Sarah-Anne Brault se fait trimer > Championne PATCO 2012

Alors que tout semble établi dans l’univers triathlétique élite canadien, Sarah-Anne Brault fait des apparences surprises et gagne tout. Elle navigue entre les différents univers avec ses études aux États-Unis à l’université West-Virgina pour laquelle elle court en NCAA en cross country et en piste. 

Et pourtant, sans fanfares, elle accumule les titres, championne canadienne surprise – délogeant la redoutable Paula Findlay (qui se remettait de blessure) et championne PATCO avec sa victoire à La Paz, Argentine, le week-end dernier. Sarah-Anne fait tranquillement son chemin, marche par marche. Trimes.org a voulu en savoir ce que cette étoile montante nous réserve pour les prochains mois.

La question est cliché, mais croyais-tu vraiment en tes chances avant la course?
Honnêtement, je ne prévoyais pas gagner. J’avais de la difficulté à déterminer où se situaient les autres filles dans leur préparation. On parle d’une course en janvier, ce qui n’est pas dans un horaire normal. Mais de la à gagner, je suis la première surprise. Gary et Stevie disent qu’ils l’avaient prévu, mais j’ai mes doutes.

Sarah - Pan American Champion 2012

Peux tu nous parler brièvement de ta course? Tu avais stratégie si tu te retrouvais en tête à la sortie de T2?
J’essaye de garder ça assez simple habituellement et surtout pour PATCO je n’avais aucune idée de comment ça allais se dérouler. A chaque course mon but est de sortir de l’eau dans le groupe de tête. Ce pas toujours une garantie pour l’instant. Une fois rendue à la course à pied, je pars avec un rythme que je peux garder pendant 10 Km et je porte attention aux autres filles pour voir si elles courent confortablement ou si elles souffrir. Rien de plus compliqué que ça. On ne peut pas vraiment jouer de jeux lors de la course à pied. Tu l’as ou tu ne l’as pas!

Les conditions étaient très chaudes. Tu as suivi une préparation spéciale pour supporter la chaleur?
Oui, en fait je peux attribuer ma victoire au fait que j’étais probablement mieux préparé possible pour la course (considérant qu’on vient du Canada – en plein hiver). J’ai passé dix jours aux Barbade avec Jason et Matt V et ça a beaucoup aidé pour l’adaptation à la chaleur. Il ne faisait pas exactement aussi chaud qu’en Argentine mais au moins j’étais adaptée et assez bronzée pour ne pas souffrir de coup de soleil! J’ai travaillé sur mon plan de voyage et de course avec Gary (de Winnipeg) alors c’est lui le mastermind de mes succès.

On a d’ailleurs réalisé que tu n’avais pas perdu un triathlon depuis plus d’un an, ce qui est très étonnant puisque tu n’es pas triathlète a temps plein. Tu cours en NCAA en cross et en piste pour l’université de West Virginia. Peux tu nous dire comment tu t’entraînes pour conserver ton niveau en natation et en vélo?
Effectivement, j’ai eu un été de rêve en 2011 et j’ai eu une bonne course dimanche. Mais je n’oublie pas que je n’ai pas encore courut au niveau World Cup ou WCS et je réalise que c’est une autre paire de manches. J’ai encore beaucoup de chemin à faire. C’est vrai que je suis a l’université à temps plein depuis quatre ans mais je n’ai jamais abandonnée l’idée de devenir triathlète à temps plein après mes études.

Sarah-Anne en NCAA cross country

C’était mon plan en entrant à l’université et c’est toujours au radar. Par contre je ne m’attendais pas à avoir autant de succès en triathlon pendant mes études! Par contre, ce n’est pas nécessairement un hasard; Je nage au moins 5 fois par semaine à l’année et certains de mes entraînements se font avec l’équipe de WVU. Ce n’est pas spécifique au triathlon nécessairement mais c’est assez pour garder le niveau nécessaire pour les Pan-Ams. Je me suis améliorée depuis l’école secondaire. Pour le vélo, on a déterminé l’été passé qu’il m’a fallut un mois pour me préparer pour San Francisco. Sinon, il attend dans mon sous-sol! Mais avec toute les entraînements à l’université, la forme se transfert assez rapidement!

Quelqu’un ton conseillait pour gérer tes entraînements et revenir rapidement en triathlon?
Je ne pourrais jamais faire cela toute seule. Gary Pallett (MNTC) du Manitoba me suit et me conseille depuis que je fais du triathlon au niveau junior. Il me connaît vraiment bien et c’est lui qui s’occupe des détails qui me permettent de me concentrer sur mes courses et sur mon entraînement. Sans lui, je n’aurais même pas participé aux championnats PATCO à La Paz. C’est un travail d’équipe.

Je travaille aussi avec un physiologiste qui me suit depuis l’école secondaire. Je parle également avec une psychologue pendant l’été. Elle est incroyable pour m’aider à gérer mes émotions. Le support du CSCM est irremplaçable, même si je ne reste plus au Manitoba pendant l’année.

On entend beaucoup parler de la dureté du mental (mental toughness), est-ce quelque chose que tu travailles? Tu as des conseils?
Je trouve la dureté du mental un peu sur-évaluée, du moins pour ce qui est des compétitions. Il faut savoir pousser fort, surtout dans les ITU où l’on voit souvent des accélérations maximales, suivit de temps un peu plus tranquilles. Ce qui compte c’est un entraînement intelligent et constant. Surtout à la course, c’est relativement rare qu’on fait des entraînements ou il faut complètement aller au bout de soi-même. Ce qu’il faut c’est sortir dehors, jour après jour, que l’on soit fatigué ou pas, qu’il fasse froid ou chaud, et apprendre à aimer le processus de entraînement quotidien. Après ça les courses sont simplement un entraînement plus difficile, ou une récompense.

Ton point fort c’est de ne pas avoir de faiblesse. Mais présentement, tu fais la différence en course à pied. Tu as l’impression que tu aurais pu aussi bien développer ton talent de coureuse avec l’entraînement spécifique au triathlon? C’est courir en NCAA qui t’as permis d’atteindre ce niveau? Est-ce pour cela que tu voulais aller en NCAA? C’est arrivé par accident?
Je crois au pouvoir des plans à long terme et c’est exactement le cas ici. En 2008, j’avais l’option de rester a l’école au Canada et faire du triathlon (peut-être à Victoria, à Guelph ou rester à Winnipeg) ou accepter une bourse universitaire américaine pour courir. Ce fut la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre jusqu’à date, mais j’ai décidé que le NCAA serais une expérience irremplaçable qui ne pouvait attendre. Si je jouais bien mes cartes, ça pourrais même me donner un avantage en triathlon à long terme. J’ai été patiente. J’ai laissé de coté le sport que j’adore pendant 9 mois de l’année mais je savais que c’était un pari qui pourrais me permettre d’atteindre le prochain niveau que je ne me voyais pas atteindre en restant à Winnipeg.

Tu as décidé de ne pas faire la saison NCAA en piste ce printemps. Est-ce que cela signifie que tu as mis tes études de coté pour pouvoir te concentrer au triathlon?
Il ne reste un an de redshirt de outdoor track avec WVU, alors j’ai décider de reporter ma dernière saison à l’été 2013 au lieu de 2012, ce qui me permet de faire des triathlons cet hiver et ce printemps. Avec tous les déplacements, j’ai aussi décidé de mettre mes études en pause (pour la première fois en quatre ans) et de me concentrer sur le triathlon pour les prochains mois.

Sarah-Anne après sa victoire à ITU Pan Am San Francisco

La question que tout le monde se pose en ce moment : les Jeux de Londres sont-ils dans ta mire?
J’aimerais vraiment être prête pour Rio en 2016, mais si les choses tombent en place et Londres est possible, je ne dirais pas non. Ça dépend de plusieurs facteurs hors de mon contrôle, alors je me concentre sur entraînement et sur ma préparation pour mes prochaines courses.

Je me rappel qu’on avait parlé de Lukas Verzbikas lors de notre dernière entrevue puisqu’il avait annoncé son départ de l’Université de l’Oregon pour se concentrer sur sa qualification pour les JOs de Londres. Est-ce que cet événement a été déclencheur pour toi?
Non, les plans étaient déjà finalisés avant que toute l’histoire de Lukas sorte. J’ai trouvé ça fascinant parce que je suis une des seules qui a eu l’expérience en triathlon et en course NCAA comme lui, mais sans avoir autant de succès (et de pression) que lui.

D’ailleurs, vous avez eu deux courses très différentes à La Paz. D’après nos informations, il souffre d’une fracture de stress. Avec cette course aussi tôt dans la saison et une saison de cross qui a récemment finie, tu n’avais pas peur de ne pas être prêt ou de trop en faire?
J’avais plus peur de ne pas être prête que de trop en faire! J’ai eu une saison de cross typique et Gary s’est occupé de tout pour ne pas que je sois déconcentrée par les plans de triathlon avant les championnats nationaux NCAA. C’est important de pouvoir se concentrer sur un but à la fois. Particulièrement à ce niveau, sinon c’est juste trop de détails et de stress. J’ai pris une semaine de pause après la saison de cross-country que je trouve aussi important physiquement que mentalement. C’est toujours un équilibre délicat entre trop en faire et pas assez en faire. J’ai eu assez de temps pour me préparer avant La Paz pour éviter de devoir sauter des étapes. Il ne faut pas oublier que les autres athlètes sont dans la même situation. Beaucoup de filles on finit leur saison de triathlon en octobre ou en novembre!

Tu peux nous parler de ta situation dans le classement ITU? Penses-tu être en mesure de pouvoir participer à des coupes du monde WCS prochainement ou tu devras accumuler des points en coupe continentale?
Gary s’occupe de la planification, ce qui garde les choses simples pour moi! J’aimerais beaucoup avoir une expérience WCS cette année mais j’ai encore quelques courses prévue en Amérique pour monter dans les placements ITU. La victoire à La Paz a beaucoup aidé mais je pars de loin! Ce n’est vraiment pas facile de passer du niveau national à international.

Tes prochaines courses?
Je course dimanche à une Pan-Am Cup au Chili. Ensuite je retourne au Barbades pour une autre Pan-Am (sprint cette fois) en février. Je termine mon petit circuit avec Clermont en Floride (sprint). Après ca, il n’y a rien de déterminé encore.

Tu as été récemment admise dans l’équipe Canadienne de développement. Tu vas t’entraîner avec une équipe canadienne?
Pas necessairement, le National Development Team signifie plutôt que je reçois du support pour les compétitions et pour la logistique. Mais je suis libre de faire ce que je veux entre les courses. Je m’entraîne toujours sous la supervision de Gary, qui est entraineur au centre Manitobain de triathlon.

J’ai appris récemment que tu étais aussi québécoise, on croyait que tu étais du Manitoba, c’est quoi ces histoires?
Haha, oui, c’est le temps de clarifier ça! J’ai grandit à Lévis mais notre famille est déménagée au Manitoba quand j’avais 8 ans. C’est là que j’ai appris l’anglais, à nager et à parler avec un accent franco-manitobain. Mes parents sont retourné vivre à Québec l’année dernière alors je n’ai plus de base au Manitoba. Mais j’ai quand même des racines, des amis et un coach qui s’y trouvent. C’est pas si simple, mais je me considère un peu Manitobaine et un peu Quebécoise! Best of both worlds!

D’ailleurs, on devrait voir ton frère sur la scène québécoise cet été non?
Effectivement! Charles s’entraine avec le Rouge et Or de l’Université Laval, où j’ai passé quelques jours pendant les vacances. Il devrait être prêt pour sa dernière année junior cet été!

Peux-tu nous parler de tes commandites?
Pas vraiment. C’est un peu compliqué avec le NCAA. Pour l’instant j’ai du support incroyable de Maman et de Papa et du CSCM au Manitoba.

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