Ces coureurs qui brûlent de l’intérieur (Wiggins, Hesjedal, Evans, Schleck, …) : de la patente difficulté d’être le plus fort deux années de suite

Bah tu sais, c’est un jour off au Giro … on regarde le profil de la course de mardi et on tergiverse : sprinter ou puncher, puncher ou sprinter? Depuis 5 jours que j’annonce Trofimov dans le top 5 et le Russe de la Katusha qui finit 12e, 13e, 15e … trop timide? Peur des podiums girls? Paolini te dis que c’est lui le boss? Bon allez Yuri, on parie sur toi une dernière fois pour l’étape 16 avant de lancer la serviette, donc Trofimov, Betancur et Rosa pour le podium.

Puis, jour de congé national au Québec + jour de repos au Giro = possibilité de devenir un plus métavélo. Nous parlions déjà de ces coureurs qui alternent les bonnes et les moins bonnes saisons dans notre texte du 16 mai dernier alors que deux ténors étaient surprenamment en difficulté, turbulences inattendues qui confondaient même notre Pierre Foglia, qui dans sa chronique quelques jours plus tôt déclarait : « Si vous me demandez, drette là, qui va gagner le Tour d’Italie en cours, je vous répondrais Ryder Hesjedal pour la seconde fois. » Et bien non, dans le temps de le dire Ryder comme Bradley n’étaient plus dans le portrait, victimes d’une mystérieuse infection pulmonaire qui semble, comble de synchronicité, faire d’autres victimes au même moment au Tour de Californie.

En fait, les deux ex-prétendants à la victoire au Giro ne font qu’obéir à ce que nous proposons comme étant une nouvelle loi du cyclisme pro : tu ne connaîtra pas deux excellentes années de suite. C’est comme s’il fallait brûler tellement fort pour dominer un grand tour qu’après il ne restait qu’un squelette de ce qu’était le coureur, au propre comme au figuré. On n’a qu’à regarder les Froome, Wiggins et Hesjedal, mais aussi les Schleck et dans une moindre mesure, Evans, pris sous le joug des watts par kilo, grappillant quelques watts comme ils le peuvent, arrivant à lâcher du poids alors qu’ils sont déjà d’une maigreur sidérante (Hesjedal disait qu’il avait réussi à perdre 3 kilos (!) par rapport à son poids de course 2012), ils sont tout entiers tendus au maximum et cette tension ne semble pouvoir être maintenue sur de longues périodes. On leur demande à la fois de disparaître (en terme de poids) et d’être le plus « dense » possible (en terme de puissance potentielle). À cela s’ajoute ces cocktails météo imprévus qui peuvent de manière encore plus aigue exposer leurs faiblesses.  Pour les spécialistes des courses d’un jour (et d’étapes), les Gilbert, Boonen et Cancellara, on observe également ces mouvements de balancier mais ceux-ci nous paraissent déjà moins violent, plus à l’intérieur de ce à quoi on pourrait s’attendre en termes de haut et de bas chez un athlète de calibre international.

C. Froome en Romandie
C. Froome au Tour de Romandie

Les grands tours ont toujours été ainsi direz-vous? Peut-être, mais nous avons l’impression que nous sommes entré dans les derniers retranchements, dans quelque chose de radical. Comme si la voie du transport accrue d’oxygène permise par le  maintenant détectable combo epo/transfusion (qui de toute évidence, prenons le cas Armstrong, permettait un règne relativement long) avait été abandonnée au profit de « autre chose » (légal ou non, on ne le sait pas, nous observons, nous questionnons) qui brûle les coureurs.

Est-ce qu’après un an de performances moindres le cycliste peut vraiment revenir au firmament? Est-ce que Wiggins ou Hesjedal viendront mettre en déroute notre « loi » en gagnant le prochain Tour de France? Est-ce que nous sommes dans un délire paranoïaque? Peut-être, mais en attendant, et cela serait dû à des facteurs multiples parmi lesquels le possible dopage (mais aussi la (dé)motivation psychologique) se doit d’être pris en compte, nous proposons en toute humilité qu’une très bonne année dans un grand tour sera suivie par (au moins) une année « sans ».

4 commentaires
  1. Dans le sport il arrive que des sportifs exceptionnel aient les capacités pour dominer plusieurs années de rang mais ce n’est pas toujours le cas. On est peut etre simplement a une période ou il y a plusieurs trés bon coureur de niveau proches et ou aucun n’a les capacités d’écraser durablement la concurrence et tout rafler tout en maintenant un niveau d’entrainement et de motivation que ne le fasse pas « exploser en vol ».

    1. Il existe aussi une question de savoir. Il arrive que certaines équipes trouvent des nouvelles méthodes qui les avantages… (je sais tout le monde pense au dopage)… Mais de l’intérieur, les spécialistes savent très bien que la nutrition chez Sky est très différente et cela doit être juste une partie de l’équation.

      Mais c’est très vrai que généralement, un athlète peut dominer que sur une courte période à cause de plein de facteurs. D’ailleurs, en triathlon… généralement, on parle très souvent de trois ans. Gomez est une exception et les Brownlee sont bien partis pour faire la meme chose, pour les femmes, c’est très différent.

  2. Je sais que c’est un peu impressionniste comme écriture, mais la base c’est que j’ai un mauvais feeling à propos de ces mouvements de haut en bas et de bas en haut dans la forme des coureurs.

    La comparaison avec les autres sports n’est pas évidente à faire mais oui c’est peut-être un moment normal dans un cycle, et oui les petits avantages permis par les moyens financiers plus grands et une certaine intelligence (nutrition, récup’, aéro, etc.) peuvent expliquer en partie pourquoi certaines équipes ont un « edge » …

    et merci pour les bon mots Paul, c’est apprécié