La révolution tranquille en ITU est en marche. Allo! Fédération!

Le triathlon est un sport qui évolue constamment. Son introduction aux Jeux Olympiques a complètement changé son visage puisque une partie de sa pratique est devenue très fédérée. Cela a permis de garder le sport accessible contrairement à la longue distance.

Cela signifie aussi que les fédérations dictent les règles dans la détection et le développement des élite en ITU puisque les résultats de ses athlètes déterminent leur budget.

Par chance, certaines de ces fédérations nationales ont pu reposer sur un unique talent qui leur a permis de cacher une certaine lacune ou faiblesse dans leur relève, et d’autres ont un important bassin de talents et ramassent tous les honneurs aux mondiaux en U23.

Contrairement aux croyances médiatiques, nous ne croyons pas dans une fatalité génétique, mais dans une culture qui entraîne l’excellence et un entourage avec un savoir qui permet la réussite. Par cela, une fédération est responsable du succès des athlètes. Elle peut autant l’aider que lui nuire par un soutient défaillant.

Il y a présentement une hantise des fédérations, celle de passer a coté de l’exception génétique. D’ailleurs, Triathlon Canada a créé un programme pour cela – Tri This. Le fonctionnement est simple, ils font passer des tests aux 13 ans et moins – 200 m natation / 1 500 m course
et aux 14 ans et plus – 400 m natation / 3 000 m course.

Malheureusement, Triathlon Canada n’a pas assisté à la même révolution que moi à Londres.

Je m’explique. Il y a encore 2-3 saisons. Les australiennes dominaient et plusieurs voyaient un podium olympique constitué entièrement d’ « Emmas » (Snowsill, Moffat, Jackson). Il en avait toujours une pour remplacer l’autre.

Durant cette période on voyait Emma Snowsill courir le 10 Km une minute plus rapidement que ses compétitrices. Mais le sport a tellement évolué qu’elle s’est retrouvée sur la touche. Snowsill (blessée à répétition) n’a pas  été sélectionnée pour les Jeux de Londres.

Rendu à Londres, le sport s’est révolutionné avec des athlètes complets. Le podium de londres étaient constitué de A. Brownlee, Gomez, J. Brownlee, N. Spirig, L. Norden et de E. Densham. Sans exception, ce sont des athlètes sans faiblesses et sont considérés comme les plus fort en vélo (ndl : remarquez la discontinuité entre ces résultats et les tests de TriCan?).

Malgré le fait que les fédérations continuent à négliger le vélo, on voit de plus en plus ces athlètes dominant qui imposent leur rythme en vélo et n’en payerons pas le prix en course à pied à cause de leur panache. Au contraire, des Brownlees, des Spirig qui sont toujours à la tête de leur groupe. Ils ont compris qu’ils pouvaient éliminer tous ceux qui étaient faibles en vélo quelque soit le profil du parcours.

Il faut se faire à cette idée, la course d’attente en ITU n’existe plus et la moindre faiblesse se payera très chère. Les dynamiques de courses ont d’ailleurs changé récemment. À Stockholm, on a vu un vélo à élimination ou certaines n’étaient plus capable de suivre le rythme du peloton.

Les courses où les hommes arrivent ensemble en T2 pourraient bien ne plus exister (au niveau international).

Lorsque les fédérations se basent uniquement sur des aptitudes en natation et en course à pied, elles donnent un mauvais message à son équipe de développement. Elles considèrent l’épreuve de vélo comme une discipline facultative sans importance. Pourtant en WTS, on remarque que certains athlètes qui avaient du succès grâce à leur talent en course à pied sont devenus pratiquement invisibles cette année.

Penser que le vélo est une aptitude qui est facilement acquise est une grave erreur. L’athlète doit développer une culture face au vélo. Une intention aux détails, comprendre l’importance de la technique, du matériel, apprendre à profiter du peloton et non pas juste suivre et subir.

Est-ce qu’un athlète comme Lukas Verzbikas, soit le fantasme pour toute fédération, pourrait ne jamais être un facteur en WTS à cause d’un niveau de vélo trop faible? C’est fort possible. Peut-être que vous pensez que Lukas Verzbikas sera en mesure de suivre Alistair dans une côte? Pas moi.

Selon certains spécialistes, le vélo peut nuire à la course à pied et vice versa. C’est d’ailleurs pourquoi certains remettent à plus tard cette aptitude à acquérir. Pourtant, les Brownlees, Gomez, Spirig viennent bien de nous prouver qu’il n’y avait pas de sacrifice à faire dans une discipline pour trouver la formule gagnante. Et puisque cela marche, il n’y a aucune raison qu’ils arrêtent.

Cela signifie qu’il serait peut-être temps d’arrêter de privilégier le recrutement d’un ancien nageur ou coureur face à un triathlète junior qui semble complet et de s’assurer que nos jeunes se développent aussi en vélo.

Et toi, t’en penses quoi?

5 commentaires
  1. Tout à fait d’accord! C’est un peu démotivant de voir que si tu n’es qu’un coureur ou nageur, la fédération te supporte avec le programme Try this, tandis que t’essaie de t’améliorer dans les trois sports.

  2. Et en développant cette culture du vélo, peut-être qu’on évitera d’avantage les chutes à répétition qui semble être la malédiction de nos olympiens.

    Voilà. Je l’ai dit et je m’assume.

    Chuter dans un peloton de 90 cyclistes qui sprintent pour la ligne d’arrivée à 65 Km/h, sur du pavé… c’est une chose. Chuter seul, en ligne droite, en sortant de T1, sur les aerobars, c’est autre chose. (remarquez que je n’ai pas nommé personne.)

    1. Je suis pas vraiment en accord sur celui la. Je pense plutôt qu’il faut pointer vers le coté féminin.

      Désolé mais c’est un fait. D’ailleurs, il y a une de nos représentantes qui chutes beaucoup… coïncidence?