la semaine à cause de ce problème et on y retournera parce qu’on ne peut pas se passer d’un paysage de carte postal.

Alors, pourquoi toutes les organisations ne sont pas plus alertes ? Revenons à ce média/individu qui réclame des changements immédiats. Il a raison, mais le problème, c’est qu’il n’y a pratiquement aucun média qui dénonce certaines situations tant qu’il n’y a pas eu un accident.

Pas le peine d’utiliser de la poudre à perlimpinpin pour savoir que des parcours vélo à plusieurs tours, seront toujours dangereux parce que des pros dépasseront des AGs qui ne tiennent pas toujours leur ligne. On savait aussi depuis longtemps que les parcours vélos sans séparateurs entre les deux sens de circulation, c’est forcément un risque à éviter à tout prix.

Est-ce qu’on peut parler de négligence d’Ironman? Un accident, par définition, c’est le résultat d’une faute non intentionnelle, résultat d’un manque de vigilance. Et alors ? Le gros problème, c’est que l’on continue à organiser des courses dans des conditions non optimales où l’on augmente donc les risques d’accidents. Ces évènements sont progressivement passés de 1500 à 2200 et jusqu’a 4000 participants. Trop cela n’est jamais assez.

Est-ce que les organisations sont conscientes de tout cela ? Totalement, si vous prenez une course comme Kona, Ironman limite au maximum le nombre de motos. Elle est capable de faire cela parce qu’elle s’y donne les moyens. On doit aussi se questionner sur l’intérêt d’avoir des photographes sur les motos. Sur le circuit WTCS, il n’y tout simplement pas de photographe sur moto, même ceux mandatés par World Triathlon doivent rester sur leurs deux pieds. Évidemment, c’est plus simple sur un parcours de 5km que 180km. Je vous l’accorde.

Lors des championnats d’Europe, je disais justement à mon collègue du tri chaud a quel point je trouvais le parcours non sécuritaire, sa réponse était juste, mettez des athlètes dans les commissions qui valident les épreuves…

Si vous pensez que les drones peuvent tout changer, vous êtes malheureusement dans l’erreur. Il y a un problème dans l’autonomie, de connectivité (5G), mais aussi dans les droits, le pilote doit toujours être en contact visuel et lui n’est pas permis de le faire voler au-dessus de gens.

Et cela m’a fait penser à la fameuse PTU (Union des triathlètes pros)… soit un effort de syndicaliser les triathlètes pros afin de mieux respecter leurs droits et retrouver un rapport de force face à Ironman, s’est transformé en PTO où la principale occupation est de créer un circuit dans le but de générer des revenus et de les partager avec les pros.

Lors de PTO Ibiza, on s’est retrouvé avec la même formule usée. Une destination avec un parcours vélo étriqué. Est-ce que les athlètes ont réellement été consultés dans la conception de cette épreuve ? Pourquoi on s’efforce d’organiser des courses dans des milieux urbains ou semi-urbains qui ne peuvent pas être totalement dédié à la cause ?

La réponse est simple, elle est monétaire. C’est forcément l’argent qui mène le monde. Il y a un besoin de rentabilité, ces parcours à plusieurs boucles, qui permettent de fermer moins de routes, requièrent moins de personnels pour faire la circulation. Pour qu’une course soit populaire, il faut aussi être une destination avec une offre hôtelière importante, une proximité à un bassin important de triathlète. Au lieu, de profiter de cadres naturels, on s’entête à organiser des courses dans des milieux hostiles. Et pourquoi cela reste comme cela ? Tout simplement parce que le triathlète s’inscrit plus facilement à ce type d’évènement et que les organisations se font aussi financer leurs courses par des grandes villes.

Alors oui, tant qu’on ne sera pas en mesure de mettre plus en valeur des courses dans des milieux plus reculés, rien ne changera. Faisons en sorte que la sécurité soit un sujet récurant et non que l’on ressorte après un accident. Si une course se déroule sans accident, cela ne signifie pas qu’elle était sans risque.

C’est au pratiquant de s’exprimer, c’est au média aussi de ne pas juste propager des bonnes nouvelles et c’est aussi aux pros de commencer à dénoncer tout cela.

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