Trevor Delsaut se fait trimer.

Alors que nous sommes dans les annonces de nouvelles équipes ambitieuses en longue distance. La vie d’un pro n’est pas un long fleuve tranquille. Trevor Delsaut avait fait la manchette lors de sa performance en AG à Kona en 2010. Il est depuis passé pro et continue son apprentissage malgré les embuches comme l’arrêt de team TBB et sa chute en milieu de saison. Trimes a voulu en savoir plus sur cet athlète qui n’a pas dit son dernier mot.

En 2010, tu es devenu champion du monde à Kona en 8:40 (record amateur). Tu as logiquement décidé de passer pro, peux tu nous parler de ta motivation à faire le grand pas, as tu senti une certaine pression à changer de statut?

Il est vrai que les résultats de la saison 2010 : Top 10 All Categories à chaque participation, (Afrique du Sud, Autriche et Cozumel), premier amateur avec une certaine avance ne pouvait sur le plan sportif guère m’apporter de nouvelles et réelles satisfactions, sans parler de ma convaincante 22ème place à Kona.

J’ai pensé alors que j’étais à la fin d’un cycle.

Etant toujours en recherche de faire mieux, j’ai cherché un nouveau challenge en passant PRO.

Pas de pression particulière, j’avais quelques références sportives, simplement la découverte d’un monde, d’un esprit diffèrent.

Depuis ton passage en pro, comment vois tu la scène groupe d’âge?

Depuis que je suis chez les PRO, lorsque je vois les groupes d’âge, je me revois lors de mes débuts : c’est à dire de réels passionnés qui pensent, s’entrainent IM, mangent IM et dorment IM avec pour objectif d’aller au moins une fois à Hawaii.

C’est ce qui fait grandement le charme du triathlon longue distance.

Malheureusement, cette passion a un coût et la WTC en profite un peu trop…

Sur un plan sportif à l’évidence le niveau moyen des performances à fortement évolué.

Et faces aux nouvelles problématiques où certains ne préfèrent pas passer pro parce que les sponsors et par ce fait, on a du mal à relativiser l’investissement que les pros font. Peux tu nous parler de ta transition d’amateur à pro, comment cela s’est fait en matière d’entrainement mais aussi de support.

La transition Amateur/Pro : 2011 année de découverte sans coach, au feeling, simplement quelques heures supplémentaires à nager, rouler et courir, mais bien loin des 30h00/semaine.

Pendant l’intersaison, j’ai eu la chance de joindre au téléphone François Chabaud qui m’a mis en contact avec des partenaires afin de m’aider pour la saison 2011.

Pour le support financier proprement dit, difficile en France actuellement de faire sa place car les budgets sont essentiellement orientés sur les équipes de D1/D2,… .

Après ne reste que les partenaires privés et/ou les relations, là tout dépend de l’importance ou la côte d’amour qu’on te donne, constat de première année : tu ne pèses pas lourd.

Pour la saison 2013, tu as rejoins Brett Sutton, peux tu nous expliquer comme tu es venu à lui?

J’avais à l’époque le sentiment de tourner en rond et surtout de ne pas progresser. En clair il me fallait une rupture brutale.

J’ai donc pris la décision de contacter Brett après l’IM de Zurich en juillet 2012.

Un rendez-vous a été pris. C’est après ce premier entretien concluant, suivi de 4 jours de « bootcamp » dans les Alpes Suisses à Leysin que mon intégration au sein du TBB a été acceptée.

Retour à Nice pour un déménagement et 3 semaines plus tard retour à Leysin pour me lancer dans le pari Sutton.

Qu’elle était la réaction de ton entourage quand tu as emis ce souhait ?

À vrai dire je n’avais pas informé mon entourage, donc une totale surprise.

Concernant les premières réactions après ma décision étaient extrêmement contrastées « Attention à toi ! », « Super ! ». Dans ce cas, seule certitude, la conviction d’avoir choisi la meilleure solution.

Chez les trop-connaisseurs, on a souvent l’impression qu’a cause du passé de Sutton, en acceptant sa gouvernance, ces triathlètes font un pact avec le diable, peux tu nous eclairer sur lui puisque ses athlètes ont généralement un jugement très different. On imagine que les entrainements sous sutton sont tres attypiques, peux tu nous en parler?

Brett est vraiment un super coach avec qui j’ai énormément appris sportivement et personnellement.

Le regard extérieur et ce qu’on vit à l’intérieur du Team Sutton est très contrasté, mais vraiment tout reste une question de point de vu et d’objectif personnel. Ce qui est certain c’est que les résultats de ses athlètes sont le meilleur gage de sa compétence.

Quand on est accepté dans le « Club » c’est en toute connaissance des efforts à réaliser pour être The Best you can Be (TBB).

Le boulot remplace l’égo !!! Par contre, il est évident que l’exigence est l’excellence. Où tu as le niveau ou ça casse.

Pour les entrainements, il n’y a rien d’extraordinaire ou atypique seulement une super gestion des allures.

Un élément de la réussite qui n’est malheureusement jamais évoqué, ce sont les entrainements collectifs auxquels participent des triathlètes du Top, une réelle et saine dynamique de groupe.

Parlons de 2013, tu as été victime d’une chute au Bresil et cela t’a ralenti pour le reste de la saison. Qu’elles sont tes conclusions pour cette année?

C’est vrai que le Brésil est pour moi un très mauvais souvenir. Mon accident m’a secoué et a stoppé net la dynamique d’un début de saison prometteur avec mon premier podium à Los Cabos suivi d’un bon 70.3 à Galveston 3 semaines après.

Avec le recul, 2013, compte tenu des séquelles de mon traumatisme n’a pas été catastrophique, en poussant, 2013 est même ma meilleure saison niveau résultats avec une place de 2e à l’IM de Los Cabos derrière Timo Bracht, avec le meilleur temps en CàP et ma 2e place aux Championnat d’Europe Longue Distance à Vichy où je note un mieux en natation et en vélo.

Un seul regret, l’IM de Cozumel, avec un DNF. Toutefois à relativiser dans la mesure où je ne m’étais pas fixé d’objectifs, hors à encaisser les séances de Brett pour progresser dans les 3 disciplines.

J’imagine que tu as l’impression d’être en constante progression, est-ce que Sutton voyait un plan à long terme avec toi?

Brett avait un plan sur 3 ans pour que je devienne un tueur selon son expression, mais le Team TBB ayant malheureusement implosé les 2 prochaines seront sans lui…

Comment as-tu vécu tout cela?

Je l’ai appris 3 jours avant l’IM de Floride par un mail d’Alex BOK le manageur de l’équipe. Ca m’a secoué car je ne m’y attendais pas du tout, d’autant que j’avais vu Brett 4 jours auparavant.

Sentiment d’être abandonné, la vie continue, le triathlon avec ou sans toi ?

Aucune réponse, je finis l’année et ensuite j’aviserai.

On imagine que tu dois repartir de presque zéro désormais, peux tu nous parler d’ou tu en es en ce moment, je crois que tu souhaites rester à Cozumel et que tu cherches un nouveau coach/groupe. As-tu l’impression de t’être isolé en partant loin de la France?

Nous avons décidé avec Anne de rester à Cozumel, les conditions sont idéales pour préparer le début de saison. Par ailleurs nombre de compétitions sont organisées au Mexique et sur le continent américain et non négligeable nous aimons beaucoup cette ile.

Après pour les sponsors, c’est très compliqué avec ce qui c’est passé avec Brett et le TBB.

Quelques pistes sérieuses devraient trouver une issue favorable, croisons les doigts. Par ailleurs, ce n’est plus un scoop, nous serons accueillis par le club de Monaco emmené par le dynamique Herve BANTI qui est motivé pour faire de belles choses sur le longue distance.

Nous sommes sincèrement heureux de contribuer à ce projet.

Actuellement, je ne suis pas en recherche de coach, j’ai énormément appris de Brett, à moi de mettre en application. Par ailleurs, je sais que je dois beaucoup progresser en natation.

Anne avec un œil critique et ses conseils m’apportera ce qui m’a toujours fait défaut un entrainement personnalisé.

Je ne me sens pas isolé, les présences d’Anne et d’une communauté de français sympa, mes progrès en espagnol, l’internet, me font oublier les 10h d’avion qui me séparent de Paris.

Les pros en longue distance francais avaient l’habitude de faire des courses surtout dans l’hexagone, mais un gars comme Romain Guillaume et toi ont décidé de baser leurs saison en Amérique. Par ce fait, il est plus difficile d’être reconnu et suivi en France, non?

C’est sûr, mais avec ma signature au club de Monaco et ma participation à l’IM de Nice, je vais essayer de combler ce manque 😉 La reconnaissance passe aussi par les résultats, à moi d’être performant.

Peux-tu nous parler de 2014, quels sont tes grands objectifs? On imagine Kona?

Mon objectif est de retourner à Hawaii en 2014. Tout dépendra des 3 courses majeures de ma première partie de saison avec les IM de Los Cabos, de Lanzarote et de Nice.

Je suis confiant.

Mais en sport, il y a toujours une part d’incertitude et j’aviserai quand nécessaire pour fixer mes objectifs de fin d’année.

Comment abordes tu le fait que de nombreux Français ont Kona dans le viseur, on a vraiment l’impression de voir une nouvelle génération.

Plus on est de Français mieux ça sera.

Après mon objectif n’est pas de terminer premier français mais de monter un jour sur le podium.

Exact, il y a en France une nouvelle génération de tri sur le long qui fait parler d’elle, souhaitons simplement que les résultats trouvent un écho auprès de sponsors et qu’à l’image de certains pays un club français émerge pour donner les structures et appuis nécessaires aux triathlètes.

Pour suivre Trevor et Anne.

 

 

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