Le groupe Competitor se décharge de l’élite (Rock’n Roll Marathon) – Lorsque le sport devient juste participatif.

Alors que La Presse a récemment relancé le débat sur le fait que malgré le boom de la course à pied dans nos contrées, certains organisateurs refusent de faire affilier leurs courses avec la fédération québécoise d’athlétisme. Avec des frais de sanction variant de 250 à 2500$ et sachant que le promoteur visé (Courir à Québec) avait 13 000 coureurs d’inscrits pour son récent marathon (et courses dérivées), il faut avant tout avouer que ces nouveaux coureurs ne se soucis guère de participer à un événement fédéré ou pas parce que généralement cela ne fait aucune différence pour eux.

On retombe donc dans une certaine problématique dont Trimes s’est beaucoup exprimé (et usé) récemment et il y a clairement une radicalisation des deux écoles de pensées. Ceux qui acceptent que le sport devienne une business et ceux qui le refusent.

On doit d’ailleurs l’avouer que ces grands groupes mettent sur pied les événements les plus importants puisque les investissements sont devenus trop importants. On est malheureusement rendu à un niveau ou des clubs ou encore des passionnés ne peuvent plus rivaliser avec ses organisations qui maitrisent totalement les dernières tendances en matière de mercatique et qui savent cultiver la fameuse complaisance des médias spécialisés.

Il serait faux de croire que nous condamnons une organisation qui est lucrative. Ce que nous condamnons, ce sont tous ces choix qui semblent avant tout avoir été faits pour générer plus de profit et non pour l’amour du sport en redonnant ou en embrassant pleinement son rôle dans la société en s’assurant de faire des événements populaires et donc accessibles.

Ironiquement, certains ne s’en cachent plus. La direction du marathon des deux-rives (Québec) s’est défendu de sa non-affiliation à la fédération et donc de sa non-participation afin d’indirectement au financement de la relève par le fait que les courses étaient avant destinées aux participatifs.

Est-ce une nouvelle tendance dont les organisateurs n’ont plus peurs de s’afficher? On a tendance à le croire puisque le groupe Competitor qui organise les courses de la série Rock’n’Roll vient tout simplement d’annuler son programme d’aide pour les élites. Cela permettait aux meilleurs d’obtenir des cachets pour se présenter à ces courses et de se faire payer leurs frais (hôtels, transport).

En faisant ce mouvement, ils disent clairement que ce choix n’affectera pas la popularité de leurs courses. Il est certain que les coureurs types connaissent les vraies élites en course à pied et l’utilisation des coureurs de l’Afrique de l’Est n’a pas eu un effet bénéfique pour attirer nos jeunes

Cette annonce est assez brutale puisque CGI qu’il prend effet tout de suite. De nombreux pros qui devaient participer au demi de Philadelphie afin de préparer les grands marathons américains comme Chicago ou New-York viennent d’apprendre qu’ils viennent de perdre tous leurs avantages d’être des élites.

Des grands athlètes comme Keflizighi, Deena Kastor, Shalane Flanagan ou encore Kara Goucher étaient des réguliers sur ce circuit de 30 courses majeur aux États-Unis et qui a récemment commencé une expansion planétaire.

Tout cela met donc terme à une longue tradition vantant la vitesse et l’excellence dans la scène nord-américaine. Ces courses étaient des plateformes à tous ces jeunes qui sortent de l’université afin de pouvoir continuer à trouver des courses compétitives et d’avoir un environnement stimulant dans leur recherche perpétuelle à l’excellence.

 

À vous de faire votre idée sur cette décision, mais le programme représentait 450 000$ par an. Tout cela réparti sur 500 000 participants par an. Ironiquement, le fondateur de cette série qui était anciennement appelée Élite Racing et dont son émergence s’était avant tout basé sur le fait que les élites se présentaient à ces courses et se distinguaient donc des courses locales avait récemment « pitché » pour créer une série de 6 semi-marathons par an avec un support de web-diffusion.

Malheureusement pour lui, le groupe compétitor a été racheté cette année pour 220 millions par le fonds d’investissement Calera Capital. Il a d’ailleurs échappé à ASO (Tour de France, L’Équipe) pour peu.

On peut donc attribuer cette nouvelle direction à ce rachat. Il en demeure que Trimes s’interrogeait si ces courses en endurance développaient avant tout une élite sociale et non une élite sportive. Ce dernier chapitre semble nous donner raison.

On vous parlait justement d’une culture qui est souvent très différentes en fonction des pays. Competitor gardera justement son programme pour les élites en Europe.

Et le marathon de Montréal qui a justement été racheté par ce que groupe l’année dernière? Il est difficile de savoir si les coupures seront effectuées sur cette course qui avait justement redonné 80 000$ à la fédération en 2012. Il venait même de créer un programme pour inciter les meilleurs coureurs québécois à finalement ajouter cette course à leur calendrier.

Tout cela est donc à suivre surtout que chez Trimes.org on est de plus en plus cynique fait à ce phénomène puisque si les participatifs ne s’identifient pas dans l’élite et ne souhaitent pas affronter les meilleurs, pourquoi faire des courses?

Dans cette même logique, on peut aussi se questionner si c’est le devoir d’une corporation de financer l’élite.

 

1 commentaire
  1. Y aurait peut-être une petite solution assez simple à bien y penser.

    Faudrait que l’état participe à travers des programmes encourageant la tenue de « bonnes » épreuves.

    Par exemple. Dommage qu’on ait pas de TT sur le CGV. Mais pour produire ça, tu dois louer l’infrastructure. Y a pas grand monde qui peuvent se le permettre. S’il existait des programmes permettant d’utiliser gratuitement des infrastructures pour l’organisation d’événement, ou de recevoir de l’aide, ça pourrait permettre le maintien d’initiatives comme la défunte coupe Dix30.

    Le PQ est en pleine consultation en ce moment, pourquoi pas solliciter une audition. On a tous un député de compté. On sait jamais…