Édito > La génération à la fierté déplacée.

Ce week-end, le Wall Street Journal à publié un article avec un titre très évocateur soit The Slowest Génération – Younger Athletes Are Racing Less Concern about the time. Cet article rejoint certains des récents propos de Trimes.org puisque nous regrettons que l’élite est de plus plus négligée dans le sport amateur et que les athlètes ne choisissent plus leurs courses selon des critères sportifs mais selon des concepts comme le Color me ou encore les Spartan Races. Dans d’autres termes, les organisateurs d’événements sportifs sont de plus en plus axés à créer des nouvelles formules qui amuseront. Dans une certaine mesure, le plaisir est quelque chose d’essentiel. Il est donc difficile de s’opposer à ce phénomène surtout que cela permet d’avoir une population plus active.

La vrai problématique selon nous est que l’athlète s’inscrit à des courses sans se questionner sur les conséquences de ces choix. En fait, cela rejoint les mêmes questionnement face à nos choix face à notre consommation en général, suis-je dans la sur-consommation ou pas, ainsi de suite.

L’inscription à une course est donc un choix politique. Préférer une course parce qu’elle encourage l’élite, qu’elle redonne véritablement à la communauté, ou à su créer une tradition. Ce sont pour ces raisons que je choisis de courir le marathon de Toronto et non celui de Montréal.

Évidemment, en écrivant pour Trimes.org, je m’interroge plus sur la raison qui distingue une bonne organisation d’une mauvaise organisation. Il en demeure qu’il est serait faux de ma part de demander le même effort à tous puisque moi même, je ne serai pas aussi pointilleux sur d’autres aspects comme la provenance de mon vélo ou les conditions de travail de ceux qui ont fait mon gps…

Par ce fait, il est totalement logique d’avoir vue une prolifération d’événements se créer puisqu’il existe une demande. Il serait aussi naïf de décrier ces événements puisqu’ils permettent au gens d’être actifs. Dans une société ou l’obésité est de plus en plus un problème, je crois que l’attaque du Wall Street Journal sur les jeunes est totalement déplacés. Est-il plus important d’avoir une masse active et un sport de plus en plus accessible ou une élite bien implémentée.

Il est très difficile de répondre à cette question.

Donc avant de s’acharner sur eux parce qu’ils ne suivent pas nos croyances, il serait bon de se questionner avant tout pourquoi ces nouveaux athlètes/participants veulent la diversité/quantité avant la qualité et pourquoi vivre une expérience semble leur suffire.

En fait, ce qui est avant tout regrettable, c’est le fait que ces organisateurs sont devenus des groupes qui appartiennent à des fonds dont la doctrine est de faire des profits à tout prix. Ce week-end durant le marathon Rock’n Roll de Montréal, il fallait payer 5$ ou acheter pour 150$ en produit Brooks ou 200$ en produit Rock & Roll pour avoir une pass VIP afin d’avoir accès à des toilettes privées.

Sans oublier, que l’organisation n’avait rien prévu pour les coureurs à l’arrivée dans un temps assez froid… T’as pas ta passe VIP, bah attend longtemps dans le froid… Au passage, certains point de ravitaillement manquait d’eau sur le parcours… sachant que quelqu’un est mort il y a deux ans d’un coup de chaleur…

Entre temps, on va sortir une étude bidon pour faire croire que notre événement est incroyable opportunité d’affaire pour la ville. Étude réalisé par l’université de San Diego et commandé par l’organisateur de la course… qui estimait que 40 000 non locaux étaient présent pour la course… Chiffre assez fantasque lorsqu’on regarde les résultats.

Ces erreurs sont pourtant étonnantes venant de l’un des plus grands groupes. Il en demeure que ces histoires sont courantes et ne semblent choquer plus personne. En fait, il y a eu très peu de commentaires publiques négatifs. La presse s’est contentée de souligner que les 3 premiers sont québécois sans mentionner que Competitor avait retirer son programme d’aide à l’élite et que cette course n’était tout simplement pas aussi attractive que Toronto ou Vancouver pour un amateur compétitif en dehors du Québec. D’autant plus que tous les meilleurs coureurs canadiens courraient se week-end la le Zoo 10k à Toronto. Course de la série canadienne qui est très impliqué dans le développement de nos élites.

Et cela revient finalement à notre fameux choix politiques. On penserait que ces erreurs devraient se payer l’année prochaine et pourtant. Ce qui nous frappe, c’est avant tout le fait que dans cette offre qui n’arrête plus de grandir en diversité, il n’y a plus vraiment de sélection naturelle entre les vrais courses et par ce fait, certains organisateurs donnent plus d’importance à leur plan marketing sur facebook qu’a la qualité de leur course. Et même si le produit est mauvais, il y a une absence de sanction et il devient primordial de se questionner sur le pourquoi.

Des fois, on compare les courses à la musique. Peut-être que nous sommes devenu des vieux cons. Qu’on est des amateurs de musique classique, on veut entendre les meilleurs, on veut que tous les détails soient proches de la perfection. On aime ceux qui ont marqué leur temps. Et on regarde de haut cette jeunesse qui écoute cette musique facile qui ne passera pas le temps. Ils veulent la musique du moment. Ils veulent la musique et l’image qui va avec. Sentir l’appartenance à un groupe, à une époque.

Pour revenir au sport, on a en ce moment ce sentiment qu’il n’y a plus de sélection naturelle. On aimerait qu’un organisateur qui a réellement le coeur à la bonne place soit vraiment récompensé de ses efforts.

Avec cette diversité, on se rend compte que les événements dit « classiques » sont de plus en plus en danger. Surtout que l’élite s’est diluée avec le temps. Un coureur moyennement élite, peut s’amuser à choisir une course sans niveau, cela flattera son ego. Si on prend les 70.3 ou Ironman, nombreux recherchent une course avec un niveau plus faible afin d’augmenter ses chances de se qualifier.

Alors oui, durant les années, on a perdu ce sentiment de fierté. Et il n’est pas étonnant que les organisateurs retirent les incitations pour réunir l’élite. Alors qu’on devrait être fier de faire une course ou on peut se mesurer au meilleur et donc être incité à se dépasser.

Les organisateurs ont compris qu’en éliminant l’élite, il rendait le sport plus accessible et par ce fait attirait ceux qui pensait le sport trop sélectif et demandant pour eux.

La fierté s’est donc déplacé au fil des temps puisque l’athlète moyen veut désormais finir sa course. Des événements comme le Spartan Race ont justement permis de faire abstraction de la notion du temps. L’expérience avant tout.

Et j’en reviens à la musique. Il faut accepter qu’il y a cette musique populaire avec ses personnages dans le faux. Il en demeure que même dans ce grand publique, certaines choses sont tout de même rassembleuses et de qualité.

Il en demeure que c’est à nous de récompenser les organisations qui partagent nos valeurs et c’est à notre communauté de les aider et à eux de se distinguer. Et d’avoir notre fierté à la bonne place. Soit le dépassement réel de soi-même. Cette fameuse recherche de la limite impossible.

 

 

4 commentaires
  1. Je partage ton point de vue, mais en même temps les épreuves « phares » ou celles qui respectent la philosophie d’antan ne sont pas désertées pour autant. Les spartan/color me/mud day ça reste encore marginal et très axé sur une population qui a découvert le running il y a peu et qui cherche aussi à se prouver des choses en se sentant exister sous les barbelés 😀

    Ou alors, tu peux également faire ces courses tout simplement pour t’éclater..

    Pour les gros labels en course à pied ou en tri, tu payes une orga sans faille… je dis pas qu’on trouvera pas des orgas amateurs à petits prix mais bon chacun est libre de s’inscrire aux épreuves qu’il souhaite non ? Pour avoir testé plusieurs formats et plusieurs orgas, le plaisir a été présent quasiment à chaque rendez-vous, mais le plaisir était différent.. tu ne vas pas chercher la meme chose sur un trail à 15e que sur un 70.3 à aix par exemple 🙂

    Très bon article cela dit !

    1. Salut HiiHuu, en fait, et cela deviendra une problématique pour trimes, les réalités entre la france et le Québec sont souvent très différentes.

      Un exemple parfait, ici, on a vu des courses disparaitres parce qu’elles étaient jugés trop difficiles et donc pas assez grand publique.

      Mooseman était une course qui était indépendante et sold out. Lorsqu’elle a été rachetée par ironman, la qualité a baissé et elle a finalement disparue. Pourtant, c’était une classique pour les élites de la région.

      Une course à Muskoka qui était l’un des plus vieux triathlon au Canada a aussi disparu après son rachat.

      Mais oui, tu as tout a fait raison pour dire que faire un spartan doit être très amusant. La problématique est justement de cette fierté qui s’est déplacé en comparaison à l’idée qu’on se fait du sport.

  2. Ah oui effectivement, c’est moche de racheter des épreuves mythiques pour au final les voir disparaître.. je n’ai pas encore vu l’exemple en France mais bon…