La course naturelle, et quoi encore!

Il y a quelque chose qui m’a toujours étonné chez les sportifs et encore plus en triathlon, nous passons des heures et des heures à nous entrainer et pourtant, il existe une certaine paresse à apprendre les fondamentaux. Comme le dit très bien Macca, The key to improvement or success at any level in multi sport comes to building a foundation of knowledge that will allow you to make those incremental improvements towards your set goal. Et pourtant, je vois de plus en plus d’athlètes dépendant d’un coach. Malheureusement pour vous, un coach c’est exactement comme un professeur à l’école, certains sont bons et certains sont mauvais.

Et comme le dit Mimoun, le sport d’aujourd’hui, c’est de la merde, ils pensent tous à l’argent. Et oui, il existe un tas de spécialistes, de nouvelles methodes et de nouvelles technologies, toujours plus révolutionnaire les unes des autres. Je ne dis pas que tout est mauvais, mais que cela reste un business et que certains sont prêt à tout pour vendre exactement comme , comme dernièrement Powerbalance et son effet placebo qui n’a pas empêché des athlètes comme Michael Raelert dans l’endosser.

Alors oui, il existe des situations fascinantes. J’ai vu une spécialiste recommander la technique sur l’avant du pied en illustrant ses propos avec une vidéo d’une sprinteuse. Si tu sprintes en tappant du talon, tu as un sacré problème. J’ai aussi vu un coach imposer la fameuse cadence de 90 a ses coureurs en tout temps. Voir quelqu’un courir a 90 de cadence à 5:30 du kilo, cela a quelque chose d’assez comique, parce que la personne va simplement raccourcir sa foulée, alors que plus tu vas vite, plus ta foulée doit s’allonger…

Dans la théorie, ils ont raisons. Dans la pratique, ils ont tout faux. Et c’est cela le problème, ils répètent les dernières publications à la mode… comme le fameux livre Born to run qui a relancé le débat du minimalise… mais courir, ce n’est pas quelque chose de nouveaux?

Récemment, j’ai lu un article d’un spécialiste canadien de biomécanique, Benno Nigg, qui fait des recherches depuis des décennies sur le sujet. Son constat est assez sévère. On lui a demandé si les chaussures et la technique pouvait permettre au athlètes de ne pas se blesser. Sa réponse est assez claire et fait beaucoup de sens. Il explique que quelque soit les nouvelles technologies et sa technique de course, le taux de blessure reste constant. Et en conclusion, ce n’est ni la technique, ni la chaussure mais c’est le volume qui blesse. Il dit aussi que courir sur l’avant n’est pas mieux qu’en arrière. Ceci est matière a débat, puisqu’il a été scientifiquement prouvé que courir sur l’avant du pied limitait les impacts. Mais a sa défense, Il est vrai que courir sur l’avant procure des blessures différentes.

Tout cela te laisse sceptique? Il suffit de lire Mzungo régulièrement pour comprendre que les meilleurs athètes courent plus de 160 km par semaine comme Reid Coolsaet, Geb, Meb, Ritz etc… pour comprendre qu’ils jonglent tous avec les blessures et que cela est relié au volume. À moins que les meilleurs au monde ne savent pas courir et ont une mauvaise technique?

Peut-être qu’il devrait courir en newton ou avec des chaussures avec zero dropping? Fait étonnant, Newton est inexistant dans le milieu de la course à pied. Est-ce quelque chose que seule les triathlètes auraient compris? Ou plutot, nous sommes plus naifs et trop dépendant de promesses techniques sans vouloir la comprendre.

Si vous regardez les meilleurs marathoniens au monde, ils courent en nike lunaracer, streak 3, ou comme Haile Geb en Adidas adios avec un dénivelé de 11mm. On peut dire que ce dernier connait son sport et qu’il est en mesure de demander des changements à Adidas si cette chaussure était un handicap pour lui et c’est effectivement en contradiction avec ce que le marché veut nous vendre.

Et là, tu te dis, mais attend Trimes encourage les chaussures minimales comme les streaks XC. Oui, nous pensons que c’est une super chaussure pour courir plus vite en améliorerant sa technique, ses sensations. Et n’oublie pas que du plaidons aussi pour les lunaracers tout simplement parce que c’est chaussure offre les mêmes caractéristiques d’amorti, que des chaussures qui font pratiquement le double de son poids.

Récemment, j’ai fait une expérience. J’ai pris ma pause hivernale de deux semaines. Aucun effort physique, quand j’ai recommencé a courir, j’avais tout de suite mal au jambe, parce que musculairement, cela ne passait plus. Je suis un midfoot striker… et j’avais vraiment cette envie d’avoir une chaussure avec plus de talon pour moins taxer mes jambes.

Les japonais illustrent parfaitement cette idée puisqu’ils recommandent une chaussure en fonction de la vitesse.

Tout cela pour conclure qu’une chaussure doit être choisies en fonction de votre vitesse. Parce que vos appuies dépendent de votre vitesse! Plus tu vas vite, plus tu cours sur l’avant et plus tu cours lent plus tu cours sur l’arrière! ET C’EST ÇA courir naturellement!

Alors voici quelques clichés auquel je tiens à répondre.

le fameux cas de l’enfant qui court naturellement sur l’avant du pied!
Évidemment que les enfants courent tous sur l’avant du pied, mais c’est uniquement parce qu’ils ne joggent pas! Tu as deja vu un enfant courir 6 min le kilo? Ils n’ont qu’une vitesse.

le fameux barefooting. Un coureur (Abebe Bikila) a gagné le marathon aux Jo de romes sans chaussures en 1960.
Et il a gagné 4 ans plus tard avec des chaussures en courant plus vite. Il y a un niveau d’équilibre ou l’absence de semelle te rend plus lent à cause d’un manque de retour d’énergie. C’est comme faire rebondir une balle en bois ou en caoutchouc avec la même masse.

On voit des coureurs en newton qui ne posent jamais le talon.
Désolé pour vous mais vous avez beaucoup plus de chance de vous blesser que d’être en mesure de maitriser cette technique. Certains sont capables et certains ne le sont pas. Le problème de Newton c’est qu’on vous vend la chaussure comme une aide à courir sur l’avant du pied. Malheureusement pour vous, ce n’est pas le cas. Une racing flat donne autant de chance d’avoir une bonne technique. Et mon très grand problème avec Newton, c’est qu’ils ne font jamais référence à l’adaptation de votre technique en fonction de votre vitesse!

Et non, il n’y a stricement rien de naturel si vous devez apprendre cette technique. À vous de vous posez des questions sur l’honnêteté de la marque à appeler leur technique naturelle. Ce qui est naturelle, c’est de changer de fouleur en fonction de la chaussure que l’on chausse sans y penser. Ce qui n’est pas naturel, c’est d’acheter des chaussures et se forcer à ne plus poser le talon et faire de soit un kangourou.

Evidemment, Newton a commencé a former des coachs pour agrandir son cercle. Voici le programme.

TOPICS INCLUDE:

  • Injury Prevention
  • How to run stronger
  • How to stay injury free
  • Fundamentals of Biomechanics
  • The Science Behind Newton Running Shoes
  • And most importantly how to run faster

S’ils ont la solution pour ne pas se blesser, pourquoi l’élite en CÀP les ignorent?


14 commentaires
  1. Bien dit…d’ailleurs j’ai eu des échos négatifs sur les Newton et les tendons d’achille par exemple.

    Je dirais que la course à pied en endurance n’est pas un sport technique et que c’est beaucoup l’habitude qui fait l’économie de la course. Il y a bcp de coureurs très rapides qui courent avec une technique qui pourraient être améliorées mais cela ne les empêche de courir très vite; ce serait bcp moins possible en natation par exemple.

    D’ailleurs, vous remarquerez que dans 99% des ouvrages de course à pied (même les meilleurs…Lore of Running par exemple), rien n’est dit sur la technique de la foulée.
    Cela dit, ca ne veut pas dire qu’il ne soit pas intéressant de tenter d’avoir une meilleure foulée et d’éviter certains défauts basiques.

    1. Solaberg, si tu as suivi l’episode des collectionneurs de chaussures, on est tous passés par Newton parce qu’on y a cru.

      Certains reussiront à courir vite en newton… et certains comme moi, auront sans cesse des mollets qui tirent ou autres mal.

      Aussi, j’ai refais l’essai récemment, et je trouve la chaussure idiote. C’est impression de viser les gommes et une tenue de route approximative. Et la conclusion, mais pourquoi?

      Après on peut se demander pourquoi peu de personnes s’opposent a tout cela. Et que l’on peut dire enseigner a du monde la « technique naturelle » sans que personne ne réagissent.

      Je ne suis pas un anti-newton, le produit a du aider du monde, mais ce n’est pas un produit miracle point final.

      Et le débat sur les chaussures minimalistes est aussi absurde. Ceux qui courent le plus rapidement… avec la meilleure technique sur 5km en piste on des chaussures a l’inverse des 5 fingers.

      Moi, j’ai appris que quand j’ai mal au jambes, ca ne vient pas de mes chaussures mais de ma condition physique, manque de volume!

      C’est d’ailleurs pour cela que l’elite court 150km par semaine!

  2. Tu devrais assister ou rencontrer Blaise afin de débattre de ces points.
    Ton premier constat (volume entrainement) est bien entendu la cause de 80% des blessures => outil de quantification du stress mécanique !!!
    Maintenant la question Minimaliste ou pas minimaliste est, pour moi, mal posée. On devrait la formuler « Pourquoi acheter bien cher des chaussures à coussinage alors que rien ne prouve que rien ne prouve que toutes ces technologies sont bonnes pour éviter les blessures? ». Donc si tu as l’occasion, le temps et la volonté de passer en minimaliste alors vas-y fonce. Si tu débutes en course à pied vas-y fonce.
    Ce qui me fait « bondir » dans ton discours, c’est plus tu vas vite, plus tu utilises des chaussures minimalistes. Cela me semble un paradoxe car au plus tu vas vite au plus tu rajoutes du stress mécanique sur tes articulations. La logique voudrait que tu utilises dans ce cas ces chaussures coussinets et lors de tes longues sorties des chaussures minimalistes (moins de stress mécanique).
    Concernant, la façon de courir (et pour avoir lu plusieurs études sur le sujet), il y a peu d’évidence scientifique mise à part qu’en augmentant la cadence de pas tu réduis ta foulée et donc limite l’incidence du choc. Donc augmenter le nombre de pas te permet d’avoir une plus naturelle. Et cela se travaille à faible allure car à ces niveaux là tu peux corriger certaines choses. A vive allure c’est impossible.

    1. En fait mon point est que plus tu cours vite, plus ta façon de courir change.
      Plus tu cours vite, plus tu seras sur l’avant du pied et alors la chaussure minimaliste se justifie parce que tu n’as plus besoin de talon coussinets… et l’amortie devient mécanique.

      la logique veut que tu développes une meilleure technique encore plus et plus vite. Donc non, les chaussures vraiment minimalistes ne sont pas conseillé pour les débutants. Par contre une Brooks green silence est parfaite selon moi.

      Pour la foulé et la réduction, je suis pas vraiment d’accord. Parce que la cadence cela vient uniquement avec le volume, plus tu cours plus tu progresses plus tu augmentes ta cadence. Et a voir les kenyans avec leurs angles…

      1. L’amortie devient mécanique ou plus précisément tu mets en route les mécanismes d’amortissement naturelles. Donc au plus tu mets du stress au plus tu dois faire appel à tes réflexes naturelles.
        Et justement le fait d’avoir des chaussures plate, basse, souple et légère te permet de récupérer facilement ces mécanismes d’amortissements naturels. Donc pourquoi vouloir courir avec des chaussures avec amorti? Bien sûr le respect d’un protocole d’adaptation est absolument nécessaire.
        Quand tu parles de l’analogie de la balle en bois et de la balle en caoutchouc, de nouveau je pense que l’analogie est facile mais peu extrapolable au niveau humain. Ce que tu oublies c’est que l’homme est doté d’un cerveau et la balle pas. En effet, le corps réagit grâce aux capteurs nerviens. Si tu mets un coussinage, tu remplaces une partie de la mécanique naturelle par de l’artificielle. Cela donnera un délai de réponse au cerveau à répondre au signal nervien. Si tu le fais coureur pied nu, cela permet au pied d’envoyer directement les signaux au cerveau. Si tu lui mets du coussinage, tu augmentes le temps d’incidence.
        Est-ce que tu trouves que les sauteurs en hauteur ont des chaussures à coussinet?
        Même en basket, ils font marche arrière au niveau de la semelle des chaussures car ils se sont rendus compte que trop d’amorti baisse l’amplitude du saut.

  3. Moulineur,

    Pour ce qui est du choix de chaussure selon la vitesse, l’amortissement n’est pas le critère à considérer. Ce qui est a considérer, c’est le dessin de la semelle. Pour courir vite, il faut que la semelle interfère le moins possible le travail naturel du pied.

    J’en profite pour citer Patrice Hamelin à ce sujet:

    Que penses-tu de tous ces débats sur les chaussures minimalistes?

    La technique est un élément fondamental à travailler en course à pied, donc oui je travail sur cet aspect. Je suis en faveur des chaussures minimalistes. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que tous les coureurs expérimentés doivent courir sur ces chaussures pour espérer aller vite. Pour les coureurs occasionnels, il est possible de s’adapter de façon progressive et pour les débutants, je pense qu’il faut rester prudent, quitte à tester la chaussure minimaliste sur très peu de distance pour voir son effet sur le corps.

    Patrice est membre de l’Équipe A du Québec en Triathlon. Il court son 10 kilo en 32 minutes. Il est également conseillé en vente de chaussure dans une boutique spécialisé de course à pied.

    1. Quand il parle de débutant : « est-ce qqun qui se met à la course à pied? » ou « qqun qui court depuis très longtemps mais peu en volume? ».
      Parce que pour ce qui est des premiers, je voudrais bien comprendre pourquoi il ne faudrait pas les aiguiller vers des chaussures minimalistes?

      1. Bonne question!! C’est une question de volume! Adaptation bio-mécanique-musculaire vs volume demandé.

  4. Pour bien tirer partie des flats, il faut être prêt à remettre en cause sa foulée et vouloir la changer pour la plupart des coureurs. Il ne suffit pas d’enfiler des flats pour avoir la technique qui va avec.

    Cela dit, il n’y a aucune raison de les réserver à une élite de coureurs confirmés. Si j’osais une comparaison hasardeuse, je dirais que comme en ski de fond, on peut parfaitement commencer par le skating sans apprendre le ski parallèle (bien qu’au début du skating, en effet, tout le monde pensait qu’il fallait déjà maîtriser le parallèle).

    Le débat est ouvert comme on dit 🙂

    1. En fait… théoriquement un débutant commencera par jogger avant de courir vraiment. Et je continue a dire que quelqu’un qui jog ne court pas sur l’avant du pied. S’il le fait, c’est exagéré… et c’est justement comme ca qui tu finis avec des mollets qui tirent etc…

      C’est comme jouer au golf… c est la pratique qui defini ton mouvement…

  5. Je parlais pas d’avant du pied (ce qui est quand même très rare en pratique en endurance) mais plus de milieu du pied;

    Anton Krupicka, par exemple, même quand il court à 11 ou 12 km/h court bien sur le milieu du pied. C’est pas une question de vitesse mais de gestuelle.

    J’ai pas encore complètement détaillé la foulée de Kilian Jornet mais j’ai l’impression que c’est aussi le cas. On peut « jogger » sur le milieu du pied (comme d’autres le font sur le talon d’ailleurs).

  6. Je vous trouve super intéressant mais pour moi qui est fait du triathlon depuis environ 3 ans, donc par le fait même 3 année en course à pied, c’est plus mêlant votre discours. Qui croire dans tous cela… quel type d’espadrille je devrais acheter pour faire de l’olympique et est-ce la même pour le demi-ironman. Je réside au saguenay et on n’a pas de boutique spécialisé en espadrille de course dans ma région. En connaissez-vous qui seront bien me conseiller et est-ce toute les personnes qui y travaille pourront répondre à mes besoins. J’ai vu un article sur la méthode POSE d’un docteur soviétique, est-ce un charlatan ou bien c’est une option intéressante si je m’adapte bien à sa méthode.

    Merci et continuer d’écrire ça nous force à nous revoir nos paradigmes.