Special Auckland > Les absents ont toujours tort – Kathy Tremblay

Notre sport est jeune et sa visibilité est malheureusement réduite. La fédération se bat pour le rendre plus attirant en créant des courses événements. On parle avant tout du circuit dit WTS, aka la super série mondiale.

Il reste que les projecteurs sont avant tout portés sur les jeux olympiques à un point ou les autres courses prennent de l’importance uniquement si elles sont gagnées. C’est pourtant la grande finale ce week-end à Auckland. Même si son statut est un peu complexe entre championnat du monde et grande finale, c’est sans aucun doute la course la plus importante de l’année après les Jeux Olympiques.

Si certains font l’impasse, il devient encore plus difficile de l’instaurer comme une classique pour notre sport. D’ailleurs, le forfait de certains à un impact négatif sur le circuit.

Récemment, lors d’un comité, un des intervenants disaient que les athlètes étaient imputables. On ne parle pas de gagner à tout prix des courses, mais de donner son maximum. Même si la carrière d’athlète canadien en ITU ne promet aucune prospérité pour la fin de leurs jours. Il faut être conscient que les athlètes ne manquent de rien, camps d’entrainement, voyages payés pour les courses, staff techniques etc… et tout cela est payé avec nos taxes.

Cette réalité est vrai pour les athlètes qui sont sur l’équipe canadienne (et développement). Les autres athlètes qui n’ont pas ce statut doivent payer à leur frais, quelques exceptions existent. Autant dire que l’équipe canadienne est vraiment avantagée.

Malheureusement, si on regarde Auckland, il n’y aura que trois athlètes canadiens au départ des courses élite. Deux chez les hommes, et une chez les femmes. Évidemment, la saison a été très longue et certains de nos athlètes sont blessées comme Sweetland et Findlay.

Ce n’est pourtant pas le cas de Kathy Tremblay et elle a décidé d’arréter sa saison après Cancun.

Je tiens tout de suite à dire que le but n’est pas d’attaquer personnellement Kathy et elle n’est coupable de rien puisque le système lui permet de faire de la sorte, mais il est pour nous difficile d’accepter sa non participation à Auckland. On espère aussi que son entourage comprendra, surtout qu’elle a plusieurs reprises attaquées personnellement certains individus. On pense simplement que tout cela mérite réflexion.

On s’explique…

On entend souvent parler d’athlètes qui sont trop gâtés… Ils sont très heureux de passer plusieurs mois dans des camps, dans des places paradisiaques mais cela devient très différent quand c’est pour les envoyer courir. Les canadiens ont la réputation de compétitionner peu sur le circuit, même si la situation géographique rend la tache plus ardue, c’est le prix a payer pour l’excellence.

Les meilleurs athlètes comme Vidal ou Gomez semblent être actifs à tous les week-ends, partagés entre WTS, WC et championnat français.

Il n’y a pas de magie, pour être le meilleur le jour J, il faut compétionner afin d’acquérir une intelligence de course. Lorsqu’un athlète ne fait pas le pack en natation ou tombe régulièrement en vélo, il est difficile d’accepter le fait qu’il n’a pas besoin d’être plus régulièrement sur le circuit.

Si on regarde les meilleurs athlètes, que ce soit les Brownlee ou Crowie dans la longue distance, on sent cette rage. Cette envie de compétitionner et de gagner.

Lorsque Kathy déclare forfait pour Auckland et préfère aller à Cancun dans une course sans calibre en se disant pas en forme, on se questionne sur son instinct de compétition et sur son professionnalisme. Après sa chute à Londres, on aurait voulu sentir un sentiment de vengeance et Auckland semblait parfait pour cela puisque c’est la course la plus importante après Londres. C’est un trait de caractères que l’ont retrouve chez les champions. Le besoin de rebondir le plus rapidement.

Il y a une certaine ironie à relire cette déclaration faite aux JOs de Londres.

«J’ai eu une super année avec un podium en Coupe du monde et ce résultat ne change rien. Je n’ai aucun regret, il n’y a rien d’humiliant là-dedans, a-t-elle soupiré. Je suis toujours l’une des meilleures au monde »

Il est important de rappeler la subtilité entre WTS et WC. Les coupes du monde sont des courses où on a vu une baisse de calibre très importante puisqu’elles n’étaient pas un critère de sélection pour les fédérations. Elles sont donc considérées comme des courses de développement. Alors, il faut prendre un recul face à ces résultats.

Certains diront que nos athlètes veulent les avantages sans faire les sacrifices. Évidemment que ce n’est pas le cas et on a notre part de responsabilité la dedans puisque nous devenons très complaisants lorsqu’il n’y a pas vraiment de concurrence. Le triathlon canadien n’a pas à l’œil ses athlètes comme les hockeyeurs le sont. Dans le système actuelle, cet article ne devrait pas sortir. En fait, il n’y avait que Randy Starkman qui pouvait brasser la cage.

La réalité est que nos athlètes sont redevables du support qu’ils reçoivent. Leurs carrières sont courtes. Ils sont des privilégiés et même si cela peut paraître ingrats, ils sont redevables de ce qu’ils reçoivent. On a des doutes quand un athlète déclare forfait pour la grande finale, parce que non, tout ne doit pas tourner autour des Jeux Olympiques.

1 commentaire
  1. Chapeau pour cet article! Nous sommes admiratif dès qu’un athlète est sélectionné sur une quelconque équipe mais la sélection n’est qu’une étape vers L’Objectif – Donner son maximum aux courses auxquelles on a l’honneur d’être sélectionné est l’ultime objectif… ca semble tomber entre les craques du plancher trop souvent!