Triathlon Canada – Tri This. Vraiment?

Contrairement aux croyances, Trimes n’aime pas dire du mal des fédérations. Souvent nos opinions sont naïves face à leurs problématiques.

Suite aux J.O. de Londres, Triathlon Canada est en pleine restructuration. La fédération qui chapeaute le triathlon a enfin un nouveau directeur de haute performance. Notre objectif n’est pas de signaler un désaveux face à Triathlon Canada, mais une déception face à la campagne publicitaire ci-dessous et envers la direction dans laquelle elle se dirige avec leur programme de relève « Tri This« .

Untitled from Alan Trivett on Vimeo.

Tri-This. Deviens triathlète! Tu pourras gagner du pognon (sic)!
Tri-This. Deviens triathlète! Tu pourras gagner du pognon (sic)!

Plusieurs problèmes avec ce visuel :

L’appât du gain
Chez Trimes.org on déteste cette notion d’attirer les jeunes au triathlon par l’aspect monétaire. Dans le passé, l’appât du gain pousse les jeunes à se doper et à faire du sport pour les mauvaises raisons.

C’est aussi ridicule que de dire à des jeunes de faire leurs études en médecine parce que c’est payant. Votre occupation doit être une passion avant tout. Ce métier doit être une vocation et découler d’un certain altruisme. On se retrouve face à une fédération qui ne sait pas comment vendre son sport.

Fausse représentation
Il y aussi un aspect très mensonger dans cette publicité. La bourse de 200 000$ a été offerte il y a plusieurs années (pas depuis 2010?) à Hy-Vee. Cette course n’est plus sur le calendrier de l’ITU. Elle fait maintenant partie du circuit 5150. Il s’agit d’une course où aucun athlète membre de Triathlon Canada n’était présent en 2012 (voir la liste des partant en 2012 : hommes | femmes). Autre petit hic, les courses WTS offrent à peine le quart de cette somme au gagnant. Ce fait n’est donc plus vrai.

Ce type de message développe aussi des athlètes qui pensent que tout leur est dû avec un entourage et des moyens sans limites.

Le sophisme du sport amateur payant
Présenter le triathlon comme un sport amateur payant c’est simplement risible. Au Canada, on ne peut pas dire que beaucoup vivent de ce sport. Disons plutôt que ceux qui sont à la pointe de l’iceberg reçoivent du soutien financier (À nous le podium, CANfund) peuvent vivre confortablement pendant leur carrière d’athlète. Mais ces derniers devrons trouver d’autres solutions pour accéder à cette pointe, ainsi qu’après leurs moments de gloire.

Alors pourquoi Triathlon Canada lance ce programme?
Tout simplement parce qu’elle a l’impression de ne pas avoir cette fameuse relève « post-Simon ». Elle veut faire ce qui se fait dans d’autres pays. Il y a ce fantasme de trouver le fameux coureur qui sait déjà nager, ou de trouver un nageur très fort qui pourrait peut-être courir convenablement. Ces athlètes sont très rares. Ils existent aux États-Unis simplement parce que les jeunes sont poussés à être plus compétitifs. L’excellence sportive leur ouvre la porte d’entrée aux bourses d’études vers les grandes universités américaines (voir Sarah-Anne Brault). Le bassin canadiens n’est vraiment pas aussi vaste parce qu’on n’a pas su développer cette culture du sport d’excellence.  Aussi, les meilleurs coureurs en cross au niveau collégial sont très souvent des triathlètes tout simplement parce que ce sont les jeunes qui s’entraînent le plus. Alors, est-ce qu’on cherche des jeunes qu’on a déjà? Il y a juste à regarder les résultats de Ellen Pennock ou d’Amélie Kretz en cross.

Le talent à vélo passe toujours sous le radar
On trouve aussi dommage que l’on continue d’ignorer cette discipline. La nouvelle dynamique de course en WTS prouve de plus en plus qu’il est impossible d’être régulier sur le circuit sans être complet. Et selon nous, le vélo n’est pas un sport qui s’acquiert automatiquement avec de la volonté. Je ne crois pas que les athlètes des deux autres disciplines se moquent aussi ouvertement que les cyclistes envers les triathlètes.

La démarche maladroite de Triathlon Canada démontre selon nous un certain désaveux face au travail des fédérations provinciales puisque le sport ne semble ne pas attirer assez les jeunes.

Peut-être que le rôle de Triathlon Canada serait justement de s’assurer que le sport deviennent plus visible. Comme par hasard, il y a une relation entre la popularité d’un sport et le succès d’une nation sur la plan internationale et Olympique. Il suffit de regarder la présence du triathlon dans les médias canadiens. Il n’existe qu’un magazine papier (Triathlon Magazine Canada) et qu’une seule publication Web (c’est nous ça). Parfois, même les athlètes participants aux coupes WTS ignorent l’existence de la diffusion Web de leurs courses!

Parce que nous croyons qu’il est trop facile de juste critiquer, nous publierons nos recommandations.

3 commentaires
  1. « Le bassin canadiens n’est vraiment pas aussi vaste parce qu’on n’a pas su développer cette culture du sport d’excellence. »

    Merci pour l’article, bien que j’aurais espéré vivre une admiration plutôt qu’un dégoût.

    Que veux-tu dire exactement par développer une culture du sport d’excellence?

    1. la culture de l’excellence… c’est un très vaste sujet.

      Je dirai qu’au canada, on a du mal a valoriser nos vrais athletes dans le sport amateur. Souvent, ceux qui recherchent cette excellence sont même mal vu par la société a moins que tu gagnes une médaille parce que sinon tu es un loser.

      Y a juste a regarder les medias regionnaux qui ne font pas trop de difference entre quelqu’un qui a complété un ironman et un qui veut passer pro… presque la meme couverture.